L’énurésie nocturne ou le pipi au lit : définition

 

La définition de l’énurésie est très précise pour les médecins. C’est une incontinence intermittente, uniquement pendant le sommeil, qui persiste après l’âge de cinq ans (âge où l’enfant est normalement propre).

 

Faits remarquables, il n’y a pas de période durable de continence supérieure à six mois ; et il n’y a pas d’autre signe pathologique associé, en particulier diurne. Elle est dite « énurésie nocturne primaire isolée (EnPI)» pour toutes ces raisons.

 

Risques et enjeux sanitaires de l’énurésie nocturne de l’enfant

 

 

Il existe peu de données fiables sur la fréquence de l’énurésie. Selon l’Association française d’Urologie (AFU, recommandations professionnelles sur l’énurésie, 2009) environ un enfant sur dix en souffre entre 5 et 10 ans.

 

Parmi eux, un sur cinq mouille son lit toutes les nuits (22%). La guérison spontanée avec l’avance en âge est d’environ 15% par an, ce qui explique que ce trouble soit encore présent chez 2% des jeunes majeurs. Selon Haljmas et coll. (J Urol 2004) le risque qu’un enfant énurétique (sans traitement) le reste à l’âge adulte est de 3%.

Les garçons sont plus souvent touchés que les filles.

L’énurésie nocturne est présente chez 20% des enfants souffrant de trouble d’un déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ; et 10% des enfants énurétiques souffrent aussi de TDAH.

 

L’énurésie a fréquemment des retombées psychologiques pour l’enfant (culpabilité, honte) et pour la famille. C’est un handicap réel à la socialisation : colonie de vacances, classes de neige, séjour chez des amis ou dans la famille élargie…

 

Causes de l’énurésie

 

On distingue deux grandes catégories d’énurésie.

1- L’énurésie avec polyurie, c’est à dire avec une grande quantité d’urines. Elle est liée à la quantité de boissons avant le coucher, à la régulation perturbée de l’hormone antidiurétique secrétée pendant le sommeil, ainsi qu’à des troubles de l’organisation neurologique, typiquement immature. L’immaturité vésicale se caractérise par des contractions non contrôlées, comme chez les nourrissons. Dans ce cas, la meilleure répartition des boissons, le bilan de la maturité neurologique et la compensation des imperfections de l’hormone antidiurétique donnent de bons résultats.

 

2- L’énurésie due à une vessie trop petite et/ou hyperréactive. Dans ce cas, le calendrier mictionnel est révélateur du trouble et le traitement sera différent.

 

Avoir un seuil d’éveil trop élevé durant la nuit (ne permettant pas d’aller aux toilettes avant la fuite) relève de l’immaturité neurologique et ne doit pas être considéré comme un trouble du sommeil. Et en aucun cas l’énurésie nocturne primaire isolée n’est à mettre au compte des maladies psychiatriques. Même si des circonstances psychologiques évidentes retentissent sur son évolution et son pronostic.

 

Attention : l’énurésie peut être liée à la constipation, ou à une infection urinaire, surtout quand un enfant qui n’était plus énurétique le redevient soudainement. Les petites filles sont plus touchées pour des raisons anatomiques, car leur urètre étant plus court, les germes remontent plus facilement vers la vessie.

 

Symptômes de l’énurésie

 

En cas d’énurésie nocturne primaire isolée (ENPI), l’enfant n’a jamais été propre pendant son sommeil, alors qu’il a acquis la continence urinaire de jour à un âge normal (entre 20 et 30 mois). En cas de signes diurnes associés (fuites, besoins impérieux, envies très fréquentes…), il s’agit d’une immaturité vésicale.

 

On parle d’énurésie secondaire lorsqu’il y a une récidive après au moins six mois de propreté. Les facteurs favorisants à écarter sont l’infection urinaire et la constipation. Des raisons psychologiques ou familiales peuvent être en cause : divorce, arrivée d’un petit frère, brutalités scolaires…

 

L’anxiété entraîne une perte d’efficacité des systèmes cérébraux de contrôle, qui ne sont pas bien installés. C’est un signal d’alarme qui nécessite une enquête bienveillante, tant pour l’enfant que pour ses parents.

 

Enurésie, Prévention

Comment prévenir et limiter l’énurésie ?

 

Les règles d’hygiène et la tenue du calendrier mictionnel permettent de corriger environ 20% des énurésies.

 

Boire normalement tout au long de la journée (surtout le matin), mais le moins possible après 18 h. L’AFU (2009) recommande de privilégier les eaux de boisson peu minéralisées, et de supprimer en fin de journée les boissons sucrées et les boissons gazeuses, ainsi que les aliments très salés. Limiter aussi le soir l’apport calcique en modérant les apports de  laitage.

 

– Faire 5 à 6 fois pipi dans la journée au moins (dont le lever et le coucher), aller aux toilettes dès qu’on en ressent le besoin, et laisser couler le jet d’urine librement sans pousser.

 

Lors des fuites on peut impliquer l’enfant sans le culpabiliser, en lui demandant par exemple d’aider à changer les draps. On peut le motiver aux règles de d’hygiène urinaire en lui rappelant que s’il ne fait plus pipi au lit, il pourra dormir chez un copain ou partir en classe de neige.

 

La prise en charge psychologique peut être nécessaire.

Aucun traitement alternatif n’a fait à ce jour la preuve de son efficacité statistique : hypnose, acupuncture, homéopathie, chiropraxie… (recommandations de l’AFU, 2009).

 

Enurésie, Préparer sa consultation

 

À quel moment consulter ?

 

Il est inutile de consulter avant l’âge de 5 ans (6 ans pour les garçons) sauf lors d’une énurésie secondaire après une période de propreté.

Ensuite, lorsque l’énurésie persiste malgré l’adoption de règles d’hygiène simples (voir ci-dessous), il est conseillé de consulter son médecin traitant.

 

Comment préparer la consultation ?

 

Avant de voir le médecin, il est utile de remplir pendant 48 heures un « calendrier (carnet) mictionnel » précisant bien les nuits « sèches » et les nuits « mouillées » ainsi que les mictions et les fuites dans la journée. Surtout avec les horaires et les circonstances de survenue (grande émotion ou dispute, par exemple).

 

Que fait le médecin ?

 

Le médecin analyse les données fournies par le calendrier mictionnel et procède à un examen complet, en particulier neurologique. Il ne pratique pas d’examens complémentaires, sauf en cas d’infection urinaire suspectée.

Il peut choisir d’orienter l’enfant vers un urologue si la situation est très anxiogène pour la famille et qu’un référent supplémentaire lui paraît nécessaire, ou bien si l’énurésie est sévère (trois nuits mouillées et plus par semaine selon les recommandations professionnelles de l’AFU, 2009).

 

Chez l’enfant, motivé et souffrant d’un excès d’urines nocturnes, il propose des règles d’hygiène. C’est seulement quand ces règles sont insuffisantes chez un enfant  de 6 ans et plus qu’il propose un traitement médicamenteux, comme l’analogue de l’hormone antidiurétique : la desmopressine.

Il est aussi possible de recourir aux systèmes d’alarme (pipi-stop) qui réveille l’enfant quand la fuite commence ; ils sont efficaces dans 60 à 80% des cas à condition que toute la famille soit impliquée durablement (trois mois d’utilisation au moins) avec un suivi comportemental.

 

Si l’enfant a aussi des fuites le jour et qu’on s’oriente vers une vessie trop petite et hyperréactive, il est possible d’agir sur l’immaturité vésicale avec l’oxybutinine. Mais seulement quand l’hygiène de vie et les moyens ont échoué. Toute autre prescription médicamenteuse relève d’une prise en charge spécialisée urologique.

Enfin, il faut dédramatiser la situation infamante avec l’enfant et ses parents pour éviter le repli social : dormir chez les copains et aller en colo doivent être possible. Il ne faut pas renoncer à la consultation du psychologue parce que « c’est rien du tout ». Ce « rien du tout » marque durablement l’enfant.

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à retenir

 


Informations sur l’énurésie

 

Il ne faut pas s’inquiéter d’une énurésie avant l’âge de cinq ans. Cette immaturité neurologique se résout souvent d’elle-même avec l’avance en âge : 2% seulement des enfants restent énurétiques à leur majorité. Divers moyens permettent d’accélérer une continence dans la norme. Il faut dédramatiser et parler avec le médecin, voire le psychologue, pour éviter la honte et le repli social, tant de l’enfant que de la famille.

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