hydratation, horaires et intensité adaptés... Comment pratiquer en limitant les risques ?

La France suffoque. Alors que le pic de chaleur est attendu de vendredi à samedi, 23 départements de l’Hexagone ont déjà été placés mercredi 15 juin, en vigilance orange « canicule ». « Une vague de chaleur très intense et précoce, d’une durée d’au moins cinq jours », va s’installer sur le territoire a indiqué Météo France, avec des températures atteignant « 35 et 40 °C sur les trois quarts » du pays.

Dans ce contexte de canicule, la pratique d’une activité physique est déconseillée par les spécialistes. « Les cardiologues recommandent, au-delà de 30 degrés, de ne pas avoir d’activité physique intense », souligne le docteur Roland Krzentowski, médecin du sport, dans une vidéo de prévention aux fortes chaleurs publiée par le ministère des Sports, mardi 14 juin. « Dans l’absolu il faut éviter, confirme Emmanuel Debost, médecin du sport à Plombières-les-Dijon (Côte-d’Or), sauf à pratiquer la natation, ou dans des salles climatisées. »

Car les dangers pour la santé ne sont pas anodins. D’abord, celui de la déshydratation. Une mauvaise hydratation lors d’un effort en pleine chaleur va ralentir la transpiration, processus essentiel au refroidissement naturel du corps. Sans ce refroidissement permis par une évaporation d’eau, le corps va connaître une hyperthermie, autrement dit une montée de la température corporelle. « La montée en température peut provoquer des désordres hydroélectriques, c’est-à-dire des troubles électriques au niveau cardiaque, ou au niveau des reins par exemple. Le danger est de faire un arrêt cardiaque », poursuit Emmanuel Debost, médecin du sport.

Autre risque : les brûlures cutanées. « On en a de plus en plus, remarque le spécialisteCe sont des gens qui ne portent pas de chapeau, qui courent torse nu, et qui, avec un vent relatif, ont l’impression de supporter la chaleur, mais quand ils s’arrêtent le soir, il peut y avoir une insolation et des brûlures parfois très importantes. » Avant d’ajouter :« Quel que soit l’âge, les risques sont importants ». 

Chez les athlètes de haut niveau, si les risques existent, ils sont toutefois moindres. « Un organisme entraîné, préparé et suivi est moins susceptible de faire un malaise, explique Stéphane Diagana, champion du monde du 400 m haies en 1997 et consultant pour France Télévisions. Cela ne veut pas dire qu’il n’en fera pas, mais il a moins de risque qu’une personne qui court très peu, dont l’hygiène de vie est moins bonne, et qui s’hydrate mal. » 

Des facteurs qui, additionnés à la chaleur, à une déshydratation, un manque de préparation, peuvent provoquer « une défaillance chez un sportif amateur, ce que le sportif de haut niveau ne connaîtra pas », constate Stéphane Diagana. D’autant plus que les athlètes ont l’habitude de se préparer à concourir dans de telles conditions météorologiques.

« Plus vous vous entraînez à ces conditions, plus l’organisme va être capable de trouver des moyens pour éviter ou limiter les risques, ou décaler leur arrivée par rapport à des amateurs. »

Stéphane Diagana, champion du monde du 400 m haies

à franceinfo: sport

Car bien souvent, pour des compétitions où de fortes températures sont attendues, les athlètes effectuent des entraînements à la chaleur qui permettent au corps de s’adapter. « Ces entraînements se font dans des chambres thermiques, dans lesquelles on peut s’entraîner afin d’observer comment l’organisme évolue, mais aussi pour sécuriser la pratique ainsi que pour l’optimiser », expose Stéphane Diagana. Une préparation qui n’empêche pas certaines défaillances dans des conditions extrêmes, comme celle du Français Yohann Diniz lors du 50 km marche des Mondiaux d’athlétisme de Doha en 2019. Treize autres athlètes avaient abandonné lors de cette épreuve où le thermomètre atteignait encore les 32 degrés à 23h30. 

Pour ceux qui souhaiteraient malgré tout pratiquer en période de canicule, quelques conseils sont à appliquer pour sécuriser sa pratique : s’hydrater de manière abondante, choisir des horaires d’entraînements où les températures sont les moins élevées, pratiquer à l’ombre, moins longtemps et moins intensément. Enfin, se protéger la tête et le corps avec des tenues claires et amples.

Sans oublier une bonne récupération. « Après la pratique, il faut faire redescendre le corps en température, en se mettant à l’ombre et en prenant une douche tiède au moins 30 minutes après la fin de l’effort pour éviter le risque d’hypotension », appuie Emmanuel Debost. « Les temps de récupération sont plus longs si la déshydratation est profonde et si on a beaucoup puisé, ajoute Stéphane Diagana. Il faut prendre en compte qu’un organisme déshydraté ne se réhydrate pas en 1 ou 2h. » En période de canicule, la prudence doit être plus que jamais au cœur de la pratique.

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