L'une des blessures de Paul Pogba sur la dernière année, au mollet, a eu lieu contre Liverpool en Premier League, le 19 avril (OLI SCARFF / AFP)

Le 10 octobre 2021, la finale de la Ligue des nations remportée par l’équipe de France face à l’Espagne à Milan (2-1) consacrait une nouvelle fois Paul Pogba avec les Bleus. Déjà essentiel lors du titre acquis à la Coupe du monde 2018, le milieu de terrain l’est une nouvelle fois en Italie et oublie temporairement la déception de l’Euro 2021. Lors de cette compétition, lui avait été à la hauteur. Le patron des Bleus, le métronome de cette équipe, le phare dans la nuit.

Depuis un an, celui-ci s’est progressivement éteint jusqu’à l’officialisation de son forfait, lundi 31 octobre, pour la Coupe du monde au Qatar (20 novembre-18 décembre). Lorsqu’il remporte la Ligue des nations, Pogba voit dans l’équipe de France un refuge qui l’éloigne de son quotidien à Manchester United, de plus en plus morose. Comme un symbole, c’est avec les Bleus que la spirale infernale va débuter, le 8 novembre 2021.

À Clairefontaine, lors d’un entraînement aux frappes, Pogba se blesse au quadriceps sur une remise de son sélectionneur Didier Deschamps. Le milieu de 29 ans quitte le groupe France, rate les deux matchs contre le Kazakhstan et la Finlande, pour aller se soigner pendant trois longs mois. De retour début février, Pogba est présent pour les deux matchs amicaux des Bleus fin mars contre la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud. Mais l’éclaircie ne va pas durer.

À cette période, la Pioche occupe davantage le terrain médiatique que les pelouses de football. Le 16 mars, alors qu’il joue en Ligue des champions, il est victime d’un cambriolage dans sa maison de la banlieue de Manchester. Ses deux enfants sont présents au domicile au moment des faits. Sa situation contractuelle fait également le bonheur des tabloïds anglais : sous contrat jusqu’en juin 2022 avec Manchester United, Pogba est libre de s’engager où il le souhaite à cette date.

« Il a reçu de nombreuses offres« , assure son agent Mino Raiola, qui décède le 30 avril. Dans le flou quant à son avenir, comme le révèlera quelques semaines plus tard le documentaire The Pogmentary, Paul Pogba perd alors un confident privilégié. Quelques jours avant le décès de son agent, le milieu de Manchester United a en plus rechuté. Une blessure au mollet contractée après dix minutes d’un match contre Liverpool, le 19 avril, date de son tout dernier match officiel. Une éternité.

Sa fin de saison, Pogba la passe sur le flanc, à se remettre de sa blessure et se questionner sur son avenir. Les matchs de l’équipe de France en Ligue des nations en juin, il les regarde à la télévision. Sans lui, les Bleus font pâle figure. Son absence est flagrante avec un milieu qui manque cruellement de créativité. Son entraîneur à Manchester, Ralf Rangnick, lui souhaite alors le meilleur pour la suite : « J’espère qu’il va trouver un club où il trouvera de la régularité sans se blesser. »

C’est également ce que souhaite par-dessus tout Pogba en officialisant le 11 juillet son retour à la Juventus, club dans lequel il a éclos au plus haut niveau entre 2012 et 2016. Le milieu déchante rapidement. Fin juillet, une lésion au ménisque droit entame sa préparation physique pour la saison à venir. La Juventus souhaite qu’il se fasse opérer pour ne plus avoir affaire à ce problème. Mais face aux délais de récupération qui pourraient remettre en question sa présence à la Coupe du monde, la Pioche écarte cette hypothèse.

Pogba sera finalement contraint de passer sur le billard le 5 septembre. Sa deuxième séance d’entraînement avec la Juventus n’a pas été convaincante. Le milieu est gêné par une douleur au genou droit et doit s’y résigner : une course contre-la-montre vient de débuter, pour espérer figurer dans la liste de Didier Deschamps le mercredi 9 novembre. Entre-temps, c’est sur le terrain judiciaire que Pogba a fait son entrée.

Le milieu de terrain a porté plainte contre certains anciens proches et son frère, Mathias Pogba, pour tentative d’extorsion. L’affaire est actuellement dans les mains de la justice. La Pioche, qui affirme avoir été séquestré avant le rassemblement de l’équipe de France au mois de mars, ne semble pourtant pas perturbé par son opération et ses problèmes extrasportifs.

« Mentalement, ça va, malgré tous les soucis et les autres problèmes. (…) On va récupérer et revenir très vite« , affirme Pogba dans une vidéo le 6 septembre, au lendemain de son opération. Quelques jours plus tard, Didier Deschamps lance un message clairement destiné à son milieu de terrain : « Je ne partirai pas (à la Coupe du monde, ndlr) avec un joueur, quel qu’il soit, qui ne soit pas apte physiquement pour le premier match.« 

Pourtant, le sélectionneur s’était risqué, le 17 octobre lors de la cérémonie de remise du Ballon d’Or, à donner des nouvelles rassurantes de la Pioche : « Pogba va bien, son programme se déroule bien. L’important est qu’il soit guéri, et je pense qu’il le sera. » La liste du 9 novembre, Pogba y croit alors de plus en plus et le milieu de terrain semble en avance sur les temps de passage de sa rééducation.

Tout a finalement volé en éclats ce lundi. Son avocate Rafaela Pimenta, puis la Juventus, ont annoncé que le milieu devait poursuivre sa phase de récupération. Comme N’Golo Kanté, autre maillon essentiel du titre de champion du monde acquis en 2018, Pogba ne défendra pas son titre au Qatar. Deschamps va devoir se creuser la tête pour trouver une solution face au vide que laisse la Pioche au milieu de terrain. Pour Pogba, les galères continuent.

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