Cette image illustre le fonctionnement du péage en flux libre, comme celui qui est entré en service ce vendredi 4 novembre entre Allier et Haute-Saône.

Fini les arrêts pour payer au péage. Sur l’A79, dans l’Allier, ouvre ce vendredi la première autoroute en flux libre, avec pour objectif de fluidifier le trafic et réduire la pollution.

Plus de files d’attente lors des journées de fort trafic, plus d’arrêt trop près de la borne, plus de pièces qui tombent. L’autoroute A79 devient ce vendredi la première autoroute sans barrière de péage en France. Ce système est déployé sur 88 kilomètres entre Montmarault (Allier) et Digoin (Saône-et-Loire) par le concessionnaire Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR).

Cette image illustre le fonctionnement du péage en flux libre, comme celui qui est entré en service ce vendredi 4 novembre entre Allier et Haute-Saône.
Cette image illustre le fonctionnement du péage en flux libre, comme celui qui est entré en service ce vendredi 4 novembre entre Allier et Haute-Saône. © APRR

Des portiques équipés de caméras

Sans barrière ne veut cependant pas dire sans péage. Il faudra bien payer pour emprunter cette autoroute, mais le règlement se fera par internet ou sur l’une des 16 bornes installées le long du parcours. Les usagers pourront circuler à la vitesse autorisée, sans ralentir ni s’arrêter en passant sous des portiques dotés de caméras et de capteurs qui identifieront leur véhicule, grâce à sa plaque. Une caméra sur le côté scanne elle la taille du véhicule, le nombre d’essieu, pour s’assurer qu’il s’agit d’une voiture ou d’un camion. Et donc définir le montant à régler.

« Le client a 72 heures pour régler son trajet », souligne Pierre Méau, directeur clientèle adjoint des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR).

Faute de quoi une amende de 90 euros viendra s’ajouter au montant du péage, et même 375 euros sans règlement dans les 60 jours. L’exploitant aura accès au fichier des plaques d’immatriculations européennes.

Comment régler son trajet
Si vous avez un badge télépéage, il sera automatiquement scanné, comme aujourd’hui dans les voies réservées. Un tiers des automobilistes qui empruntent les autoroutes de ce réseau APRR utilisent déjà ce type de badge.
Si vous n’en avez pas, il faudra se rendre sur le site dédié à cette autoroute après votre trajet. Entrer sa plaque d’immatriculation et régler le montant par carte bancaire.
Vous pouvez aussi anticiper votre trajet: vous rentrer votre plaque, vous choisissez le type de véhicule et le trajet – entre quelle entrée et sortie vous allez utiliser cette autoroute. Vous réglez le montant qui correspond à votre véhicule par carte. Vous avez alors 7 jours pour effectuer le trajet. Vous êtes remboursé si vous ne prenez finalement pas l’autoroute.
Vous pouvez aussi créer un compte si vous prenez régulièrement l’A79 et vous inscrire aux alertes par mail qui vous diront quand vous allez être prélevé après le trajet. Pas de panique si vous n’avez pas de compte sur le site dédié.
Seize bornes vont être installées pour ceux qui veulent régler directement. Et ils en profiteront pour faire une petite pause sur leur trajet.

En 2024 sur l’A13 vers la Normandie

Allant de pair avec le développement du numérique et des paiements en ligne, l’adoption du flux libre était demandée par l’Etat quand il a sélectionné APRR (une filiale d’Eiffage) pour construire l’A79. Toutes les nouvelles autoroutes suivront ce modèle comme la future A69 entre Toulouse et Castres, relève le responsable.

Parmi les prochaines autoroutes à basculer vers le flux libre, l’Autoroute blanche (A40) en Haute-Savoie que la société Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB) entend convertir « à moyen terme », citant comme raison la qualité de l’air dans la vallée de l’Arve.

Le système est assez répandu dans de nombreux pays, entre Johannesburg et Pretoria en Afrique du Sud, autour de Toronto au Canada, sur les autoroutes urbaines de Santiago-du Chili, dans de nombreux Etats américains, sur l’Autostrada pedemontana lombarda près de Milan en Italie, sur de nombreux axes routiers en Norvège, sur la moitié des autoroutes portugaises ou encore pour entrer dans Göteborg ou Stockholm en Suède.

Le concessionnaire Sanef mise aussi beaucoup sur ce système de péage en flux libre. En 2019, la Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France avait transformé en laboratoire l’échangeur de Boulay-Moselle, sur l’autoroute A4, en y supprimant les barrières physiques en 2019. Malgré quelques incidents au départ, « le système a démontré sa fiabilité et les clients se sont familiarisés avec ce nouveau système de paiement », assure son directeur général Arnaud Quemard.

La Sanef a donc entrepris de convertir au flux libre l’autoroute de Normandie, qui voit passer 32.000 voitures par jour. « Sur l’A13 et l’A14 entre Paris et Caen, il y a cinq barrières, avec un trafic domicile-travail assez fort et des pics de week-end importants. A chaque barrière de péage, c’est un arrêt avec potentiellement des bouchons », expose Arnaud Quemard.

Gains de temps et baisses des émissions de CO2

Arnaud Quemard promet des gains de temps, des économies de carburant et des réductions des émissions de CO2 dans l’atmosphère. L’investissement est évalué à environ 120 millions d’euros, en partie couvert par une modeste hausse annuelle des péages. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, passer au flux libre ne fait pas faire des économies.

« Aujourd’hui, sur le péage en Normandie on a environ 150 collaborateurs. Pour exploiter la même autoroute en flux libre, on en aura besoin d’à peu près 300″, qui s’occuperont surtout des relations avec les clients, indique Arnaud Quemard. Nous avons un énorme enjeu de reconversion de notre personnel, et nous avons garanti à tous nos employés du péage que nous leur trouverions un emploi adapté ».

Pauline Ducamp

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