pourquoi le RN a voté la motion de censure de la Nupes

À la surprise générale, le groupe de Marine Le Pen a apporté ses voix à la motion de censure de la Nupes. Les députés RN y ont vu l’occasion de se mettre en scène comme « la véritable opposition » au gouvernement tout en envoyant un message à Élisabeth Borne.

Un geste qui a surpris tout l’hémicycle. Marine Le Pen a fait voter ce mardi par ses députés la motion de censure de la Nupes, très loin de sa position quelques jours auparavant. Sur les bancs du RN, on se félicite de ce revirement considéré comme un piège tendu à la gauche et aux Républicains.

« On voit bien qu’il n’y a que nous qui tenons vraiment tête à Emmanuel Macron », analyse Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen, auprès de BFMTV.com.

Une motion de censure de la Nupes jugée « acceptable »

Si le vote de son groupe et celle des députés de la Nupes ne sont pas parvenus à faire tomber le gouvernement – avec 249 voix, loin des 289 nécessaires -, ce positionnement a secoué toute l’Assemblée nationale.

Pour se justifier, la patronne des députés a pointé « l’intérêt national » et « les termes acceptables » de la motion de la censure de la Nupes.

L’élue du Pas-de-Calais tenait pourtant des propos différents sur BFMTV la semaine dernière, expliquant « qu’a priori », son parti ne la voterait pas. Mais tout a changé ce week-end lorsque les députés ont parcouru le texte déposé par la Nupes.

« On a pris le temps de s’y plonger et là on s’est rendu compte que la gauche était moins sur le fond que sur la forme. Elle ne va pas sur le terrain de l’immigration ou de la police », explique le député RN Thomas Ménagé auprès de BFMTV.com.

Une réflexion depuis plusieurs jours

Depuis le début de la mandature parlementaire, le parti de Marine Le Pen insiste sur son choix de voter « toutes les dispositions qui vont dans le bon sens pour les Français ».

Autant dire que ne pas voter ce texte de gauche, dénonçant « l’accroissement des inégalités » et « l’impasse face au dérèglement climatique », aurait pu interprété comme un changement de cap.

De quoi pousser plusieurs membres du parti à la réflexion. Dès vendredi, le député Sébastien Chenu plaide auprès de Marine Le Pen pour lui suggérer de revoir sa décision. L’ancienne candidate à la présidentielle réfléchit pendant tout le week-end et échange avec plusieurs pontes du parti.

« On n’est pas sectaire »

Lors de la réunion de groupe lundi après-midi, une heure et demi avant sa prise de parole dans l’hémicycle, elle annonce finalement qu’elle demande à ses troupes de voter pour la motion de censure de la gauche. Sans grincement de dents.

« Beaucoup d’entre nous ont entendu sur le terrain des électeurs leur dire ‘votez-là’. On était tous très raccord quand elle nous a expliqué sa décision. On n’est pas sectaire », justifie le député José Gonzales.

C’est que les élus RN comprennent très vite que la manœuvre sera toute à leur avantage. La Nupes n’a, elle, pas changé de positionnement malgré quelques hésitations fin septembre de certains à La France insoumise et n’a donc pas voté la motion de censure de Marine Le Pen. Ce texte a largement rejeté, avec seulement 90 voix pour, dont une seule voix de gauche.

« Une Nupes qui apparaît sectaire et des LR qui ont peur »

Les LR, eux, avaient annoncé très clairement la couleur dans Le Journal du dimanche. 53 d’entre eux sur 62 élus ont confirmé qu’ils ne souhaitaient pas « se joindre au théâtre de ceux qui spéculent sur l’effondrement du pays ». Olivier Marleix, leur chef de file a beau assuré à la tribune qu’il « n’hésiterait pas à en déposer une » « si les circonstances l’exigeaient », mais aucune de leurs voix n’a rejoint celles de la Nupes ou du RN.

La situation politique permet donc au Rassemblement de se mettre en scène comme la seule véritable opposition à la macronie.

« On a d’un côté une Nupes qui apparaît sectaire et de l’autre des LR qui ont manifestement très peur de retourner devant les électeurs en cas de renversement du gouvernement d’Élisabeth Borne », assure Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen.

Le député RN Thomas Ménagé le résume autrement et y voit la fin du match entre « l’opposition de pitrerie » de La France insoumise et des LR qui « font partie de fait de la majorité ».

« Le vent du boulet » pour le gouvernement

Le signal envoyé au gouvernement est aussi clair. Alors que la Première ministre imaginait la motion de censure de la Nupes très largement rejetée, il n’a manqué à ce texte pour la renverser que 50 voix. C’est certes beaucoup mais loin d’être totalement inatteignable.

« Ça montre à Emmanuel Macron que le vent du boulet n’est pas passé loin et qu’il doit faire très attention », résume à grand trait Sébastien Chenu.

À demi-mot, la gauche ne nie pas que le coup politique de Marine Le Pen est réussi. « On ne l’a pas vu venir et on est un peu emmerdé« , reconnaît un député de la Nupes. De quoi faire dire à l’un des proches de la patronne des députés RN, avec le sourire, que « la séquence est très réussie. »

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