> Cet article fait le point sur le rôle des professionnels de santé dans le suivi du diabète.

Le médecin généraliste

Mes missions : ma formation me destine à prendre en compte les problèmes de mes patients d’une manière globale, c’est à dire d’analyser leurs situations à la fois sur les plans médical, psychologique et social. Beaucoup de malades souffrent de plusieurs maladies chroniques. Je m’intéresse à chacune d’entre-elles, et je gère avec mon patient tous les problèmes qu’elles entraînent.

 

En tant que médecin généraliste, je suis également un médecin de famille : je soigne souvent plusieurs générations d’une même famille.

 

Les problèmes que je rencontre à propos du diabète : c’est une maladie silencieuse, et il est difficile pour mes patients de changer leurs habitudes de vie, alors qu’elles sont ancrées dans les pratiques de plusieurs générations.

 

Ce qui me pose problème aussi, c’est de pouvoir trouver le temps de gérer plusieurs problèmes dans une seule consultation. Le temps moyen d’une consultation de médecin généraliste en France est de 16 minutes.

 

Il est difficile de dépasser 20 à 30 minutes pour une seule consultation. Il est important que les patients prennent en compte cette contingence.

 

 

Ce qui me paraît très important à faire passer comme message, du point de vue de la médecine générale, c’est l’importance de l’alimentation et de l’activité physique. Je vois trop de personnes diabétiques qui sont obèses, qui ont du  mal à bouger, et qui ne se sentent pas motivées pour changer de comportement.

 

Le diabétologue

 

Les diabétologues sont formés spécifiquement à la prise en charge du diabète, comme bon nombre d’endocrinologues.

Ils peuvent intervenir dans différentes circonstances :

 

– dans le cas de diabète de type 1, en raison de la complexité du traitement,
– dans le cas du diabète de type 2, quand  il devient nécessaire de réaliser plusieurs injections d’insulines par jour,
– ou quand  le médecin généraliste a besoin d’un avis, pour un traitement qui ne parvient plus à équilibrer le diabète.

 

Le diabétologue peut aussi mettre en place une éducation du patient, soit dans le cadre de consultations, soit au mieux dans un service de diabétologie.

 

Une hospitalisation de quelques jours est parfois nécessaire pour faire un point sur le diabète, les besoins du patient en termes de traitement, pour faire le bilan des éventuelles complications.

 

Le cardiologue

 

Les maladies cardio-vasculaires sont une des principales complications du diabète.

 

Très souvent, elles sont silencieuses, et les diabétiques souffrant d’insuffisance coronarienne ne ressentent pas de douleurs qui pourraient les alerter.

 

C’est encore trop souvent que je vois des diabétiques qui ont fait un infarctus du myocarde sans ressentir de douleur, mais qui présentent les complications comme une insuffisance cardiaque avec un essoufflement.

 

Il est impératif qu’un bilan cardiologique soit fait une fois par an, et que les personnes diabétiques à haut risque cardiovasculaire prennent les traitements protecteurs qui leur sont prescrits.

Nous savons tous que cela fait souvent beaucoup de médicaments à prendre, que ces médicaments peuvent entrainer des effets secondaires gênants,  que cela est une contrainte, mais c’est à ce prix que l’on peut éviter des accidents cardiovasculaires qui peuvent être très graves.

 

La diététique et l’activité physique régulière sont la base du traitement.

Avant de reprendre une activité physique après plusieurs années d’interruption ou en cas de diabète, un électrocardiogramme d’effort peut être indiqué.

Ophtalmologistes, podologues, infirmières dans le suivi du diabète

L’ophtalmologiste

 

Le diabète est une maladie qui peut toucher la rétine, avec un risque de perdre la vue. Le diabète favorise également la cataracte (l’opacité du cristallin).

Pour toutes ces raisons, un contrôle régulier de la vue et de la rétine est nécessaire. Cela consiste en un examen approfondi de l’œil, avec un examen de la rétine tous les ans ou tous les 2 ans. Cet examen nécessite le plus souvent une dilatation de la pupille avec quelques gouttes.

 

C’est gênant, parce que la personne voit flou pendant plusieurs heures après l’examen, et ne peut pas conduire ou travailler. Cet inconvénient est passager (2 à 4 heures), mais cela veut dire que cet examen doit être programmé.

 

Il existe des appareils qui permettent de prendre une photographie de la rétine sans dilatation (les rétinographes non mydriatiques), mais il est cependant parfois nécessaire de faire une dilatation de la pupille pour bien voir la rétine.

 

Cet examen n’est possible que s’il n’y a pas de complication oculaire du diabète. Sinon, un examen approfondi avec dilatation est nécessaire.

 

J’insiste pour que toute personne diabétique voie régulièrement un ophtalmologiste, dès le début de la maladie.
Certaines maladies de la rétine peuvent contre-indiquer certaines activités physiques.

 

C’est une raison supplémentaire pour consulter régulièrement sont ophtalmologiste.

 

Le podologue

Le diabète peut entraîner des complications au niveau du pied : des déformations, des callosités, des mycoses entre les orteils ou sur la plante du pied.

 

Une plaie du pied, même minime, peut dégénérer rapidement chez une personne diabétique. Un des signes les plus précoces du diabète au niveau des pieds et la diminution de la sensibilité.

 

Celle-ci doit être testée une fois par an par le médecin traitant, à l’aide d’un diapason (dont on doit sentir les vibrations appliquées sur un os de la cheville) ou à l’aide d’un monofilament dont on doit sentir la pression sur le dos et la plante du pied et sur la pulpe des orteils (le monofilament est un petit fil de nylon qui applique une pression toujours identique de 10 g/cm²).

 

Cela m’arrive trop fréquemment encore de voir des plaies du pied qui ne cicatrisent pas en raison des troubles vasculaires et neurologiques.

 

Mon travail est d’abord celui d’une prévention :

– apprendre à prendre soin de ses pieds, en les lavant et en les séchant soigneusement, pour éviter les mycoses ;

– apprendre à examiner ses pieds tous les jours, en utilisant éventuellement un miroir pour examiner la plante du pied si l’on n’est pas souple ;

– s’il existe des troubles de la sensibilité, apprendre à choisir des chaussures adaptées, et à vérifier avant de les enfiler qu’il n’y a pas de corps étranger à l’intérieur ;

– C’est aussi faire des semelles adaptées en cas de déformation du pied.

Je voudrais insister sur l’importance à prendre soin de ses pieds, et de consulter son médecin en cas de plaie du pied, même minime.

 

 

L’infirmière

Dans mon métier, je vois les personnes diabétiques dans plusieurs circonstances :

 

– pour réaliser les prises de sang et les analyses qui leurs sont demandées par leur médecin traitant,

–  pour des injections d’insuline, pour former le patient à réaliser lui-même ses mesures de glycémie au bout du doigt, à ajuster ses doses d’insuline et à pratiquer ses injections,

– pour les personnes de plus de 75 ans, mettre en œuvre un protocole de surveillance et d’éducation à domicile.

 

Les patients se confient plus volontiers qu’à un médecin, et je suis témoin de leur souffrance par rapport à cette maladie : beaucoup de patients ont l’impression « de ne pas y arriver » avec leur diabète, de vivre leur maladie comme une contrainte très forte.

 

Ils disent souvent ne pas trouver chez leur médecin l’écoute qu’ils souhaiteraient.

 

Je vois aussi des personnes diabétiques qui ont fait des complications, que ce soit pour des pansements pour une plaie du pied, ou après un accident vasculaire cérébral et des soins à domicile quotidiens.

 

Pour moi, le diabète est une maladie qui entraine très souvent une souffrance, mais aussi des complications lourdes.

En allant au domicile des patients, je peux les aider à gérer leurs prises médicamenteuses. Je peux aussi expliquer à quoi servent les examens qui ont été prescrits.

Souvent, les patients me demandent à qui ils peuvent s’adresser pour des problèmes de la vie courante en relation avec leur maladie.

Je suis aussi amenée à faire des pansements pour des plaies chroniques en rapport avec le diabète.

Ce que je regrette, c’est de ne pas avoir plus de temps à consacrer à chaque patient : chaque journée est une course pour réaliser tous les soins qui sont prescrits.

Diététiciens, dentistes, biologistes et le suivi du diabète

La diététicienne

Mon travail consiste à aider les patients à faire le point sur leur alimentation, et leur permettre d’avoir des repas adaptés à leur maladie. Dans le diabète, la diététique est la base du traitement.

 

Il n’y a pas de régime diabétique : les personnes diabétiques devraient manger comme tout le monde devrait manger, c’est à dire équilibré.

 

Le premier temps de mon travail est d’analyser avec la personne sa façon de manger. Je demande souvent de noter pendant 3 jours, sur une fiche de recueil, tout ce que mange et boit la personne.

 

C’est à partir de ce recueil, de ce qui plait dans l’alimentation, et en fonction des objectifs de poids et de glycémie, que je peux proposer des recettes adaptées.

 

Il ne s’agit pas de faire un régime restrictif, mais de continuer à se faire plaisir en mangeant des plats adaptés à sa maladie.

En général, 2 ou 3 consultations peuvent suffire pour débuter. Un bilan à quelques semaines ou quelques mois de distance est souvent nécessaire.

Ce qui me paraît important, c’est de conserver ou même d’enrichir le plaisir pris en mangeant. Ce n’est pas parce qu’on est diabétique que l’on doit manger tristement.

 

Le dentiste

Le diabète facilite les problèmes dentaires, notamment les infections des gencives, et les infections de la bouche et des dents peuvent déséquilibrer le diabète.

Il ne faut pas oublier que les gencives représentent une surface comparable à celle de la paume de la main. Une infection de cette surface entraîne un risque important.

 

C’est pourquoi les personnes diabétiques, comme toutes les autres, doivent consulter leur dentiste au moins une fois par an.

 

Le biologiste

 

Je vois les patients diabétiques dans mon laboratoire tous les 3 mois pour leurs prises de sang pour le dosage de l’hémoglobine glyquée, et une fois par an pour une prise de sang plus complète, et, si le médecin le demande, une recherche de protéines dans les urines.

Pour le dosage de l’hémoglobine glyquée, il n’y a pas besoin d’être à jeun.

 

Pour l’analyse annuelle, il faut absolument être à jeun, et ne pas avoir mangé ni bu autre chose que de l’eau depuis au moins 12 heures.

 

Sinon, cela risque de perturber les dosages du cholestérol et de la glycémie.

 

Si d’autres dosages sont nécessaires, il ne faut hésiter à me demander s’il est nécessaire d’être à jeun.

L’assistante sociale et le pharmacien dans le suivi du diabète

L’assistante sociale

 

L’assistante sociale est souvent oubliée lorsque l’on liste les intervenants auprès des personnes diabétiques. Pourtant, le diabète entraine souvent des répercussions sociales importantes.

 

Il y a quelques informations qu’il faut connaître et que je suis souvent amenée à expliquer aux personnes diabétiques :

 

Assurance et voiture :

 

Il faut déclarer par courrier recommandé que vous êtes diabétique (article 113-8 du Code des Assurances). Sinon, en cas d’accident, votre assurance risque de ne pas vous couvrir.

 

Crédits

 

Les diabétiques peuvent faire un emprunt sous certaines conditions. L’Association Française des Diabétiques (AFD) négocie, pour ses adhérents, des tarifs préférentiels avec une compagnie d’assurance.

Les malades du diabète de type 2 sont remboursés à 100 %, puisque le diabète fait partie des 30 affections de longue durée.

 

Attention : de nouvelles dispositions réglementaires modifient la prise en charge des bandelettes (électrodes) utilisées pour l’auto surveillance glycémique : 200 bandelettes sont remboursées par an pour les patients atteints d’un diabète de type 2, non traités par insuline.

Travail

 

Il n’y a pas d’obligation pour un diabétique de déclarer sa maladie à son employeur et le diabète n’empêche en rien le patient de continuer à travailler normalement.

 

Par contre, il est indispensable d’en parler au médecin du travail.

 

Certaines professions ne peuvent plus être exercées en cas de diabète de type 1 ou insulino-requérant. Un employeur ne doit pas vous demander d’examen médical avant de vous embaucher ni vous demander quoique ce soit concernant votre état de santé.

 

En revanche, pour certains postes (sportifs, conduite d’engins, …), il est nécessaire de fournir un certificat d’aptitude rédigé par le médecin du travail.

 

Il est toutefois conseillé d’en informer au moins un de ses collègues ou une personne de confiance, qui pourra prendre des initiatives, par exemple en cas d’hypoglycémie sur le lieu de travail.

 

Voyages

 

Demander la carte européenne d’assurance maladie (CEAM) au moins 15 jours avant votre départ, à votre caisse d’Assurance Maladie. La CEAM est valable un an. Elle est individuelle et nominative.

 

Chaque membre de votre famille doit avoir la sienne, y compris les enfants de moins de 16 ans. Aucun document n’est à fournir lors de votre demande.

Ayez toujours sur vous votre carte de diabétique et votre traitement (avec l’ordonnance).

 

Permis de conduire

 

Les personnes atteintes du diabète désireuses de passer le permis B ont l’obligation de déclarer leur maladie à la préfecture dont elles dépendent.

 

Elles obtiendront alors un permis de conduire temporaire (de 6 mois à 5 ans).

 

A la fin de l’échéance, un certificat médical d’aptitude à la conduite délivré par un généraliste, permettra de renouveler la licence.

En France, le permis poids lourd est retiré à toute personne diabétique.

D’autres licences sont également soumises à diverses conditions. Par exemple, il est impossible d’obtenir une licence de pilote lorsqu’on est diabétique.

 

– Si le diabète apparaît après l’obtention de la licence, il faut rechercher l’existence éventuelle de complications (cardio-vasculaires, ophtalmologiques, neurologiques…) qui pourraient déclencher une inaptitude.

– Si le diabète est équilibré par un simple régime : aptitude.

– Si le diabète nécessite un traitement type Biguanides, l’aptitude sera obtenue par dérogation et sans restriction.

– Si le diabète nécessite l’utilisation d’insuline ou de Sulfamides hypoglycémiants,  l’INAPTITUDE est de règle.

 

Il y a d‘autres droits et devoirs des personnes diabétiques utiles à connaître. N’hésitez pas pour cela de consulter l’Association Française des Diabétiques, qui dispose d’informations très utiles, ou l’assistante sociale de cotre caisse d’assurance maladie.

Le pharmacien

 

La pharmacie est un passage obligé pour se procurer les médicaments. J’ai aussi un rôle de contrôle des ordonnances, notamment sur les prescrites et les interactions entre les médicaments.

 

Si besoin, je peux contacter le médecin prescripteur pour discuter avec lui de l’ordonnance.

 

Je peux répondre à vos questions sur les médicaments, sur la manière de les prendre. Vous pouvez me signaler les effets secondaires que vous rencontrez.

 

Je peux aussi vous apprendre à utiliser un lecteur de glycémie, ou vous dépanner en cas de problème avec celui-ci.

 

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A lire sur le diabète

Mon diabète et moi
La prise en charge du diabète
Les troubles associés au diabète
Savoir utiliser un lecteur de glycémie
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