Le fils d'un entrepreneur breton soupçonné de deux meurtres en Guyane

Sylvain Kereneur, fils d’un entrepreneur breton installé en Guyane, est suspecté d’avoir tué ses deux compagnes à 14 ans d’intervalle. Il a été renvoyé devant les assises de Cayenne en juillet dernier.

Camilla et Karina, deux femmes retrouvées mortes en Guyane, deux scènes de crime qui présentent de fortes similitudes. 14 ans séparent ces deux crimes dont est soupçonné aujourd’hui un homme: Sylvain Kereneur, le fils d’un riche industriel breton spécialisé dans l’aéronautique installé dans cette région d’outre-mer. L’homme a reconnu l’une de ces morts, évoquant un accident, mais nie farouchement la seconde.

Le 15 mai 2020, le corps de Karina Gama De Souza est découvert au milieu de la forêt amazonienne. Elle porte encore ses vêtements dont s’évapore une forte odeur d’hydrocarbure. Son dos présente d’ailleurs des brûlures. Les fortes pluies des derniers jours auraient empêché que le corps soit calciné. À proximité, les enquêteurs retrouvent un rapport d’échographie. La victime, une Franco-brésilienne de 23 ans, était enceinte de sept semaines.

Violences

Les soupçons se tournent vers son petit-ami. Karina Gama De Souza a partagé sa vie, par intermittence, entre 2018 et 2020 avec Sylvain Kereneur, rencontré lors du Mondial de foot au Brésil. Une relation marquée par les nombreuses disputes, séparations et rabibochages. L’entourage de la victime évoque les violences que lui aurait fait subir le jeune homme. Lui affirme que c’était elle qui était violente.

« Les témoignages sont multiples, rétorque sur RTL Me Archibald Celeyron, l’avocat de Kereneur. De nombreux témoins dans la procédure disent qu’il se comportait bien avec elle, il n’y a pas un seul témoignage, à l’exception de la famille de Karina, qui vous dit qu’il était colérique, impulsif. Ce n’est pas du tout ce type de personnalité. »

Sylvain Kereneur s’est toutefois réfugié en métropole. Installé à Antibes, dans les Alpes-Maritimes, pour échapper aux représailles de la communauté brésilienne dit-il, il va être placé en garde à vue. Devant les enquêteurs, il reconnaît avoir tué la jeune femme par accident. Il a expliqué qu’une dispute avait éclaté au sujet de la grossesse de la jeune femme. Sylvain Kereneur lui ayant demandé d’avorter.

« Témoignages inquiétants »

Selon sa version, Karina Gama De Souza aurait commencé à crier, il lui aurait mis la main sur la bouche brièvement. « Je l’ai vu tomber en la relâchant, j’ai pris son pouls, j’ai vu qu’elle était décédée », dit-il aux enquêteurs. Une version contredite par les expertises dont celles ordonnées par la juge d’instruction qui affirme qu’il a fallu que l’homme plaque sa main sur la bouche de sa victime plus que quelques secondes pour qu’elle s’évanouisse.

« Il y a des témoignages très précisément inquiétants, il y a même des petites amies qui prévoient le cas où il leur arriverait quelque chose. On peut se poser des questions sur la crainte qu’inspire ce jeune homme, notamment quand il se met en colère », estime Me Jérôme Gay interrogé par RTL et Le Parisien.

L’avocat défend la famille de Camilla Marques Pereira, une immigrée brésilienne de 19 ans, retrouvée morte le 30 juillet 2006. Son corps avait été calciné et jeté dans une décharge. « Les conditions dans lesquelles les cadavres sont retrouvés inclinent à penser qu’il y a un modus operandi similaire, tranche Me Gay. Tout le monde va faire le lien en Guyane. Ce n’est pas commun de dégrader le corps d’une victime, de l’abandonner dans une décharge, en partie calciné. »

Il faut dire qu’en 2010, Sylvain Kereneur a été impliqué dans ce meurtre. À cette époque, son ancienne petite amie Symphonie vient avouer aux gendarmes avoir aidé le Breton à se débarrasser du corps de Camilla Marques Pereira. Alors en couple avec Kereneur, l’homme lui aurait expliqué avoir étouffé la jeune femme avec son pied, parce que cette dernière l’avait trompé. Le principal intéressé nie farouchement.

Renvoyé devant les assises

Malgré les aveux de Symphonie, après quatre mois de détention provisoire, la justice va prononcer un non-lieu en faveur de Sylvain Kereneur. Un non-lieu notamment en raison des incohérences dans les propos de la jeune femme. « Dans leur soif de justice, il n’y a pas de soif de vengeance, estime toujours sur RTL Me Jérôme Gay. Quand l’affaire Karina a éclaté, ils ont été extrêmement soulagés, c’est difficile d’employer ce terme, pour la mémoire de leur fille. »

Aujourd’hui, Sylvain Kereneur est mis en examen et renvoyé devant une cour d’assises pour le meurtre de Karina Gama De Souza. Chef d’accusation qu’il conteste. Le dossier a été rouvert concernant la mort de Camilla Marques Pereira.

« On rouvre une enquête sans aucun élément nouveau, on ne peut pas rouvrir une enquête comme ça, conteste Me Archibald Celeyron. C’est un nouveau témoignage, un nouvel ADN, une nouvelle donnée téléphonique… Là dans cette affaire Camilla, quel nouvel élément a-t-on? Aujourd’hui, on nous dit: ‘vu qu’on n’a pas trouvé l’auteur de cet homicide, on va vous re-soupçonner alors que vous avez été déclaré définitivement innocent' ».

Reste que l’état de santé du mis en cause est très « préoccupant » assure son avocat. Victime d’un accident de moto dans sa jeunesse, Sylvain Kereneur a été victime de plusieurs AVC ces derniers mois.

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