À Blois, des chasseurs ont été mandatés pour éliminer des pigeons accusés de « souiller » les tombes d’un cimetière. Interpellée par une association, la municipalité a suspendu les prélèvements.
Attention, « chasse en cours ». Ce panneau n’était pas disposé à l’entrée d’une forêt mais bien sur les grilles d’un cimetière de la ville de Blois (Loir-et-Cher), lundi 25 mars.
Également placardé, un arrêté municipal indique qu’il s’agit en fait d' »opérations » ordonnées par la ville « en vue de la destruction de pigeons ramiers et d’étourneaux sansonnets dans l’enceinte du cimetière ». Toujours selon l’arrêté, les volatiles « souillent » les pierres tombales avec leurs déjections, ce qui ne permet pas « à ces sépultures de garantir le respect dû aux morts ».
Les prélèvements – prévus les 12, 20, 26 et 28 mars – doivent être effectués par des tireurs choisis par un « lieutenant de louveterie », lequel doit s’assurer que ces derniers sont bien « en possession d’un permis de chasse », précise le document.
« Un ball-trap » en pleine ville
L’initiative a surpris l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), qui s’en est émue sur le réseau social X.
« Tuer les vivants pour mieux respecter les morts… Telle est la consternante politique de destruction menée par la ville de Blois! », peut-on lire dans un post publié lundi.
Contactée par BFMTV.com, l’association dit avoir été alertée par un habitant de la ville, surpris par les coups de feu. « Un ball-trap sur des cibles vivantes en plein centre-ville, c’est vraiment choquant », s’insurge Richard Holding, responsable communication de l’Aspas. « En plus, nous entrons dans la période de nidification, qui commence de plus en plus tôt à cause du changement climatique », ajoute-t-il.
« Il y a régulièrement des battues administratives contre des nuisibles, mais dans un cimetière, c’est la première fois qu’on voit ça », s’étonne le responsable. Si l’Aspas n’a pas encore saisi la justice, il précise que son association a déjà fait suspendre des opérations de « prélèvement » similaires, comme des tirs sur des corbeaux en Haute-Vienne en 2020.
Les tirs suspendus
Interpellée par ces défenseurs de la faune sauvage, la ville de Blois indique à BFMTV.com avoir suspendu les deux derniers prélèvements, prévus ce mercredi 26 mars et vendredi 28 mars, pour « faire le point sur la situation ».
La ville précise que ces tirs ne sont pas nouveaux. Des prélèvements de pigeons ont déjà été organisés dans le même cimetière en 2022 et 2023. Cette méthode a été choisie après l’échec d’autres techniques moins violentes, comme l’effarouchement par le bruit ou les oiseaux de proies.
« On a tout essayé. Mais les pigeons finissent toujours par revenir quelques semaines plus tard. Ils sont d’autant plus difficiles à éloigner que c’est un oiseau qui revient nicher où il est né », précise-t-on à Blois.
Selon la municipalité, quelque 600 tombes du cimetière sont dégradées par les déjections des pigeons. « Des familles se sont plaintes », assure-t-on encore du côté de la mairie.
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