Léon Marchand, sur le 200 mètres brasse, à San Antonio, aux Etats-Unis, le 1er avril 2022. (SARAH STIER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA  / AFP)

Il n’aura fallu qu’une poignée de minutes à Bob Bowman pour se décider. L’ancien entraîneur de la légende de la natation Michael Phelps ne connaissait pas Léon Marchand lorsque ce dernier l’a contacté par email l’an passé pour le rejoindre en Arizona. Un rapide coup d’œil aux références du Toulousain, engagé samedi 18 juin sur le 400 mètres 4 nages des Mondiaux de Budapest, l’a alors poussé à accepter « immédiatement », raconte le coach dans un grand éclat de rire.

Bob Bowman et son protégé travaillent ensemble depuis septembre, alors que le Tricolore de 20 ans étudie désormais à l’université d’Etat d’Arizona. Les deux hommes étaient invités à participer au rassemblement de l’équipe de France de natation, en amont des Mondiaux de Budapest, au Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), du 5 au 14 juin. Une première pour l’entraîneur, qui n’avait jusqu’alors enfilé que la tenue nationale américaine. Pour franceinfo: sport, il est revenu sur ses premiers mois auprès de l’un des grands espoirs de la natation tricolore.

Franceinfo: sport : Comment décririez-vous Léon Marchand ?

Bob Bowman : Il est gentil et humble. Surtout, c’est la personne la plus sympa que vous pourrez rencontrer. Il adore la compétition et nager. En tant que nageur, il est assez doué et il a été bien préparé par son entraîneur Nicolas Castel avant qu’il n’arrive dans mon équipe. Nicolas Castel a fait du très bon travail car Léon possède une excellente technique. Il a tous les outils qu’on peut attendre d’un nageur de classe mondiale.

Comment a-t-il évolué depuis son arrivée aux Etats-Unis ?

Nous avons continué d’améliorer sa nage. Il a beaucoup progressé dans ses mouvements de battements et d’ondulations sous l’eau. Il est devenu l’un des meilleurs sur ce point aux Etats-Unis, voire dans le monde. 

Il a aussi commencé à s’entraîner plus intensément, donc il est plus fort et a gagné en muscles cette année, ce qui est une partie importante de son évolution. Je pense que son groupe d’entraînement en Arizona est aussi beaucoup plus fort que celui qu’il avait l’habitude de côtoyer. Rien qu’au quotidien, son niveau d’entraînement est monté d’un cran. 

Léon Marchand, sur le 200 mètres brasse, à San Antonio, aux Etats-Unis, le 1er avril 2022. (SARAH STIER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA  / AFP)

Sur quels plans doit-il encore progresser ?

Il doit encore engranger de l’expérience au niveau mondial, ce qu’il va pouvoir faire à Budapest. Son dos et sa brasse peuvent encore être améliorés. Son papillon est très bon mais il peut encore réaliser quelques changements mineurs qui pourraient faire une grande différence.

Il doit également continuer de progresser à l’entraînement et se lancer dans des choses que personne dans le monde ne fait. Il a d’ailleurs commencé à le faire : il a réalisé des choses que je n’ai même pas vu Michael Phelps faire à l’entraînement. S’il continue comme ça, je pense qu’il progressera. 

Quel parallèle pouvez-vous faire entre Michael Phelps et Léon Marchand ?

Il existe quelques similitudes. Comme Michael, Léon nage toutes les nages assez bien et peut évoluer du 100 au 400 mètres. Il pourrait même nager de plus longues distances mais je ne pense pas qu’on verra ça.

Les deux sont très forts dans leurs battements et ondulations sous l’eau. La différence est que Léon est un très bon brasseur mais un dossiste moyen, quand Michael était un très bon dossiste et un brasseur moyen. A côté de cela, les deux sont bons en papillon et en crawl, ont de l’endurance et de la vitesse.

Comment s’est passée l’adaptation de Léon Marchand au système américain ?

Très facilement. Léon est un excellent étudiant, qui parle très bien anglais. Cela a donc été très facile pour lui. Il a un bon état d’esprit, il est très décontracté. Et il ne se laisse pas contrarier par les imprévus, il continue juste d’avancer. 

Dès sa première saison universitaire américaine, il a battu le record de la star américaine Caeleb Dressel au 200 yards 4 nages. Avez-vous été surpris ?

Non, je ne l’ai pas été car je l’ai vu s’entraîner et concourir tout le long de l’année. Il s’est entraîné pour être capable de nager aussi vite. C’était, selon moi, un résultat prévisible. 

Que peut viser Léon Marchand à Budapest ? Un titre ?

C’est trop tôt pour le dire. Il faut qu’il vise une médaille et il faut vraiment qu’il batte son meilleur temps. Il doit se concentrer sur le fait de réaliser sa meilleure performance chronométrique, et s’il le fait, il sera en mesure de monter sur le podium. 

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