De nombreux visiteurs se sont également rendus à Russelsheim, en Allemagne, berceau d’Opel pour célébrer l’anniversaire de la marque.
« Au temps des Trente glorieuses, le site faisait la taille de Monaco », mais c’est sans nostalgie que les habitants de Russelsheim en Allemagne, berceau d’Opel, ont célébré samedi les 125 ans de la marque allemande et son ambitieux virage électrique. A la veille du vote pour les élections européennes, le symbole que représente l’anniversaire de ce fleuron de l’industrie nationale n’a pas échappé au chancelier Olaf Scholz, venu participer aux célébrations.
« Nous soutenons le développement de l’électromobilité », a assuré le dirigeant social-démocrate dans un discours aux centaines de personnes rassemblées. « Vouloir revenir en arrière maintenant, ce n’est pas seulement mettre en danger tout ce qui a déjà été réalisé, c’est aussi mettre en danger notre succès futur, notre prospérité future en tant que nation industrielle », a-t-il assuré.
Le tassement des ventes de voitures électriques en Europe et les critiques de plusieurs forces politiques, durant la campagne des européennes, dénonçant un virage électrique trop rapide, inquiètent les constructeurs. Certains candidats au scrutin remettent en question l’échéance de 2025 fixée par les Vingt-Sept pour interdire la vente de véhicules neufs à moteur thermique, pointant notamment le risque de casse sociale dans les usines européennes.
Préparer l’avenir
« L’électrique, c’est l’espoir de garder du travail, c’est une étape indispensable, car si on reste au moteur diesel, ça sera la fermeture complète », réplique Stefan Trautmann, venu fêter l’anniversaire de l’usine d’où est sortie la première automobile Opel en 1899. Ce homme de 56 ans a pourtant quitté il y a quatre ans l’entreprise où il travaillait dans les finances et le design, dans le cadre d’un plan de départs volontaires. Il a retrouvé du travail chez un concurrent.
« Les postes ont été réduits » mais « moins de travailleurs, c’est toujours mieux que plus du tout ! », estime-t-il en essayant une Opel Frontera électrique couleur rouille. Après avoir connu son heure de gloire comme l’un des plus grands constructeurs européens, la marque a vécu des temps difficiles à partir des années 1990. La nature a aujourd’hui pris possession d’une partie de l’ensemble industriel, recouvrant les ruines des pistes d’essai de l’époque où le site de Russelsheim « faisait la taille de Monaco », assure Thomas, un visiteur qui se présente comme fils, petit-fils et arrière petit-fils de salariés d’Opel.
La marque allemande, rachetée à General Motors par Peugeot-Citroën en 2017, dans le giron du groupe Stellantis depuis 2021, assume aujourd’hui sa stratégie d’électrification. Les ventes ont grimpé de 15% en 2023, avec une part de 13% pour les véhicules électriques. Tenant sa fille par la main, Christian Müller, ingénieur chez Opel depuis 2010, sillonne l’exposition-anniversaire. « Le tournant électrique est un défi énorme et indispensable pour l’avenir de nos enfants », affirme-t-il.
1.500 km en Corsa
Pour le patron d’Opel, Florian Huettl, il n’est pas question de reculer et la chute des ventes de voitures électriques en Allemagne, avec la fin des aides à l’achat, n’y change rien. « La dynamique en France et en Angleterre reste forte », assure-t-il à l’AFP. Quelque 8.300 personnes travaillent aujourd’hui sur le site de Russelsheim, contre 15.000 salariés avant le rachat par Stellantis.
« Chez Opel aujourd’hui il y a moins d’effectifs qu’il y a cinq ou six ans. Cela fait partie de nos efforts de compétitivité. Au-delà, le passage à l’électrique nécessite d’autres qualifications dans de nombreux domaines. Opel aide à se reconvertir ou à obtenir un départ volontaire », explique M. Huettl. Artem Shevchenko, 23 ans, un étudiant ukrainien en ingénierie aérienne, est venu de Lituanie pour cet anniversaire, parcourant 1.500 km dans son Opel Corsa pour visiter les terres d’Adam Opel, fondateur de la marque qui commença par fabriquer des machines à coudre et des vélos.
« C’était mon rêve de venir ici », avoue ce fan. « Les modèles détiennent toutes les fonctions d’une voiture de luxe, à un prix abordable, pour les vrais gens! », s’exclame-t-il. Avec le passage à l’électrique, la marque veut tenter de vendre de l’entrée de gamme pour le grand public, promettant un modèle autour de 25.000 euros, sans dévoiler sa date de sortie.
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