au moins 700 manifestants anti-bassines rassemblés dans la Vienne

Près de 200 forces de l’ordre étaient mobilisées en marge de ce rassemblement. Les manifestants s’opposent à la construction d’une cinquième réserve d’eau dédiée à l’irrigation agricole dans la région.

Ils dénoncent « l’accaparement de quelques-uns au détriment de tous les autres ». Plusieurs centaines de manifestants étaient rassemblés ce samedi 16 novembre à Saint-Sauvant, à la frontière des Deux-Sèvres et de la Vienne, pour protester contre la future construction d’une réserve de substitution d’eau destinée à l’agriculture. Cinq exploitants doivent y être raccordés, un polyculteur et quatre céréaliers.

Selon la préfecture de la Vienne, 700 manifestants étaient présents. Les manifestants revendiquent quant à eux un millier de participants, rapporte France Bleu Poitou. Du côté des forces de l’ordre, 200 agents dont 60 CRS étaient déployés sur place.

Une « bassine » de 300.000m³ d’eau

Le rassemblement, déposé en préfecture, était notamment organisé par la Confédération paysanne, le collectif Bassines non merci et Les Soulèvements de la Terre.

Après des premières prises de parole devant la mairie en début d’après-midi, le cortège a marché en direction du site où doit être construite cette « mégabassine », qui aura une capacité de plus de 300.000m³ d’eau, raconte Ouest-France. Il s’agira là de la cinquième réserve d’eau de la région sur les 16 prévues, après Mauzé-sur-le-Mignon, Priaires, Épannes et Sainte-Soline, qui avait été le terrain de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre en mars 2023.

Dans un communiqué ce samedi, la préfecture de la Vienne indique que parmi les manifestants se trouvaient « des individus connus des services de sécurité ». « Certains manifestants étaient cagoulés et équipés de bleus de travail, de casques et autres équipements de protection », écrit-elle.

Les militants vont construire un observatoire pour oiseaux

Le préfet affirme que des manifestants « se sont introduits et ont piétiné une parcelle agricole qui venait d’être semée en trèfle et en avoine, pour nourrir les animaux au printemps. Les manifestants ont semé des graines sur une partie de la parcelle et y ont érigé une structure d’observation en bois ». Une plainte va être déposée.

Selon France Bleu Poitou, les militants anti-bassines ont entrepris de construire un observatoire pour l’outarde canepetière, une espèce d’oiseau protégée.

Le collectif Bassines non merci estime que la création de cette retenue d’eau « permettrait la mise en irrigation de nombreuses parcelles au coeur du territoire de l’outarde migratrice, espèce protégée et classée en liste rouge ». « Cette zone regroupe près de 10% de la population nationale et est essentielle à leur nidification. Or, il est avéré que l’irrigation par aspersion rend impossible la nidification et menacerait donc le maintien de l’espèce », écrit-il.

Fortes divisions

Ces dernières années, les contentieux se multiplient autour de la gestion de l’eau liée à l’irrigation, notamment dans l’ouest de la France. « L’accaparement de l’eau, lié au principe des bassines, répond davantage aux besoins de l’agro-industrie qu’à ceux d’une agriculture nourricière et durable », dénonce Bassines non merci.

Ces réserves dites de substitution, qui visent à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver afin d’irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une condition de survie face au changement climatique.

À l’inverse, leurs détracteurs décrivent un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie car ils prélèveraient une partie de l’eau destinée aux nappes phréatiques, aux milieux naturels ou à d’autres usages humains. En outre, ils déplorent une solution de court-terme qui freineraient les démarches d’adaptation et de transition du monde agricole.

Alors que la surface agricole utile a diminué de 3,4% entre 2010 et 2020, les surfaces irriguées ont, elles, augmenté de 14,6% sur la même période. Au total, l’irrigation agricole représente plus de la moitié de la consommation d’eau douce en France, tout usage confondu.

Le sujet divise aussi les syndicats agricoles. La Confédération paysanne dénonce les « méga-bassines » comme une source d’inégalités dans l’accès à l’eau, tout en appelant au dialogue pour « sortir de l’impasse et de la confrontation destructrice ».

Le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef) a la même position, alors que la Coordination rurale soutient « tous les projets de retenues d’eau agricole pour faire face au changement climatique ». Certains de ses membres ont été condamnés pour avoir construit une réserve sans autorisation dans le Lot-et-Garonne.

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