Bruce Toussaint en train de se faire maquiller pour le tournage de "2050: ouvrons les yeux", l'émission d'anticipation de BFMTV.

L’émission d’anticipation, diffusée ce lundi soir sur BFMTV, imagine le monde en 2050. Le fruit de plusieurs mois de recherches de nos journalistes, appuyées par de nombreux experts et le travail des équipes techniques.

BFMTV emmène les téléspectateurs en 2050 ce lundi soir, avec deux scénarios pour notre futur. Dans le premier, le monde a atteint la neutralité carbone – nous n’émettons pas plus de CO2 que la Terre ne peut en absorber, le réchauffement est limité. Dans le second, les mesures nécessaires pour lutter contre le dérèglement climatique n’ont pas été prises, le thermomètre s’emballe.

« On avait envie de parler du climat mais sans catastrophisme », explique à BFMTV.com Isabelle Quintard, réalisatrice du docu-fiction « 2050: ouvrons les yeux! ». « On ne voulait pas non plus se montrer moralisateur. Alors pourquoi pas imaginer le monde de demain? »

Vrais experts et données officielles

Les deux scénarios ont été élaborés grâce à de nombreux échanges avec des dizaines de spécialistes de l’énergie, du climat ou des transports. Experts qui ont ensuite en partie validé le script.

« Toutes les données sont sourcées, rien n’est inventé », précise encore la réalisatrice.

L’équipe s’est notamment appuyée sur les rapports du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, et de l’Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Les cartes météorologiques de 2050 ont été mises au point avec Météo France. « On voulait s’assurer que nos scénarios soient crédibles », insiste Isabelle Quintard. Toutes ces sources seront détaillées dans un long-format diffusé sur BFMTV.com.

Quant à la forme, le choix du documentaire d’anticipation s’est assez vite imposé. « On voulait quelque chose d’innovant », explique la journaliste. « Et pour projeter les téléspectateurs, la fiction semblait le meilleur moyen. » Avec les ressources et les moyens d’une chaîne de télévision, plateaux et présentateurs compris: l’émission a été enregistrée dans les conditions du direct, à la manière d’une véritable émission spéciale de BFMTV.

« Tout le monde a commencé à travailler très en amont, sur les textes, les chiffres, sur le conducteur aussi », insiste Roselyne Dubois, qui intervient au cours de cette soirée spéciale. « Comment on allait construire cette émission jamais vue? »

Bruce Toussaint vieilli de 28 ans

Les téléspectateurs retrouveront Bruce Toussaint à la présentation, accompagnés de figures de l’antenne – Aurélie Casse, Ashley Chevalier, Roselyne Dubois, Benjamin Duhamel, Marc Hay et Agathe Lambret. Tous vieillis de 28 ans grâce à un important travail sur le maquillage.

Bruce Toussaint en train de se faire maquiller pour le tournage de « 2050: ouvrons les yeux », l’émission d’anticipation de BFMTV. © ABACA PRESS

« Il y a un choc visuel qui est de nous voir avec ces têtes un peu grimées et de nous projeter vers 2050 », commente Bruce Toussaint, aux manettes de cette émission spéciale.

« Ce n’est pas juste un artifice, c’est vraiment pour essayer de coller au plus près à la réalité », poursuit le journaliste. « Il y a eu un travail de fond qui a été réalisé avec des experts, avec une rédaction qui a travaillé très dur pour montrer ce que peut être la planète en 2050. »

Marc Hay, Ashley Chevalier, Bruce Toussaint, Roselyne Dubois et Benjamin Duhamel sur le tournage de "2050: ouvrons les yeux", l'émission d'anticipation de BFMTV.
Marc Hay, Ashley Chevalier, Bruce Toussaint, Roselyne Dubois et Benjamin Duhamel sur le tournage de « 2050: ouvrons les yeux », l’émission d’anticipation de BFMTV. © ABACA PRESS

Le scénario d’une méga-canicule en 2024

Le point de départ du docu-fiction: une méga-canicule en 2024 qui fait 100.000 morts en France, un million en Europe. « Il fallait un événement suffisamment fort pour qu’on imagine une réelle accélération au niveau politique qui soit acceptée par la population », remarque Isabelle Quintard.

À Paris, la Seine est même à sec. « On n’a pas modélisé cette possibilité mais on l’a vu avec le Rhin ou la Loire asséchés par endroits cet été, ce n’est donc pas exclu », assure à BFMTV.com Emma Stokking, porte-parole du plan de transformation de l’économie française pour The Shift Project – une association qui soutient la réduction de la dépendance aux énergies fossiles. Elle est l’une des expertes qui a suivi l’élaboration du docu-fiction.

Dans le premier scénario imaginé, un plan d’urgence pour le climat est adopté dans la foulée de cette canicule meurtrière. Parmi ses mesures chocs: un permis carbone est mis en place, les vols intraeuropéens sont interdits, les voitures thermiques disparaissent et les transports en commun passent au 100% décarboné. Des mesures similaires sont prises à l’international.

Ce qui porte ses fruits: le réchauffement climatique est limité à 1,7 degré et la neutralité carbone atteinte. Un faux communiqué des Nations unies annonce: « Le monde a cessé d’avancer dans la mauvaise direction. Nous avons interrompu notre marche suicidaire vers la catastrophe climatique. »

Un deep fake d’Emmanuel Macron

Pour cette première partie du documentaire, les équipes de BFMTV ont imaginé une intervention d’Emmanuel Macron en 2024 grâce à la technologie du deep fake.

« On un comédien qui va dire le texte qui s’intègre dans le documentaire, une fausse intervention basée sur des faits réels », explique Isabelle Quintard. Le visage de l’actuel chef de l’Etat a ensuite été collé sur son imitateur qui « a la voix et les postures du président de la République ».

Un comédien interprète un discours fictif d'Emmanuel Macron, dans le cadre de "2050: ouvrons les yeux", l'émission d'anticipation de BFMTV.
Un comédien interprète un discours fictif d’Emmanuel Macron, dans le cadre de « 2050: ouvrons les yeux », l’émission d’anticipation de BFMTV. © BFMTV

Après le discours fictif, un reportage montre une ferme urbaine installée dans un parking, un autre présente un éleveur de chamelles. « Ce sont des initiatives qui existent déjà », précise Isabelle Quintard. « On a juste poussé le curseur. » L’éleveur de chamelle et le cultivateur sous terre sont de vrais professionnels, tout comme les glaciologue, océanologue et analyste des risques climatiques interrogés dans le docu-fiction.

« Ce n’est pas improbable »

Dans le second scénario, « nous n’avons pas gagné le pari du climat », déclare un Bruce Toussaint vieilli de vingt-huit ans. Dans cette projection pessimiste de 2050, le réchauffement de la Terre a déjà atteint 2,4°C. « Le scénario du pire est malheureusement en train de se réaliser sous nos yeux », communique fictivement l’ONU.

Des points de bascule ont été franchis: la Grande Barrière de corail a disparu, la forêt amazonienne rejette plus de carbone qu’elle n’en absorbe et le bassin sous-glaciaire Aurora, la plus grande calotte glaciaire du monde, a fondu, faisant augmenter le niveau des océans. Las Vegas est même abandonné, faute d’énergie pour climatiser les hôtels.

Raphaël Aupy, spécialiste des effets spéciaux, a eu pour tâche de « créer une réalité futuriste (de) ce que pourrait être la France en 2050 ». « Il y a eu un gros travail de recherches d’archives pour trouver des paysages dans des pays où les climats étaient désertiques, de grosses inondations, des tempêtes… », liste-t-il. Pour pouvoir ensuite « mélanger ça avec des images tournées en France » et donner à voir ce qui « risque de se produire d’ici les 20 prochaines années.

Des projections « pessimistes », reconnaît Isabelle Quintard. Mais « pourtant ce ne sont pas les pires ».

Une image de Dunkerque sous les eaux, réalisée pour le docu-fiction "2050: ouvrons les yeux".
Une image de Dunkerque sous les eaux, réalisée pour le docu-fiction « 2050: ouvrons les yeux ». © BFMTV

Si Emma Stokking, l’experte du Shift Project, admet qu’il est impossible de prévoir avec exactitude ce que sera le monde de 2050, « on sait que certaines zones, comme le pourtour méditerranéen ou le Nevada » pourraient devenir « inhabitables ». De sombres perspectives que cette experte ne juge « pas improbables ».

« Il y a quelques années, 40°C à Brest c’était de la science-fiction », rappelle-t-elle. « Et pourtant, c’est ce qu’il s’est passé cet été. La science-fiction, ce serait de penser que l’on va pouvoir continuer de produire comme on l’a toujours fait et que la technologie va nous sauver. »

« On est même en deçà des projections »

Dans ce scénario du pire, en France, aucun plan d’urgence n’a été adopté. Le marais poitevin est sous les eaux, Lacanau a été relocalisé, l’aéroport de Nice submergé. « Ce qui est fou, c’est qu’on est même en deçà des projections », s’étonne encore Isabelle Quintard. « Certains quartiers de Dunkerque ou Saint-Malo sous les eaux, ça risque vraiment d’arriver. »

Dans cette deuxième partie du docu-fiction, l’électricité, l’eau ou les médicaments sont rationnés. « À chaque fois qu’on imaginait quelque chose, la réalité nous rattrapait », se souvient la réalisatrice, qui évoque notamment les difficultés actuelles et bien réelles d’approvisionnement sur le paracétamol.

« J’avais aussi pensé à mettre en scène une nuit caniculaire où toutes les forêts brûleraient. On a vu cet été avec les nombreux incendies qu’on n’en était pas si loin. »

Pour Emma Stokking, du Shift Project, les effets à moyen terme du changement climatique restent encore trop souvent minimisés, voire ignorés. « On se dit qu’un ou deux degrés de plus, ce n’est pas grand chose. Et pourtant, il n’y a qu’une différence de cinq degrés entre notre époque et l’ère glaciaire. Ça montre bien l’étendue des conséquences qu’impliquent quelques degrés de plus. »

Avec ce format innovant, « même des gens qui ne sont pas forcément hyper concernés par ces questions là vont trouver une porte d’entrée pour cette problématique », espère Bruce Toussaint. « C’est vraiment quelque chose qui va surprendre et ça c’est aussi le but d’une chaîne comme la nôtre. »

« 2050, ouvrons les yeux » est un document signé par les journalistes Isabelle Quintard, Etienne Grelet et Clément Granon avec l’expertise d’Emma Stokking, porte-parole du Plan de Transformation de l’Économie Française au Shift Project et d’Éric Vidalenc, directeur régional adjoint à l’Ademe Hauts-de-France.

Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.

Laisser un commentaire