L'affiche de la saison 2 de la série "Champion(s)", diffusée à partir du 15 juillet 2022 sur france.tv (FRANCE.TV)

Son visage figure au centre de l’affiche. Shirine Boukli, judokate deux fois médaillée d’or au niveau européen dans la catégorie des moins de 48 kilos, fait partie des athlètes de l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) suivis durant la saison 2 de la série Champion(s). A 23 ans, c’est l’occasion pour la jeune femme originaire du Gard d’en dévoiler plus sur sa vie.

Au fil des huit épisodes, on découvre Shirine Boukli, ainsi que d’autres athlètes comme l’étoile montante de l’athlétisme, Sasha Zhoya, le prometteur boxeur Moreno Fendero, ou encore l’athlète paralympique Timothée Adolphe et le basketteur Rayan Rupert. Alors que les nouveaux épisodes sont diffusés sur france.tv vendredi 15 juillet, la judokate tricolore a répondu aux questions de franceinfo: sport.

Franceinfo : sport : Pourquoi avoir accepté de vouloir presque tout dévoiler sur votre vie pendant plusieurs mois ?

Shirine Boukli : Parce que j’ai la chance de pratiquer une discipline qui est ma passion. Je ne fais que ça, parce que c’est mon métier. J’ai aussi la chance d’être étudiante en parallèle. Beaucoup de personnes nous posent plein de questions toute l’année sur notre vie. Je sais que c’est une chance que j’ai. Je voyage un peu partout dans le monde et moi je veux montrer ce que je fais un petit peu à tout le monde. Nous faire connaître sur France Télévisions, c’est un truc de dingue : on peut dévoiler notre quotidien à des personnes qui ne se rendent pas compte de ce que l’on vit tous les jours, et ce qu’on doit faire chaque jour pour arriver là où on en est.

Aujourd’hui, je suis double championne d’Europe. C’est écrit sur mes comptes, sur les réseaux sociaux. Mais qu’est-ce que j’ai fait pour être championne d’Europe ? Eh bien, j’ai passé deux ans à travailler et en deux ans, il s’est passé ça. Ce qui nous paraît habituel est fou aux yeux de certains. Je le vois avec ma famille qui me dit que je suis complètement malade de faire tout ça.

Il y a plein de choses que je souhaite partager, notamment le fait qu’il faut toujours s’accrocher. Il y a beaucoup de jeunes qui sont motivés, mais qui lâchent parce qu’ils sont démoralisés par d’autres choses.

« J’ai envie de transmettre le fait qu’il faut croire en toi, qu’il faut croire en ses rêves et que, si on donne tout et qu’on travaille dur, eh bien, on peut réussir. »

Shirine Boukli, double championne d’Europe de judo

à franceinfo: sport

Comment avez-vous vécu le fait d’être suivie tout le temps par les caméras ?

On est un petit peu habitués, dans notre sport, à être filmés, pris en photo, etc. On arrive à être dans notre bulle. Pendant les compétitions ou les entraînements, ça a donc été assez simple. Ce qui était particulier, c’est vraiment dans la vie privée, où il fallait rester naturel alors qu’il y avait une caméra à la maison.

L'affiche de la saison 2 de la série "Champion(s)", diffusée à partir du 15 juillet 2022 sur france.tv (FRANCE.TV)

Au final, c’était une très bonne expérience. J’ai vraiment kiffé. On découvre de belles images et ça donne des frissons. On ne dirait même pas que c’est moi qui suis à la télé. On voit nos parents aussi. On ne sait pas ce qu’ils vivent. Moi, je ne les entends pas dans les gradins quand je suis au milieu du tapis. Alors voir ces images, c’est incroyable.

Y a-t-il eu quand même certaines limites que vous avez imposées quant à ce que vous vouliez montrer ?

Il y a des trucs qui restent privés. Mais on ne m’a jamais rien demandé de gênant. On est vraiment centré sur l’aspect sportif. Après, ils voulaient un petit peu plus de privé, sans nous forcer. Au début, on ne voyait pas forcément mon copain mais ensuite, je me suis mariée et je me suis dit qu’une petite image, ça pouvait être cool. 

Il y a aussi d’autres athlètes dans la série. Qu’avez-vous pensé de leur histoire ?

Quand on arrive à l’Insep, il y a tous ces athlètes autour de nous, mais on ne les connaît pas forcément. On est là pour s’entraîner, pour faire du judo et on n’en profite pas pour essayer de connaître d’autres personnes, à part quand ils sont dans une classe. 

Ce que j’ai kiffé dans la série, c’est que toutes les personnes qui passent à la télé, je les connais. On a eu des moments ensemble, je suis allée assister à certains de leurs tournages, ils sont aussi venus me voir. On a créé des liens. J’ai pu aussi comparer leur histoire à la mienne. Eux aussi ont des jours où ils sont comme dans un trou. 

Cela m’a permis de connaître de nouvelles personnes et de savoir réellement comment ça se passe en gym ou en athlétisme. Il y a aussi [la sprinteuse] Fanny [Peltier] qui a pu s’exprimer comme elle le voulait [sur des faits de violences conjugales dont elle explique avoir été la victime] et je trouve ça bien. Il le faut, c’est important.

Vous racontez dans la série l’épisode du retour des Jeux olympiques de Tokyo, où vous êtes la seule parmi les judokas français à ne pas rapporter une médaille. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est aussi ça notre vie. Les Jeux olympiques, c’est un truc de malade mental. Clairement, j’ai su en profiter malgré ce qui s’est passé. J’en suis très, très fière, il n’y a pas grand monde qui fait les Jeux olympiques. Néanmoins, je voulais montrer aussi la réalité d’une athlète qui fait les Jeux et pour qui ça ne se passe pas bien. On te le fait comprendre parfois, mais sans faire exprès. 

Shirine Boukli face à la Serbe Nikolic lors des Jeux olympiques de Tokyo au Nippon Budokan, le 24 juillet 2021. (MILLEREAU PHILIPPE / AFP)

Donc oui, lors du retour en avion, je suis la seule à ne pas avoir le droit d’être parmi les passagers VIP [privilège réservé aux médaillés]. Je me suis aussi retrouvée seule au fond, sans le groupe de judo.

De toute façon, je ne voulais qu’une chose, c’était rentrer à la maison. Donc je me suis posée, j’ai mis mon film, et j’ai attendu qu’on atterrisse. Ça s’est passé comme ça et ce n’est pas beau, mais la série me permet aussi de m’exprimer sur ça et de montrer qu’il y a des moments où tu as envie de rester dans le trou. Je veux montrer aux plus jeunes ce qui m’est arrivé. Et il y a encore plein de choses que vous ne savez pas.

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