les propos racistes du député RN sèment l'embarras à la veille du congrès

Les propos du député de Gironde Grégoire de Fournas à quelques heures du grand raout du parti qui intronisera son nouveau chef, font grincer des dents en interne. Ils mettent à mal la stratégie de dédiabolisation et de respectabilité de Marine Le Pen.

Une séquence politique qui arrive au pire moment pour le Rassemblement national. Après une interpellation jugée raciste de la part de l’un de ses députés Grégoire de Fournas, le parti de Marine Le Pen fait face aux critiques de ses opposants politiques. De quoi faire très mauvais effet la veille du congrès du parti qui devrait probablement introniser Jordan Bardella.

« Calomniez, calomniez. Il en restera toujours quelque chose », grince le député RN Thomas Ménagé auprès de BFMTV.com. Avant d’ajouter: « Bien sûr que ça nous salit en pleine dynamique ».

Des mots « maladroits »

L’élu du Loiret résume le sentiment sur une partie des bancs du mouvement, à 24 heures d’une grande messe à la Mutualité de Paris préparée depuis des semaines. Le groupe parlementaire est dans la tourmente depuis que l’un de ses siens a lancé dans l’hémicycle « qu’il retourne en Afrique » lors d’une question au gouvernement de l’insoumis Carlos Martens Bilongo.

Le député, noir, interpellait l’exécutif sur « le drame de l’immigration clandestine », en évoquant le sort de 234 migrants actuellement sur un bateau de SOS Méditerranée qui cherche un port pour accoster.

Malgré le soutien de Marine Le Pen et Jordan Bardella, les propos du parlementaire restent en travers de la gorge de plusieurs députés RN présents à ses côtés dans l’hémicycle. L’un pointe des mots « catastrophiques », un autre évoque une phrase « maladroite ».

« On ne peut pas dire des trucs comme ça »

Grégoire de Fournas, assure, lui de son côté que ses propos ont été déformés et explique avoir visé le « bateau » de migrants. Sans adresser d’excuses à son collègue, il s’est dit « navré de l’incompréhension » suscitée par ses propos dans un courriel.

« Quel que soit le contexte, on ne peut pas dire des trucs comme ça », a encore regretté un membre du parti.

C’est que la lourde sanction que risque ce député qui pourrait être exclu temporairement du Palais-Bourbon, fait très mauvais genre alors que le Rassemblement national tente de se notabiliser depuis l’arrivée de 89 députés au Palais-Bourbon en juin dernier. Le congrès de samedi, 11 ans après l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du RN, devait représenter le symbole de cette stratégie.

« Évidemment que ça arrive au pire moment »

À seulement 27 ans, le visage de Jordan Bardella, ultra-favori de cette compétition interne, incarne la ligne que l’ex-candidate à la présidentielle tente d’incarner ces dernières années. Son parti cherche à lisser son image en peaufinant une stratégie de dédiabolisation, entamée en 2011.

Avec un certain succès : Marine Le Pen est considérée comme la seconde personnalité préférée des Français, après l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, dans un sondage Elabe pour Les Échos.

« Évidemment que ça arrive au pire moment. Mais nous avons exprimé une opinion politique qui rappelle la politique migratoire que nous souhaitons mener », assume de son côté le député RN José Gonzales.

« Un manque d’humanité »

Le mouvement juge être parvenu ces derniers mois à se débarasser des soupçons de racisme qui lui collent à la peau depuis des années. Son cofondateur Jean-Marie Le Pen a, lui, de son côté été condamné plus de 25 fois pour apologie de crimes de guerre, provocations à la haine et à la discrimination, antisémitisme ou encore pour des injures publiques.

Pas question donc pour Marine Le Pen de mettre par terre le travail effectué sur son image à coup de selfies et de tournée sur les marchés pendant la dernière campagne présidentielle.

L’ancienne candidate juge également être parvenue à avoir franchi l’armure. Lors d’un meeting à Reims, en février dernier, elle avait ainsi parlé de son histoire familiale, « un peu particulière » et « des épreuves » qui ont jalonné sa vie, jouant ainsi la carte de la confidence et de la proximité avec les Français. Il ne faudrait pas que cette polémique puisse abîmer cette stratégie.

« On ne s’exprime pas comme ça au sujet d’êtres humains, surtout à l’Assemblée nationale », a regretté David Rachline, l’un des très proches de Marine Le Pen, en pointant « le manque d’humanité » des propos de Grégoire de Fournas.

« Une bonne grosse manipulation politique »

Son entourage veut également renvoyer dos-à-dos Renaissance et La France insoumise qui ont tous deux fait part de leur indignation – Gérald Darmanin a même jugé que « la question de la démission » du député incriminé « se posait » ce vendredi matin sur BFMTV.

« On a un d’un côté LFI qui joue la carte de l’agit-prop et de l’autre la macronie qui joue les vierges effarouchées. On est face à une bonne grosse manipulation politique pour nous salir la veille d’un grand évènement politique », juge Philippe Ballard, député et porte-parole du mouvement.

La défense du parti sera-t-elle suffisante alors qu’un proche de Marine Le Pen juge que le groupe RN a « fait un sans-faute » depuis son arrivée en force à l’Assemblée nationale ? Les images à la Mutualité, longtemps un haut lieu des meetings de la gauche, seront en tout cas probablement moins belles qu’espérées.

Marie-Pierre Bourgeois avec Loïc Besson

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