Miami – Après trois ans d’interruption à cause du Covid, IFS (Industrial & Financial Systems), géant mondial de plateformes logicielles d’entreprise (ERP, EAM, ESM, FSM…), a réuni le mois dernier tous ses partenaires et principaux clients en Floride, lors d’une convention baptisée IFS Unleashed. Le CEO, Darren Roos, à la barre depuis 2018, vétéran de SAP et Software AG, revendique une croissance à deux chiffres depuis 4 ans.
Les revenus nets de 2021 ont cru de 14% par rapport à 2020, à environ 620 M€. Explication : un virage vers le Cloud très payant (+105% de chiffre d’affaires en 2021) et une succession de rachats bien ciblés : cet été, Ultimo, une solution EAM (Enterprise asset management) dans le Cloud, en mode SaaS ; le help desk Axios/Assyst ou encore la création de la ‘joint-venture’ Arcwide, société d’ingénierie et de services d’intégration née d’un rapprochement avec Bearing Point.
IFS, qui célébrera ses 40 ans en 2023, siège toujours à Linköping (200 km au sud-ouest de Stockholm). A l’origine, cet éditeur classé dans l’ERP, s’était fait connaitre par ses solutions spécialisées ’best of breed’ intéressant des sites critiques comme les centrales nucléaires. « Nous sommes numéro 1 mondial en solutions EAM (Enterprise asset management) et FSM (Field service management) et numéro 3 en ERP (Enterprise resource planning) », a affirmé Darren Roos.
Mais un autre terme clé fait ici son apparition : le concept de « servicisation » (« servitizing »), ou capacité à délivrer des services nouveaux, avec des partenariats en prolongement de la production. C’est exactement le cas de Bénéteau en France qui a récemment fait le choix d’IFS dans le cadre de son plan stratégique à 5 ans, avec, entre autres objectifs, le remplacement et l’uniformisation de ses multiples ERP (‘maison’ et Infor) orientés conception et fabrication. L’un des enjeux est d’industrialiser et automatiser une bonne partie des tâches manuelles, très expertes. Le champion de la navigation de plaisance veut ainsi gagner en agilité et en transversalité afin de se positionner sur de nouveaux services (location de day-boats, etc.).
Vincent Dubois, responsable commercial en France (secteur Ingénierie / construction/ Infrastructures), confirme une organisation structurée autour de cinq grands secteurs :
- L’aérospatial et défense et le ‘manufacturing’
- L’énergie, les ‘utilities’ et la distribution de détail
- L’ingénierie, la construction, les infrastructures
- Le secteur manufacturier
- Les services. En France et en Europe, IFS compte des partenaires clés, dont Capgemini et Arcwide. Son portefeuille de clients affiche des entreprises très fidélisées, comme NGE, SPIE, Bénéteau, Samsic… ou encore Schoeller-Allibert.
Des objectifs d’innovation
Dans ses axes de développement stratégique, IFS liste les jumeaux numériques, l’intelligence contextuelle, la réalité augmentée, l’Internet des objets, les automates ou robots et les solutions de simulation. Les innovations (cf. la release 22R2) visent en priorité l’expérience utilisateur, l’automatisation (avec l’IA et l’apprentissage machine), l’enrichissement des fonctions de reporting et d’analyse, l’intégration verticale et horizontale de données (sur une plateforme data unifiée), la connectivité IoT et les nouveaux services support de l’ESG (ou RSE ; environnement, social et gouvernance). Il faut y ajouter la dimension Environnement durable : reporting RSE, pour les émissions CO2 directes et indirectes (électrique, chauffage, refroidissement…).
S’agissant de la gestion du « capital humain », l’innovation est, là aussi, pragmatique : mise à disposition de profils de compétences dans les contextes inter-entreprises, multi-sociétés ; ou encore possibilité de réaffecter des tâches sur le terrain ou d’évaluer les prestations délivrées. Autre objectif : dans l’industrie manufacturière et l’aéronautique, IFS sait que la course est aux délais d’exécution. D’où une offre adaptée aux fournisseurs de services de maintenance (MRO).
Un virage Cloud sans précipitation
La base installée d’IFS n’a pris le virage Cloud que récemment, autour de l’offre IFS Cloud, capable d’intégrer les solutions de gestion des ‘assets, de la ‘supply chain, la production, la finance, les RH…
Ce retard à l’allumage serait-il le fait d’entreprises, souvent positionnées dans l’industrie manufacturière et les services ‘utilities’ (énergie, transport aérien, etc.), restées culturellement attachés au ‘on-premise’ ? Les choses ont bougé : l’offre Cloud est celle qui se développe le plus chez IFS.
Solution de suivi du durable, gestion des ‘assets’, objets connectés : tout repose désormais sur le Cloud d’IFS prévu pour supporter toutes sortes de ‘workloads’. Cette offre a d’ailleurs sa particularité : IFS propose l’hébergement, le management des applications et leur maintenance / support, ainsi que le consulting, – le tout dans une approche ‘single tenant’ : la plateforme, unique et dupliquée, est mutualisée ; les instances des clients sont cloisonnées, étanches – comme le souligne Vincent Dubois.
Dans l’approche ‘analytics’, IFS Cloud vient d’ajouter un moteur d’analyse travaillant en mémoire vive (‘in memory’) qui remplace l’ancienne version de type de ‘cubes’ de BI ; l’installation et le paramétrage sont grandement automatisés, ce qui réduit la pression sur l’expertise technique requise. Des ‘plug-ins’ apportent des fonctionnalités nouvelles comme l’exploration de processus, les prévisions. La priorité est à l’intégration des modèles d’analyse fonctionnelle et à une granularité plus grande des données de référence pour le prévisionnel (« zoom avant ») et, là encore, de façon transverse (CRM, RH, gestions de projets, achats, ventes, maintenance, etc.).
Bref, on comprend qu’IFS se positionne au-delà de la démarche et du périmètre d’un ERP : « Nous ne ferons plus d’ERP comme avant, mais quelque chose de plus large », résume Darren Roos.
Des ‘workflows’ spécialisés
Par ailleurs, IFS incite et aide ses clients à développer des ‘workflows’, des process d’automatisation, comme, par exemple, celui des commandes clients, avec utilisation de l’OCR (optical character recognition), avec le NER (named entity recognition) ou encore avec classification de mots clés.
Autre exemple de ‘workflow’ : le suivi des taux de change ; le ‘workflow’ facilite la recherche automatique des taux en allant puiser chez des fournisseurs de services externes. C’est aussi le cas pour la gestion automatisée des dépenses : ici l’apprentissage par l’IA (Intelligence artificielle) rend possible la capture de notes de frais ou factures et l‘édition automatique des états comptables jusqu’au paiement (après vérification de seuils, validation par signature électronique, etc.)
Offre de services managés
S’agissant des services, IFS tient une belle carte avec sa « branche » Arcwide, une co-entreprise née depuis quelques mois d’un rapprochement avec Bearing Point. Là encore, c’est une option qui, en France, satisfait parfaitement un client comme Bénéteau, qui travaillait déjà avec… Bearing Point. Arcwide est devenu consistant : bientôt une centaine de clients dans 12 pays (bientôt, les Etats-Unis), 35 M$ de CA, 250 consultants sur le terrain (et bientôt plus du double). Autre service, – celui du ‘help desk’ Assyst, issu du récent rachat de la société Axios, basée à Edimbourg (Ecosse) ; il sera gratuit durant un an, en 2023, afin d’inciter à installer des solutions ESM (enterprise service management), ITSM (Service management) ou encore ITOM (operations Management (ITOM). On l’aura compris : tout indique qu’IFS ne s’arrêtera pas là…
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