les pêcheurs désemparés par l'interdiction de pêcher dans le golfe de Gascogne pendant un mois

Du 22 janvier au 20 février, près de 500 bateaux de huit mètres ou plus ne pourront plus pêcher dans cette zone. L’initiative sera répétée en 2024, 2025 et 2026.

Une décision qui divise. Le Conseil d’État a suspendu vendredi des dérogations figurant dans un arrêté gouvernemental qui interdit à certains bateaux de pêcher dans le golfe de Gascogne pendant quatre semaines l’hiver, les jugeant « trop importantes » pour réduire les captures accidentelles de dauphins.

Ainsi, avec ces nouvelles restrictions, et selon le Comité national des pêches, environ cinq cents navires français ne pourront pas travailler dans la zone pendant quatre semaines cet hiver, du 22 janvier au 20 février, après cette décision qui durcit le mois sans pêche imaginé par le gouvernement.

« C’est mal. On est un peu désemparés, il y a un petit peu de colère, de résignation aussi parce que ça fait maintenant deux ou trois ans qu’on est impactés par ces problématiques dauphins, qu’on travaille assez sérieusement pour trouver des solutions pour éviter les interactions, en tout cas les amoindrir. Aujourd’hui c’est le couperet, c’est une violence inouïe », assure, à BFMTV, Olivier Argelas, pêcheur et élu au comité régional de pêche de Gironde.

« C’est une victoire »

Il s’agit d’un nouveau revers pour le gouvernement qui s’efforce de ménager les intérêts économiques des pêcheurs au grand dam des associations France Nature Environnement (FNE), Sea Shepherd, Défense des milieux aquatiques (DMA) et Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) qui ont saisi à plusieurs reprises le Conseil d’État.

En réponse, le secrétariat d’État chargé de la Mer a pris en octobre un arrêté instaurant une période d’interdiction de pêche d’un mois en 2024, 2025 et 2026, « du 22 janvier au 20 février inclus », pour tous les bateaux de huit mètres ou plus. Selon les ONG, le texte comportait « tellement de régimes dérogatoires » pour l’année 2024 que le mois sans pêche était en fait « purement théorique ».

Interrogé par BFMTV, Antoine Gatet, président de France Nature Environnement, fait part de son contentement. « C’est une victoire car la France s’est engagée dans la protection des espèces et a l’obligation internationale de protéger les espèces sur ce territoire-là. Elle fait semblant de la faire depuis des années, elle a été mise en demeure par l’Europe en 2019 puis en 2022 », dit-il.

Selon lui, l’industrie de la pêche ne devrait d’ailleurs pas trop pâtir de cette limitation. « Je suis surpris d’entendre les surréactions du monde de la pêche, il faut arrêter, aujourd’hui on a 1.000 bateaux qui pêchent dans la zone, et avec la règle telle qu’elle est remise par le Conseil d’État, on a 300 bateaux », martèle-t-il.

9.000 dauphins périssent chaque année

Le juge des référés relève que l’interdiction de pêche est « susceptible de porter atteinte à l’équilibre économique de nombreuses entreprises de pêche, en réduisant leur chiffre d’affaires », mais estime que l’impact de sa décision sera limité dans la mesure où une plateforme d’indemnisation a déjà été ouverte, qui prévoit jusqu’à 100% d’aide publique.

Même si elles n’ont pas abordé cette question lors du référé, les associations considèrent également que « les conditions minimales fixées par les scientifiques pour garantir la survie des dauphins » ne sont pas respectées avec une fermeture d’un mois.

Le CIEM (Centre international pour l’exploration de la mer), l’organisme scientifique international de référence, avait recommandé des fermetures de trois mois en hiver (de décembre à mars) et d’au moins un mois en été, périodes de pics de mortalité des dauphins.

La CIEM a estimé qu’environ 9.000 dauphins communs mouraient chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française. Une fraction d’entre eux échouent sur le littoral.

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