Le général de Gaulle, en voyage officiel aux Etat-Unis, traverse, le 22 avril 1960, debout dans une voiture aux côtés du président américain Dwight Eisenhower, une large avenue de Washington sous un arc de triomphe et une banderole de bienvenue au président de Gaulle.

Tous les chefs d’État français ont été reçus en grande pompe par Washington. BFMTV.com revient sur les moments marquants de ces visites, souvent très mises en scène.

Emmanuel Macron, qui entame pour la seconde fois depuis sa victoire en 2017 une visite d’État ce mercredi soir, met ses pas dans ceux de ses prédécesseurs. Tous les présidents français ont ainsi été reçu avec faste par les États-Unis dans des contextes géopolitiques parfois très tendus.

• De Gaulle sous les cotillons

Charles de Gaulle est accueilli à Washington avec tous les honneurs en 1960, très loin de sa visite 16 ans plus tôt en 1944, alors qu’il est le chef de la résistance française. « Il est décidé à instaurer la dictature en France », rapportera même Franklin Roosevelt à son fils, après leur rencontre. « Il n’y a pas d’homme en qui j’ai moins confiance ».

Le général de Gaulle, en voyage officiel aux Etat-Unis, traverse, le 22 avril 1960, debout dans une voiture aux côtés du président américain Dwight Eisenhower, une large avenue de Washington sous un arc de triomphe et une banderole de bienvenue au président de Gaulle.
Le général de Gaulle, en voyage officiel aux Etat-Unis, traverse, le 22 avril 1960, debout dans une voiture aux côtés du président américain Dwight Eisenhower, une large avenue de Washington sous un arc de triomphe et une banderole de bienvenue au président de Gaulle. © AFP

2 ans après sa victoire à la présidentielle, changement d’ambiance: il défile à bord d’une limousine décapotable dès sa descente de l’avion. Alors que la Guerre froide est dans tous les esprits, Charles de Gaulle veut insister sur le lien qui unit les deux pays.

De quoi lui permettre de préparer le sommet de Paris qui arrive quelques semaines plus tard pour réunir ceux qu’on appelle alors les « Quatre Grands » (France, États-Unis, URSS, Grande-Bretagne). Rencontre qui sera finalement annulée.

Preuve d’un certain enthousiasme du peuple américain: Charles de Gaulle défile à plusieurs reprises sous les confettis, les chutes de serpentins et les pages de bottin déchiré à New York, San Francisco et la Nouvelle-Orléans, bien plus nombreux que ceux lancés lors de la visite de Nikita Khrouchtchev, qui dirige alors les URSS, un an plus tard.

• Pompidou sur des œufs

La visite de Georges Pompidou en février 1970 commence sous de très mauvais auspices. « Lafayette: yes. Pompidou: no », peut-on lire sur des pancartes. Fin 1969, la France avait accepté de livrer une centaine d’avions de chasse Mirage à Mouammar Kadhafi, qui venait de prendre le pouvoir en Libye.

Cette transaction a été rendue publique un mois plus tard par les services secrets israéliens et a choqué la communauté juive américaine qui le fait donc bruyamment savoir. D’autant que la France a refusé à Israël, sous embargo militaire depuis la Guerre des Six jours, une vente de ces mêmes Mirage

Épisode méconnu: lors de son discours officiel à Chicago, Georges Pompidou, qui a créé un an plus tôt le ministère de l’Écologie, alerte sur les enjeux environementaux et appelle alors « à protéger la Terre » pour qu’elle « demeure habitable à l’homme ».

Georges Pompidou et Richard Nixon le 24 février 1970 à Washington
Georges Pompidou et Richard Nixon le 24 février 1970 à Washington © AFP

Épisode méconnu: lors de son discours officiel à Chicago, Georges Pompidou, qui a créé un an plus tôt le ministère de l’Écologie, alerte sur les enjeux environnementaux et appelle alors « à protéger la Terre » pour qu’elle « demeure habitable à l’homme ».

• Giscard d’Estaing, « compréhensible malgré l’accent »

À quelques jours seulement de l’ouverture de la ligne du Concorde entre Paris et Washington, Valéry Giscard d’Estaing atterrit à bord de l’avion de luxe qui relie désormais les deux pays en seulement 3h55.

Alors que les présidents français ont l’habitude de s’exprimer dans leur langue maternelle, le chef de l’État surprend la Maison Blanche en lançant lors de son discours d’accueil devant Gerald Ford: « and now if you allow me, I will be my own interpreter » (« et si vous le voulez bien, je serai mon propre interprète », en français).

Valéry Giscard d'Estaing et Gerald Ford à Washington le 18 mai 1976
Valéry Giscard d’Estaing et Gerald Ford à Washington le 18 mai 1976 © GABRIEL DUVAL / AFP

Devant le Congrès, il se paie même le luxe de discourir entièrement dans un anglais qualifié de « compréhensible malgré l’accent » par le Washington Post.

• François Mitterrand et sa rencontre avec Steve Jobs

3 ans après son élection en 1981, le président socialiste se rend à Washington et échange à plusieurs reprises avec Ronald Reagan, en insistant dans son discours devant le Congrès « sur les Américains et les Français, frères d’armes » qui ont « mêlé leur sang de Yorktown à Beyrouth ».

Ronald Reagan et François Mitterrand le 12 mars 1984 à la Maison-Blanche à Washington
Ronald Reagan et François Mitterrand le 12 mars 1984 à la Maison-Blanche à Washington © AFP

Un sujet n’est pas abordé entre les deux hommes: la question de la situation politique en Amérique du Sud, alors que Washington est soupçonné d’avoir organisé quelques années plus tôt un coup d’État au Chili, au grand dam des alliés communistes de François Mitterrand.

Le président se rend dans la foulée à San Francisco. En Californie, il rencontre Steve Jobs qui, à 29 ans, cherche alors à développer Apple avant de prononcer un long discours à Pittsburgh pour appeler au lancement d’une sorte de plan Marshall sur « les techniques de l’informatique ».

• Chirac et le fou rire de Clinton

Jacques Chirac a beau avoir traversé l’Atlantique 12 fois durant ses deux mandats, sa seule visite d’État a lieu au tout début de son septennat en 1996. Le président vise à mettre en scène sa très bonne entente avec Bill Clinton, multipliant les boutades lors de leur conférence de presse commune, jusqu’à créer un fou rire.

Son allocution devant le Congrès insiste sur l’aide au développement: « N’abandonnons pas à leur sort les pays les plus pauvres de notre planète, notamment les pays d’Afrique ».

Jacques Chirac et Bill Clinton le 2 février 1996 à Washington
Jacques Chirac et Bill Clinton le 2 février 1996 à Washington © GERARD FOUET/AFP

La bonne humeur que se manifestent les deux hommes pendant tout le déplacement de Jacques Chirac à Washington ne fait cependant pas oublier les tensions entre les deux pays autour de la réintégration au sein de la France au sein la structure militaire de l’Otan, tout comme son élargissement à l’Est de l’Europe.

• Nicolas Sarkozy et « la conquête de l’Ouest »

Nicolas Sarkozy est reçu officiellement en novembre 2007 à Washington, 3 mois après des vacances d’été houleuses dans le New Hampshire avec sa femme d’alors, Cécilia Sarkozy. Elle se paie alors de luxe de sécher un pique-nique familial avec le couple Bush.

Pour cette visite d’État, le but affiché est clair: consacrer les retrouvailles entre la France et les États-Unis. Jacques Chirac et Dominique de Villepin incarnaient avant l’élection du nouveau président le violent conflit qui avait opposé les deux pays en 2003 au moment de l’intervention américaine en Irak.

Le président sort donc le grand jeu devant le Congrès et offre une véritable déclaration d’amour aux Américains:

« Dans l’imaginaire de ma génération, il y a la conquête de l’Ouest et Hollywood. Il y a Elvis Presley, qu’on n’a peut-être pas l’habitude de citer dans ces murs, mais pour ma génération il est universel! ».

Geroge W. Bush et Nicolas Sarkozy en Virginie le 7 novembre 2007
Geroge W. Bush et Nicolas Sarkozy en Virginie le 7 novembre 2007 © MANDEL NGAN / AFP

De quoi lui permettre d’avoir une longue standing ovation. Il aura également profité de l’occasion pour afficher son soutien à la politique militaire américaine en Afghanistan, en qualifiant les États-Unis de « plus grande nation au monde ».

• François Hollande sans Congrès

François Hollande est accueilli en février 2014 par Barack Obama qui emmène son invité dans l’Air Force One pour une balade de deux heures à Monticello dans la résidence de Thomas Jefferson, son lointain prédécesseur, très francophile. Avant d’enchaîner sur une arrivée à la Maison Blanche, ponctuée de 21 coups de canon, d’hymnes nationaux et d’un passage en revue de troupes, suivi d’un dîner avec 300 invités sous une tente spécialement dressée dans les jardins.

Certains commentateurs voient alors dans ce faste une forme de « remerciement » d’Obama pour l’engagement de l’armée française au Mali ou en Centrafrique.

« Il n’aime guère se confier et encore moins exhiber ses sentiments », tancera des années plus tard François Hollande dans l’un de ses ouvrages.

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