Thierry Hulot, président du Leem, PDG de Merck France - 16/05

Victimes de la crise budgétaire outre-Rhin, les aides à l’achat de véhicules électriques ont été supprimées par le ministère de l’Economie qui reconnaît une « situation regrettable ».

Le gouvernement allemand a décidé de mettre brusquement fin aux aides à l’achat d’une voiture électrique, une suppression pouvant porter un coup sévère à une industrie automobile allemande déjà à la peine pour faire face à la transition écologique, estimaient dimanche des experts et la presse spécialisée.

Les bonus à l’achat d’une voiture électrique sont victimes de la crise budgétaire consécutive au séisme financier déclenché en novembre par la Cour constitutionnelle allemande qui a annulé la réaffectation des crédits inutilisés pendant la pandémie à des investissements verts et au soutien à l’industrie. Le ministère de l’Economie a annoncé samedi que les demandes ne seraient plus acceptées après dimanche.

Un porte-parole du ministère a reconnu que cette suppression créait « une situation regrettable » pour les consommateurs qui espéraient pouvoir profiter du bonus à l’achat d’un véhicule électrique. Mais cette décision était nécessaire « car il n’y a plus assez d’argent disponible pour prendre en compte les demandes reçues après dimanche », a affirmé le porte-parole.

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Coup dur pour l’industrie

Selon l’analyste Ferdinand Dudenhoeffer du Centre de recherche sur l’Automobile, cette décision pourrait avoir des conséquences dramatiques. « La compétitivité des constructeurs (automobiles) sera à présent sévèrement mise à mal », a déclaré Ferdinand Dudenhoeffer au journal Rheinische Post.

Le journal économique Handelsblatt a averti que la suppression du bonus risquait de compromettre l’objectif de l’Allemagne de mettre sur les routes 15 millions de voitures électriques d’ici 2030. « Cet objectif était déjà considéré comme extrêmement irréaliste. Il semble à présent complètement illusoire », a estimé le journal. Un total de 10 milliards d’euros ont été alloués pour quelque 2,1 millions de véhicules électriques depuis 2016, selon le ministère de l’Economie.

Concurrence chinoise

Les fleurons de l’industrie automobile allemande affrontent avec difficulté la transition vers l’écomobilité dans le contexte d’une économie mondiale fléchissante et d’une faible demande. En outre les constructeurs allemands sont confrontés à la concurrence de leurs rivaux chinois, alors que la Chine est l’un de leurs principaux marchés. « Les Chinois accroissent massivement leur industrie automobile car ils ont des consommateurs. Nos constructeurs n’en ont plus », a estimé Ferdinand Dudenhoeffe.

La Cour constitutionnelle avait estimé en novembre que le gouvernement avait enfreint les règles budgétaires constitutionnelles en réaffectant des dépenses de 60 milliards d’euros prévues dans le cadre de la pandémie à la lutte contre le réchauffement climatique. La décision de la Cour constitutionnelle a creusé un énorme trou budgétaire et plongé la coalition du chancelier Olaf Scholz dans la tourmente.

Mercredi, le chancelier allemand et sa coalition sont parvenus à un accord de dernière minute pour résoudre, via des coupes dans les dépenses, le casse-tête budgétaire. La majorité gouvernementale a opté pour des baisses de dépenses publiques afin de combler un trou budgétaire de 17 milliards d’euros en 2024.

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