Le président lillois Olivier Létang et Paulo Fonseca, le 30 juin au centre d'entraînement de Luchin. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

« Le principe du football est de marquer au moins un but de plus que l’adversaire, peu importe le nombre de buts encaissés ». Souvent utilisée abusivement, cette citation de Johan Cruyff s’est vérifiée lors de la victoire de Lille contre Monaco dimanche dernier (4-3). La présence de Paulo Fonseca sur le banc de touche lillois n’est pas étrangère au retour du spectacle au stade Pierre-Mauroy, après le mandat mi-figue mi-raisin de Jocelyn Gourvennec.

Si les Dogues n’en sont pas encore au « football total » hollandais des années 1970, la patte du technicien portugais se voit dans les résultats (6ème, 22 points) et dans le jeu attractif proposé. Avant le déplacement du Losc à Lyon, dimanche 30 octobre, on peut néanmoins se demander si les principes offensifs de Paulo Fonseca peuvent être compatibles avec des exigences de résultats sportifs.

Dans les colonnes de L’Equipe, le 12 août dernier, Paulo Fonseca assurait qu’un entraîneur avait une « obligation » d’être ambitieux dans le jeu, parce que « le match c’est un spectacle, c’est du divertissement ». Un credo que le natif du Mozambique prêchait déjà quand il débutait dans le métier. « Il prônait déjà un jeu tourné vers l’offensive » se souvient Amaury Bischoff, qui a joué sous les ordres de Paulo Fonseca en deuxième division portugaise, au Desportivo Aves (2011-2012). « On jouait déjà dans son système de jeu en 4-5-1, qu’il utilise encore à Lille »

« C’est un entraîneur qui recherche en premier temps le beau football » valide Anthony da Silva dit Tony, qui l’a connu lors de l’épopée de Paços de Ferreira en 2012-2013, jusqu’à une qualification en Ligue des champions. « Il m’a ouvert les yeux et m’a permis de regarder le football différemment », s’enthousiasme l’ancien latéral franco-portugais, passé par le centre de formation du Paris-Saint-Germain ou le club roumain de Cluj. « Il a une vision globale au niveau de la structure de l’équipe, mais parvient à adapter chaque petit détail par rapport à la qualité individuelle de ses joueurs ».

« Il travaille et réfléchit beaucoup pour atteindre la perfection » acquiesce Amaury Bischoff, aujourd’hui à Colmar (National 2). « C’est quelqu’un de très minutieux qui aime que ses latéraux attaquent, que ses ailiers prennent les espaces dans le dos et qu’on réagisse tout de suite à la perte de balle », juge Tony. Avec 25 buts marqués et 21 buts encaissés en 12 matchs, le jeu de Paulo Fonseca est donc aussi dépendant des exploits de ses attaquants (David, Cabella, Bamba), que des prises de risque de son collectif. Un constat illustré à Monaco, où les erreurs individuelles des jeunes Lucas Chevalier (gardien) et Alexsandro (défenseur central), ont coûté deux buts au Losc. Des sautes de concentration qui ne pardonnent pas face aux gros. 

« Pourquoi je changerais des choses ? », lâchait Paulo Fonseca après la gifle reçue contre le PSG fin août (1-7). Refusant de renier ses principes offensifs, le Lusitanien a souvent connu des déconvenues contre les grosses équipes en Italie. En deux saisons à l’AS Roma (2019-2021), trois victoires sont à mettre à son crédit face à la Juventus Turin, l’AC Milan, l’Inter Milan et Naples cumulés, contre cinq matchs nuls et sept défaites. Des difficultés en haut du classement qui peuvent expliquer son modeste palmarès – Shakhtar Donetsk exclu – avec une Supercoupe du Portugal avec Porto en 2013, et une Coupe du Portugal avec Braga en 2016. 

« Il peut rectifier sa philosophie de jeu mais il ne va jamais la changer », estime Amaury Bischoff, quand Tony réclame du temps pour que son ancien coach « consolide son idée collective ». « Si ça a pêché contre Paris ou à Marseille, une fois que les joueurs auront absorbé toutes ses consignes et que lui-même se sera adapté à la rigueur de la Ligue 1, je ne doute pas que Lille se battra pour les cinq premières places du championnat », poursuit l’ancien entraîneur adjoint du Cameroun (2019-2022). 

« Je ne sais pas si il a l’effectif pour tenir sur la durée car son jeu exige beaucoup d’efforts », se demande Amaury Bischoff avant d’ajouter que « son groupe sera sans cesse derrière lui peu importe les résultats ». Pour celui qui a connu Thomas Schaaf au Werder Brême, Arsène Wenger à Arsenal ou André Villas-Boas à l’Académica de Coimbra, Paulo Fonseca restera un entraîneur à part.

« Je l’ai vu quand Lille a joué à Strasbourg il y a quinze jours. On a discuté de football pendant deux heures dans son hôtel », révèle-t-il. « C’est quelqu’un d’abordable, qui sait d’où il vient et qui n’oublie pas les petits joueurs. C’est ce qui lui donne une très bonne image ». À Lyon dimanche, les Lillois auront donc l’occasion de s’offrir le scalp d’une grosse écurie, sans transiger avec les idées et les valeurs transmises par Paulo Fonseca. 

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