L’ancien ministre de l’Intérieur est longuement revenu sur ses critiques de la politique migratoire française, dénonçant « les annonces de régularisation » de Gérald Darmanin. Cet ancien proche d’Emmanuel Macron regrette une ligne qui « n’est pas la sienne ».
Gérard Collomb persiste et signe. Après les propos de l’ancien maire de Lyon qui a dénoncé auprès du Point « l’ouverture d’une brèche créant un précédent » avec l’accostage de l’Ocean Viking à Toulon, l’ex-ministre de l’Intérieur du premier quinquennat d’Emmanuel Macron s’est confié à BFMTV et critiqué à nouveau cette décision de l’exécutif.
« On ne voit pas pourquoi on reçoit un bateau aujourd’hui, et demain, s’il en arrivait un autre, on ne le recevrait pas. C’est là où il y a un véritable problème », regrette l’ancien patron de la place de Beauvau de 2017 à 2018.
« L’endroit où il faut que je vienne, c’est la France »
Vendredi, un bateau de l’ONG SOS Méditerranée opérant au large de la Libye a débarqué en France 230 migrants, après le refus de l’Italie de les accueillir. Leur arrivée à Toulon a clôturé un bras de fer de 20 jours entre Paris et Rome, qui a sérieusement affecté les relations entre les deux pays.
Tout en défendant un « devoir d’humanité », l’actuel ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a indiqué qu’en guise de rétorsion, la France avait décidé de suspendre « à effet immédiat » l’accueil prévu de 3500 migrants actuellement en Italie.
De quoi tenter de ménager la chèvre et le chou à quelques semaines de la présentation du projet de loi immigration, qui devrait créer un titre de séjour spécifique à destination des travailleurs irréguliers exerçant dans un secteur manquant de main-d’œuvre. Sans manifestement convaincre Gérard Collomb.
« Si vous mettez côte à côte les annonces de régularisation et l’Ocean Viking et si vous êtes migrant de l’autre côté de la Méditerranée, vous vous dites : ‘l’endroit où il faut que je vienne, c’est la France' », juge encore l’ancien édile lyonnais.
Des députés « qui penchent plus du côté de l’humanité »
Marine Le Pen, la patronne des députés RN, a de son côté dénoncé un futur projet de loi qu’elle qualifie de « nouveau nom à une campagne de régularisation de clandestins » sur son compte Twitter. Éric Ciotti, qui est en lice pour la présidence des LR, y voit de son côté « une forme de supercherie pour aller une nouvelle fois vers une forme de régularisation ».
L’idée de Gérald Darmanin s’expliquerait pour cet ancien proche du chef de l’État par la composition de la majorité présidentielle « qui penche plus du côté de l’humanité que de la fermeté ».
« Le président est dans le ‘en même temps’, comme toujours. Si vous regardez ses discours des derniers mois, il affirme une volonté de fermeté. Puis tout un coup, il arrive quelque chose, et il prend la ligne inverse, c’est ça le vrai problème », tance encore l’ex-ministre de l’Intérieur.
« Si je reste, je dois clasher avec le président »
Le visage des élus de Renaissance a pourtant changé lors des dernières législatives. Ceux qui avaient fait tanguer l’exécutif lors du projet de loi asile immigration en 2018, alors défendue par Gérard Collomb, ont souvent perdu les dernières législatives – à l’instar de Sonia Krimi ou Jean-Michel Clément. D’autres sont toujours élus, mais désormais sous l’étiquette Nupes comme Aurélien Taché.
Gérard Collomb, qui avait démissionné quelques mois après avoir défendu ce texte pour pouvoir revenir à Lyon et récupérer son fauteuil de maire, défend désormais une autre version de son départ. Il affirme avoir quitté le gouvernement à l’époque pour protester contre la création éventuelle de « centres contrôlés » de migrants à Toulon ou Marseille.
« À ce moment-là, je pars parce que je ne veux pas être responsable (…) de nouveaux morts, de nouvelles personnes assassinées. Le projet ne se fait pas parce que je suis plus là. Si je reste, je dois clasher avec le président », avance encore le septuagénaire.
« La ligne » d’Emmanuel Macron « n’est pas la mienne »
De quoi pousser l’ancien socialiste à prendre ses distances avec Emmanuel Macron. Il avait pourtant été l’un des premiers, parmi sa famille politique, à rejoindre En marche (l’ancien nom de Renaissance NDLR).
« J’avertis encore sur le fait que le président risque de s’enferrer dans quelque chose de compliqué (…) La ligne aujourd’hui n’est pas la mienne », tance encore l’ex élu local.
Avant d’envisager ouvertement l’éventuelle victoire de Marine Le Pen lors de la prochaine présidentielle.
« Si on continue à avoir des flux de migrants sans pouvoir les arrêter, c’est clair que le prochain coup c’est elle qui risque de gagner », met en garde l’ancien maire de Lyon.
Les déclarations de l’ancien ministre ont alimenté les critiques d’une partie de la classe politique contre Emmanuel Macron. « Le témoignage de Gérard Collomb confirme la vision immigrationniste qu’Emmanuel Macron n’a en réalité jamais cessée d’avoir », a ainsi jugé l’ancienne présidente du Rassemblement national sur son compte Twitter.
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