L'intérieur de l'équipe de France Guerschon Yabusele lors de la demi-finale de l'Eurobasket contre la Pologne, le 16 septembre 2022 à Berlin (SOEREN STACHE / AFP)

« Pour moi, c’est le Charles Barkley européen. » C’est à l’Américain champion olympique en 1992 avec la Dream Team, meilleur joueur NBA en 1993 et 11 fois All-Star auquel le sélectionneur de l’équipe de France Vincent Collet a comparé Guerschon Yabusele, vendredi. Quelques minutes plus tôt, son joueur avait joué un rôle majeur dans la victoire face à la Pologne (95-54), synonyme de finale de l’Eurobasket contre l’Espagne, dimanche 18 septembre (20h30).

Dans le succès écrasant des Bleus en demi-finales, Guerschon Yabusele a été l’artisan principal d’une performance collective remarquable. Il a une nouvelle fois fait étalage de ses qualités offensives, récompensé par ses 22 points à 9/12 au tir et le trophée honorifique de joueur du match. « C’était un bon match, je me sentais bien, a-t-il commenté sobrement en conférence de presse. Je remercie mes coéquipiers parce qu’ils ont vraiment fait le job de me trouver dans les bonnes situations, où j’ai l’avantage. Et après c’est à moi de prendre les bonnes décisions. »

Si l’intérieur a crevé l’écran face à la Pologne en battant son record de points en sélection, il n’a fait que confirmer un championnat d’Europe réussi en tout point. « Guerschon (Yabusele) est le joueur qui a été le plus régulier pour nous depuis le début du tournoi », a par ailleurs salué Vincent Collet après la qualification en finale.

Son rôle a pris une importance grandissante dans une équipe en panne d’inspiration offensive en l’absence de Nando De Colo et Nicolas Batum. D’autant plus que la menace principale, Evan Fournier, peine à trouver la mire (14,4 points à 39%). Meilleur marqueur des trois dernières campagnes de l’équipe de France, l’arrière des New York Knicks est devancé dans cet Eurobasket par Guerschon Yabusele (15 points à 55%). Des chiffres personnels plus que doublés par rapport aux Jeux olympiques (6,3 points).

« Est-ce que je suis sur un nuage ? Oui, mais j’essaie de garder les pieds sur terre, de ne pas prendre la grosse tête », relativisait le natif de Dreux (Eure-et-Loir) au micro de Canal+ après la victoire contre la Pologne.

« J’essaie d’aider au mieux mes coéquipiers, en attaque comme en défense, d’être partout. »

Guerschon Yabusele

sur Canal+

À l’écouter, Guerschon Yabusele a compris les consignes de son entraîneur qui loue, aussi, son travail défensif. Une qualité pas naturelle chez l’ailier fort de 26 ans. « En défense, il a toujours été très performant sur l’homme mais il l’était parfois un peu moins dans la défense collective et je trouve qu’il avance, qu’il progresse, analysait Vincent Collet. N’oubliez jamais qu’il n’a que deux ans et demi d’Europe. »

Formé à Roanne, Guerschon Yabusele a été drafté en 16e position par les Boston Celtics en 2016 où, entre deux expériences en Chine, il n’arrive pas à entrer dans la rotation. De ses deux saisons NBA, les Etats-Unis ont surtout retenu de lui sa bonhomie et son sens des célébrations sur le banc de touche qui lui valent son surnom d’ours dansant (« Dancing bear » en anglais).

Après une dernière pige en Chine, à Nankin, l’ancien joueur de Rouen retrouve l’Europe à cause du Covid-19 qui interrompt brutalement sa saison dans l’empire du Milieu. Sans contrat, il fête en février 2020 sa première sélection sous le maillot bleu lors d’une rencontre de qualification à l’Eurobasket. Dans la foulée, il signe avec Lyon-Villeurbanne. Un choix décisif pour la suite de sa carrière.

« On peut clairement dire que je reviens de loin, admettait-il avant les Jeux olympiques de Tokyo. Mon petit séjour aux États-Unis a été compliqué. J’avais moins de temps de jeu, moins de visibilité, c’était dur de trouver un contrat derrière. »

« Il y a eu la Chine, le Covid-19 donc c’était trois ou quatre années très compliquées. J’en suis sorti plus mature, plus grand. »

Guerschon Yabusele

sur le site de la FFBB

Une saison et demi aboutie, notamment pour sa découverte de l’Euroligue, lui offre un titre de champion de France avec l’ASVEL et une première compétition internationale lors des Jeux olympiques. Auréolé d’une médaille d’argent, il s’est surtout fait remarquer par le Real Madrid, club le plus titré d’Europe avec dix sacres continentaux.

Dans la capitale espagnole, Guerschon Yabusele a découvert les spécificités du jeu européen et appris à varier sa palette offensive. « Je ne veux pas le voir que derrière la ligne à trois points, décrypte Vincent Collet. Pour qu’il utilise toutes ses qualités, il doit être dans l’activité, il faut qu’il bouge. Je trouve qu’il progresse. Un joueur, il faut du temps pour qu’il arrive à maturité et qu’il puisse donner la pleine expression de ses capacités. »

Ses performances sur le parquet lors de cet Eurobasket prouve qu’il y est parvenu. En cas de victoire en finale face à l’Espagne, un titre de MVP de la compétition n’aurait rien de très surprenant. « Honnêtement, je veux juste gagner la médaille d’or, ce qui arriverait après sera du bonus. Je me concentre sur ce qu’on peut faire en tant qu’équipe, c’est beaucoup plus grand que les récompenses personnelles. » L’ours dansant pourrait bien faire coup double.

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