Doze d'économie : Renault met des électrons dans ses moteurs - 16/11

Le salon de Pékin a ouvert ce jeudi. Des dizaines de nouveautés seront présentées, marque d’une automobile chinoise qui crée toujours plus vite.

Toujours plus vite. En quelques mots, devant un parterre d’industriels français de l’automobile réunis ce mardi à Pékin, Jingcheng Li, vice-président stratégie et développement Asie de l’équipementier Forvia, a résumé l’accélération du temps de conception des modèles automobiles, portée (entre autres) par les marques chinoises.

« 40 jours. C’est notre record pour monter et lancer une usine de zéro. Cette usine, c’était pour BYD. Il nous fallait deux ans en général auparavant. »

Des marques qui exposent depuis ce jeudi matin leurs nouveautés au salon de l’automobile de Pékin. Plus d’une trentaine de premières mondiales sont ainsi attendues.

BYD met un an à concevoir un nouveau modèle

Le groupe symbole de cette accélération, c’est BYD. Le numéro 1 du pays met ainsi un an à développer un nouveau modèle quand la moyenne tourne autour de deux ans et demi à trois ans, voire quatre ans dans la plupart des marques. Sortir la R5 chez Renault en trois ans (et gagner donc un an sur les pratiques traditionnelles du constructeur) a par exemple été vécu en interne comme une prouesse, réalisée au prix de profonds changements de fonctionnement.

Les marques prennent aussi soin de raccourcir les cycles de vie, soit le temps de commercialisation, des modèles: de trois à cinq ans, contre près de sept ans en moyenne dans le secteur. De quoi renouveler toujours plus vite les gammes. Mais pourquoi accélérer autant ?

« Il y a tellement de marques sur le marché, comment peut-on se démarquer? Il faut se renouveler rapidement », estime Jenny Wang, directrice de la zone Chine pour les équipements automobiles chez Michelin.

L’arrivée de l’électrique et de technologies toujours plus innovantes explique aussi cette accélération. Se renouveler plus vite permet d’introduire les dernières technologies, en constante évolution.

Développer les voitures « comme on développe un smartphone »

Beaucoup de nouvelles marques ne viennent pas non plus de l’automobile traditionnelle, ne fabriquaient pas de voitures essence ou diesel avant de faire des voitures électriques. Ils ont souvent plutôt été fondés par des ingénieurs de l’électronique, à la philosophie différente.

« Dans l’électronique, les évolutions se comptent en jours et non en année. Pensez à Xiaomi, ils ont décidé il y a trois ans de fabriquer une voiture, ils n’y connaissaient rien, ils la lancent maintenant et c’est un succès », poursuit Jenny Wang. 70.000 commandes pour la Xiaomi SU7 aurait déjà été enregistrées.

L’histoire financière : Xiaomi, 100 000 voitures commandées – 03/04

Passer du temps sur les capteurs, les composants électroniques, moins sur le « hardware », les matériaux, résume la philosophie de nombreuses marques chinoises avec une volonté de simplifier la conception. Ils développent les voitures « comme on développe un smartphone », confie un industriel français.

Renouveler « l’expérience » de la voiture

Cette accélération est aussi possible grâce à une certaine aisance financière. « Ils investissent énormément, en énergie avec des dizaines de milliers d’ingénieurs, comme en R&D », souligne Jenny Wang.

Un autre élément plus philosophique soutient aussi cette course effrénée, selon notre spécialiste: l’expérience. Plus qu’un objet ou un statut, certains clients recherchent dans une voiture une expérience. D’où un besoin de nouveauté constant. Faut-il alors craindre une obsolescence programmée des véhicules, non concernant la durabilité des pièces comme l’évoquait une association, mais parce qu’elles ne seront bientôt plus à la dernière mode?

Quoi qu’il en soit, sur le salon de Pékin, c’est une mode partagée qui domine: celle des SUV. En Chine, plus d’une voiture vendue sur deux est un SUV.

Pauline Ducamp

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