Salomé Vincendon

Une hausse modérée de contaminations au Covid-19 est observée depuis plusieurs jours en France. Un début de rebond surveillé de près.

L’épidémie de Covid-19 a commencé ces derniers jours à rebondir en France avec une reprise des contaminations: le taux d’incidence est en hausse de 25% sur sept jours, et près de 22.000 cas positifs sont identifiés chaque jour sur la dernière semaine (+25%). Les chiffres des nouvelles hospitalisations quotidiennes et de la mortalité restent toutefois toujours en baisse, pour le moment.

Mais les deux années de pandémie ont entrainé une certaine inquiétude quant à ces hausses de contamination. Alors faut-il s’inquiéter?

• Quelle incidence des sous-variants BA.4 et BA.5?

La prolifération des sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5 en France est l’une des raisons de la remontée épidémique actuelle. « En Afrique du Sud, où ils circulent majoritairement, ils ont remplacé BA.2 et sont associés à une nouvelle vague épidémique », expliquait Santé Publique France dans un rapport du 31 mai. Et au Portugal, « BA.5 croît de manière exponentielle ». Il a depuis remplacé le variant majoritaire BA.2.

En France, « pour l’instant on a à peu près 18% de BA.4 ou BA.5, et le reste en BA.2. Mais on peut passer de 18% à 85% en 15 jours », explique à BFMTV l’épidémiologiste Catherine Hill. « Le nombre de morts augmente au Portugal, et en France il diminuait, et il est en train d’arrêter de diminuer », souligne-t-elle.

Toutefois, ce sous-variant ne semble pas plus virulent qu’Omicron, et si une vague de contaminations est observée, il est possible que cela se répercute peu sur les hospitalisations.

« A ce jour, il n’y a pas de signal qui laisse penser que BA.4 ou BA.5 sont plus sévères que les autres lignages d’Omicron », remarque l’épidémiologiste Anna Maisa.

« C’est vrai qu’on observe une remontée du taux d’incidence liée à l’apparition de sous-variants comme on l’a vu au Portugal avec le BA.5 », explique sur BFMTV Frédéric Adnet chef du service des urgences de l’hôpital Avicenne (Seine-Saint-Denis). « On observe au Portugal qu’on a dépassé le pic de cette cinquième vague, que c’est en train de redescendre, et que l’impact hospitalier en terme de nombre de patients en réanimation, de nombre de décès ou de nombre d’hospitalisations était relativement faible. Rien à voir avec les vagues précédentes ».

• La protection immunitaire en baisse

L’autre point à regarder de près dans cette hausse des contaminations, c’est le niveau de protection immunitaire, car « l’effet des troisièmes doses de vaccination qui, pour la plupart, sont intervenues au mois de février-mars, est en train de diminuer », explique à France Info Philippe Amouyel, professeur de Santé Publique au CHU de Lille (Nord). Cela signifie qu’une nouvelle vague circulerait plus facilement.

Pour les personnes naturellement contaminées par Omicron, l’immunité développée « permet d’être protégé pendant trois à quatre mois, donc on pourrait être à un creux de la baisse du bouclier immunitaire ».

« Si on devait avoir une inquiétude c’est cette immunité qui est transitoire, de l’ordre de trois à six mois, et en octobre probablement que l’immunité collective va diminuer », abonde Frédéric Adnet. Pour y palier, il évoque la mise en place future d’une campagne de rappel vaccinal avec de nouveaux vaccins, potentiellement plus efficaces contre les nouveaux variants, mais aussi de nouveaux médicaments antiviraux pour lutter contre le Covid-19.

• Le relâchement des gestes barrières cet été

D’autre part, avec la tombée des masques dans les transports, la levée de quasiment toutes les restrictions contre le Covid-19, et l’arrivée de l’été et de grands rassemblements comme les festivals de musique, le risque de circulation est forcément plus élevé.

« Les masques, plus personne n’en utilise, et puis la distance sociale n’est plus respectée. En plus de cela, toutes les activités ont repris, alors le virus va évidemment circuler », lance Didier Pittet, infectiologue aux hôpitaux universitaires de Genève, sur Europe 1.

A l’été, la crainte de certains professionnels de santé est aussi de voir les hôpitaux surchargés par une nouvelle vague. « La situation va s’aggraver cet été parce qu’il faut bien que les personnels prennent leurs vacances, et puis nous avons des démissions tous les jours« , rappelle Christophe Prudhomme, médecin urgentiste à l’hôpital Avicenne.

« Il va y avoir des malades Covid, en plus des autres malades qu’on n’arrive déjà pas à prendre en charge, ça va être la catastrophe », craint-il.

• « On est vigilant mais on n’est pas inquiet »

Mais s’il le prend au sérieux, Frédéric Adnet ne panique pas pour autant face à ce rebond épidémique.

Pour l’instant, avec les données actuelles, « on est vigilant mais on n’est pas inquiet, on n’a pas un signal hospitalier fort d’une remontée de la morbidité liée à cette remontée d’incidence », déclare-t-il.

« Le vrai signal d’une gravité ce serait une remontée de la mortalité, une remontée du nombre de patients en réanimation. Là ce serait des chiffres réellement inquiétants », qui n’apparaissent pas pour le moment.

Il est « très difficile de prédire l’ampleur » de cette vague, confie l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique, au Parisien, ajoutant s’attendre « à une reprise des cas, sans reprise forte des hospitalisations ».

Pour Didier Pitter, la hausse à venir correspondrait plus à une vaguelette qu’à des vagues de contaminations telles qu’on a connues, rapporte Europe 1. « Je ne pense pas qu’on va revivre ce qu’on a vécu avec la première vague, on rentre dans une gestion d’une maladie endémique respiratoire qui a une certaine mortalité, morbidité », appuie Frédéric Adnet.

Salomé Vincendon Journaliste BFMTV

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