Un patient souffrant de problèmes respiratoires et de suffocation arrive pour être soigné à l'hôpital Sheikh Zayed à Bagdad, la capitale irakienne, le 16 mai 2022, au milieu d'une forte tempête de poussière.


Cette augmentation de fréquence, qui cause des questions de santé publique, est notamment due à la crise climatique.

Des images dignes de scènes de films apocalyptiques. Depuis le début du mois d’avril, les habitants de nombreuses régions du Moyen-Orient ont l’habitude de se réveiller régulièrement sous un ciel de plomb orange et une épaisse couche de brume sèche.

Au cours des deux derniers mois, plus de dix tempêtes de poussière et de sable ont touché la région. La plus récente a notamment affecté la Syrie ce jeudi, enveloppant la province d’Idlib d’un nuage orange.

Au Moyen-Orient, ce type d’événements météorologiques intervient généralement à la fin du printemps et en été, notamment dans les zones proches de terres arides ou semi-arides. Toutefois, cette année est particulière. Les tempêtes sont bien plus fréquentes, plus tôt dans l’année et s’étendent sur une zone beaucoup plus étendue.

10.000 passages à l’hôpital

Et le phénomène inquiète. En Irak, un des pays les plus touchés, les deux dernières tempêtes ont entraîné le passage à l’hôpital de près de 10.000 personnes. Selon les informations de The Guardian, elles ont fait au moins un mort dans ce pays et trois en Syrie.

« Les poussières aéroportées représentent une sérieuse menace pour la santé », met en garde l’Organisation météorologique mondiale, institution spécialisée de l’ONU.

Un patient souffrant de problèmes respiratoires et de suffocation arrive pour être soigné à l'hôpital Sheikh Zayed à Bagdad, la capitale irakienne, le 16 mai 2022, au milieu d'une forte tempête de poussière.
Un patient souffrant de problèmes respiratoires et de suffocation arrive pour être soigné à l’hôpital Sheikh Zayed à Bagdad, la capitale irakienne, le 16 mai 2022, au milieu d’une forte tempête de poussière. © Sabah ARAR / AFP

Les brumes de sables sont composées de particules pouvant pénétrer dans l’appareil respiratoire mais également poser des problèmes cardiovasculaires. En outre, les tempêtes peuvent transporter des polluants nocifs. Les personnes les plus à risque sont les plus âgés, les enfants et les personnes souffrant d’insuffisances cardiaques ou respiratoires.

Une région paralysée

À plusieurs reprises, les autorités irakiennes ont été contraintes de fermer les écoles et toutes les activités non-essentielles dans certaines provinces et ont même décrété l’état d’urgence le 16 mai dernier à cause d’une nouvelle tempête. Dans les États du Golfe, les vols ont été interrompus au Koweït, et l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont émis des alertes aux tempêtes de poussière.

En plus des problèmes de santé, ces tempêtes affectent également le rendement des cultures, peuvent entraîner la baisse de valeur de certains biens ou encore provoquer des déplacements de population. Selon l’ONU, elles coûtent 13 milliards de dollars (plus de 12 milliards d’euros) par an à l’économie de la région.

Réchauffement climatique et activités humaines en cause

Pour déclencher une tempête, il faut qu’un mouvement des masses d’air se produise dans une zone aride, avec peu de végétation et sujette à l’érosion des sols, et où il y a peu de relief, ce qui bloquerait le déplacement du sable et de la poussière.

Cette photo prise le 23 mai 2022 montre une vue aérienne d'une énorme tempête de poussière qui progresse dans la ville de Koweït au-dessus du campus de l'université de Koweït.
Cette photo prise le 23 mai 2022 montre une vue aérienne d’une énorme tempête de poussière qui progresse dans la ville de Koweït au-dessus du campus de l’université de Koweït. © YASSER AL-ZAYYAT / AFP

En revanche, en raison du dérèglement climatique et des effets des activités humaines sur l’environnement, les sols de ces régions sèches se dégradent. C’est la désertification. Par conséquent, il y a de plus fortes probabilités pour qu’une tempête de sable se déclenche car les zones désertiques se multiplient et grandissent.

À cela s’ajoute également de plus en plus de constructions bétonnées et une mauvaise gestion de l’eau dans une région déjà aride, avec de nombreux contentieux. Al-Jazeera pointe notamment du doigt l’endiguement du Tigre et de l’Euphrate par la construction de barrages en Turquie qui contribuerait à la désertification en Irak, où les ressources en eau ont diminué de 50 % depuis 2021.

Vers une multiplication du phénomène

La région se trouve donc dans la spirale des tempêtes de sable. Depuis mars, on en décompte une presque chaque semaine. Mohammed Mahmoud, directeur du programme sur le climat et l’eau à l’Institut du Moyen-Orient, prévient dans The Guardian que ces événements autrefois rares ne pourront que devenir plus fréquents, car la crise climatique accroît l’aridité et réchauffe la région déjà sèche, tout en modifiant les schémas météorologiques pour créer davantage de tempêtes. Et ce, à très court terme.

En mai, Issa al-Fayyad, directeur général au ministère de l’environnement irakien, a déclaré que son pays était aujourd’hui confronté à une moyenne de 272 tempêtes de sable par an. Il prévoit que ce chiffre passera la barre des 300 jours de poussière par an d’ici 2050, à cause du changement climatique.

De la même manière, Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, a subi des tempêtes de poussière pendant plus de 35 jours au cours des quatre premiers mois de 2022, tandis que le nombre le plus élevé de jours avec des tempêtes de poussière au cours des quatre dernières années était de 48 jours en 2019, selon la Commission royale pour la ville de Riyad.



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