Le constructeur automobile japonais Daihatsu, filiale de Toyota, a pris la décision radicale mercredi de suspendre les livraisons de l’ensemble de ses modèles après qu’une enquête indépendante a identifié de nombreux faits de « falsification » de ses tests de sécurité.
C’est le constructeur Daihatsu lui-même qui a fait l’annonce. Il a admis avoir trafiqué entre avril et mai dernier des résultats des tests de collision de six de ses modèles. Une commission indépendante a alors été mise en place pour enquêter afin de « clarifier pleinement la nature des irrégularités et identifier leur cause profonde ». Selon son rapport rendu public mercredi, et qui a été remis au ministère japonais des Transports, l’enquête a identifié 174 irrégularités parmi 25 catégories de tests, dont les plus anciennes remontent à 1989.
Ces irrégularités concernent au total 64 modèles de véhicules – y compris des modèles qui ne sont plus produits -, dont des modèles fabriqués pour le compte de Toyota, Mazda et Subaru. Daihatsu a présenté ses « plus sincères excuses » à ses clients pour avoir « trahi leur confiance », et a décidé « de suspendre temporairement les livraisons de tous les modèles développés par Daihatsu et actuellement en production au Japon et à l’étranger ».
Les fautes de Daihatsu
Dans son rapport, le groupe d’experts indépendants impute les fautes de Daihatsu à des facteurs tels que « la pression extrême due à un calendrier de développement excessivement serré et rigide » et le manque d’expertise des dirigeants.
Le personnel chargé des essais de sécurité « était soumis à une forte pression pour les réussir » car « le nombre de véhicules d’essai disponibles était limité pour réduire les coûts », a détaillé le président de la commission d’enquête Makoto Kaiami lors d’une conférence de presse mercredi.
« L’état d’esprit qui régnait était qu’aucun échec ne serait pardonné », a-t-il ajouté.
Selon la chaîne de télévision publique NHK, le ministère japonais des Transports doit procéder jeudi à une inspection dans les locaux de Daihatsu pour tenter de confirmer les faits consignés dans le rapport.
« Extrême gravité »
Toyota a lui-même exprimé dans un communiqué séparé ses « sincères excuses pour les désagréments et les inquiétudes que cette situation a causé », et également annoncé suspendre la livraison des modèles affectés. Les contrôles ont pour but de vérifier « que les véhicules répondent à différentes normes afin que les clients puissent conduire leur véhicule en toute sérénité » et sont « une condition préalable essentielle pour opérer comme constructeur automobile », a encore estimé Toyota.
« L’extrême gravité » de « la négligence de Daihatsu dans le processus de certification a ébranlé les fondements même de l’entreprise en tant que constructeur automobile », a-t-il ajouté.
Daihatsu avait admis en avril dernier des falsifications des résultats des tests de collision (crash tests) sur quatre de ses modèles, concernant en tout 88.000 véhicules fabriqués en Thaïlande et en Malaisie en 2022 et 2023. Puis en mai, il avait annoncé cesser la production au Japon de deux modèles de véhicules hybrides en raison d' »irrégularités » similaires, dont celle du SUV Toyota Raize, fabriqué pour le compte de sa maison mère.
Daihatsu a produit plus de 1,7 million de véhicules dans le monde sur l’exercice 2022/23 terminé fin mars dernier, dont environ la moitié au Japon. Ce spécialiste des mini-véhicules très populaires au Japon appelés « kei cars », un marché dont il détient environ 30%, réalise l’essentiel de ses ventes dans l’archipel et en Asie du Sud-Est.
Fondée en 1907 pour fabriquer des moteurs à combustion interne, la société basée à Osaka (ouest du Japon) a lancé en 1931 son premier véhicule, à trois roues. Elle est passée en 1967 sous le contrôle de Toyota.
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