le trimaran "Banque Populaire" décrypté par l'équipe d'Armel Le Cléac'h

Ils seront huit ultims au départ de la Route du Rhum 2022 dont celui d’Armel le Cléac’h : le Banque Populaire XI . Comme ses camarades, les dimensions de ce trimaran mis à l’eau en avril 2021 sont impressionnantes : 32 m de long, 23 m de large et une quarantaine de hauteur. Son poids, 15 tonnes à quai, ne l’empêche de se soulever plusieurs mètres au-dessus de la surface de l’eau. Ces nouveaux trimarans qui peuvent atteindre des pointes de vitesse à 80 km/h sont un concentré de technologies, parfois très fines. L’équipe d’Armel Le Cléac’h a accepté de décrypter Banque Populaire XI pour franceinfo.

1Les foils

Impossible de les rater : ces fines lamelles de carbone en forme de L qui transpercent les coques à droite et à gauche. C’est grâce à ces appendices que le bateau arrive à se soulever afin de réduire la traînée dans l’eau et donc augmenter sa vitesse.

Pierre-Emmanuel Hérissé, directeur technique de Banque Populaire XI : « Les foils sont maintenant monnaie courante dans le domaine de la course au large. On a aujourd’hui des appendices qui sont beaucoup plus volumineux, beaucoup plus hauts et beaucoup plus grands. Ils ont plusieurs mètres d’envergure et pèsent plusieurs centaines de kilos. Ce sont des beaux bébés, des pièces en composite carbone. Quand le bateau accélère et prend de la vitesse, le foil commence à pousser sur le flotteur du bateau. Il commence à décoller et une fois qu’il est en l’air, c’est la partie basse du foil qui supporte tout le poids du bateau. Il repose sur à peine quelques centimètres carrés. Le trimaran pèse 15 tonnes à quai mais en fait, cela représente une force de 60 tonnes en dynamique. »

2L’électronique et l’informatique

L’intérieur du bateau est une véritable salle d’ordinateurs : une vingtaine au total ! Ce qui permet d’analyser en temps réel l’avancée du bateau équipes de 100 capteurs à bord.

Yannick Guernec, responsable électronique et informatique : « Il y a les données principales de navigation avec certains logiciels pour savoir où on se situe. On a d’autres écrans pour connaître d’autres données, type angle du vent, la vitesse et le cap. Et sur un bateau comme celui-ci, on a en plus tout une partie instrumentation : ce sont des capteurs qu’on a mis partout sur le bateau pour mesurer des charges et des forces. On récupère ces données grâce à la fibre optique (120 m installés). Toutes ces données sont accessibles à bord pour Armel et pour nous aussi à terre. On a une personne dans l’équipe qui fait toute l’analyse de la performance pour essayer l’améliorer l’utilisation du bateau. Et pour alimenter tout ça, on a des kilomètres de câbles et ils vont jusqu’en tête de mât : c’est là que se trouvent les capteurs pour les données de vent. »

3Le mât

Il est proportionnel au gigantisme du bateau. Avec sa hauteur de 38 m, il est lui-aussi un concentré de technologie.

Yann Courtois, responsable du gréement : « Le mât est creux, on peut rentrer à l’intérieur. Il faut faire un petit exercice de contorsion pour rentrer dedans au niveau du pont mais une fois à l’intérieur, on a largement la place pour éventuellement se croiser à deux. On a essentiellement les drisses (cordages) qui passent à l’intérieur et qui permettent de hisser les voiles. Le mât tout équipé représente 10% du poids du bateau. Il est posé sur une rotule qui est à peu près deux fois plus grosse qu’une boule de pétanque et tous les efforts passent à travers cette boule. Le mât tourne dans deux dimensions, sur un axe horizontal et il bascule d’un bord sur l’autre. »

4Les vérins hydrauliques

L’objectif d’une telle technologie est de permettre à un homme seul de piloter ce bateau depuis son cockpit, cette partie abritée du bateau où Armel le Cléac’h passe plus de 90% de son temps. Les vérins hydrauliques pullulent sur ce trimaran.

François Barbazanges, responsable mécanique et hydraulique : « Il y a 28 vérins sur ce bateau. Cela fait 11 ans que je travaille pour Banque Populaire et quand j’ai commencé, il y en avait cinq ou six, pas plus. C’est indispensable d’avoir ce système. Le but du jeu, c’est qu’Armel Le Cléac’h reste dans sa cellule de manœuvre parce qu’à ces vitesses-là, aller se promener sur le trampoline peut être dangereux. Il y a des vérins qui mesurent 2,5 m de long et qui font 80 kg. Il y en a des plus petits qui ont un déplacement de 5 cm. On les utilise pour faire monter et descendre les foils et les safrans, régler les incidences de tous les appendices, faire la bascule de mât… Ce sont des prototypes conçus pour ce bateau, vous ne les trouverez pas ailleurs. »

5Le carbone

C’est la peau du bateau et son squelette en même temps. Le trimaran est composé à 99% de carbone : sa structure mais également toutes les petites pièces qui le composent.

Florent Vilboux, responsable composite : « Il y a des pièces en carbone qui servent au confort du marin, comme la bannette où il peut se reposer et dormir, la table à cartes ou même le support de l’essuie-tout. Ce sont aussi toutes les pièces qui servent pour les systèmes. On a une équipe de quatre personnes. Quand le bateau revient d’une course ou d’un long entraînement, on a quelques bricoles à réparer et on vérifie l’ensemble de la structure, de l’avant à l’arrière, à l’intérieur des bras, dans les flotteurs et la coque centrale. On regarde de près les appendices qui sont aussi en carbone. Rien n’est laissé au hasard pour le poids du bateau, on essaye de gagner partout où c’est possible mais il faut que tout soit solide. On donne à Armel un peu de matériel composite pour réparer en mer si besoin mais il faut que ce soit une réparation indispensable. »

PHOTOS BERNARD LEBARS/BPCE – VINCENT CURUTCHET/BPCE – JÉRÔME VAL

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