Hyperthyroïdie : définition
L’hyperthyroïdie est provoquée par un excès d’hormones thyroïdiennes, le plus souvent secrétées par la glande thyroïde située à la base du cou. Les hormones en excès s’appellent T3 et T4 ; elles contiennent de l’iode (soit trois – T3, soit quatre atomes – T4). La forme majeure d’hyperthyroïdie est la thyrotoxicose.
La HAS définit ainsi l’hyperthyroïdie de l’adulte :
• l’hyperthyroïdie clinique patente ou avérée correspond à l’association de signes cliniques francs et d’une biologie perturbée (TSH basse, T4 et/ou T3 élevées) ;
• l’hyperthyroïdie infraclinique appelée fruste ou asymptomatique correspond à des symptômes frustes (discrets) et une biologie perturbée (TSH est basse, T4 et/ou T3 normaux ou à la limite supérieure de la normale .
La TSH, la T4 libre (T4L) et la T3 libre (T3L) sont qualifiées d’anormales lorsque leurs valeurs sont supérieures ou inférieures aux bornes de normalité données par le laboratoire d’analyse.
L’hyperthyroïdie n’est pas une maladie en soi, mais un syndrome (une situation clinique) ; il faut définir son origine pour la traiter.
Risques et conséquences de l’hyperthyroïdie
L’hyperthyroïdie épuise l’organisme en lui imposant une hyperactivité générale cellulaire. Quand celle-ci est élevée, on parle de thyrotoxicose. Elle est dangereuse pour les cellules cardiaques (troubles du rythme, tachycardie, augmentation de la pression artérielle, décès chez les personnes au cœur fragile), mais aussi les cellules nerveuses (décompensation d’une psychose, hyperactivité désordonnée, agitation, crise d’angoisse majeure).
Ces risques s’ajoutent ceux de la cause de l’hyperthyroïdie : une maladie auto-immune (anticorps contre l’organisme lui-même), ou une tumeur qui secrètent des hormones.
L’hyperthyroïdie frapperait 1 à 2% de la population, huit fois plus les femmes que les hommes. Cette proportion s’élève chez les plus de 65 ans (AMMPPU, 2004). Elle est plus fréquente dans certaines familles pour des raisons génétiques (maladie de Basedow).
Sa forme fruste est très fréquente et moins spécifiquement féminine, elle s’étend avec l’avance en âge : 5-6% de la population à 80 ans et plus (Goichot et coll. Médecine Thérapeutique, 4è trimestre, 2008). De même 5% des femmes ayant accouché auraient une thyroïdite fruste transitoire et méconnue (Collège des enseignements en endocrinologie, décembre 2004).
Causes et mécanismes de l’hyperthyroïdie
Les hormones thyroïdiennes agissent dans le noyau des cellules directement sur les gènes. Elles sont très puissantes et précisément régulées. Cette régulation est débordée dans plusieurs cas.
Ce peut être une sur-stimulation de la glande par la TSH (thyroid stimulating hormon). Cette hormone est secrétée par l’hypophyse sur ordre de l’hypothalamus, tous deux situés à la base du cerveau. Quand le taux d’hormone thyroïdiennes dans le sang s’abaisse, l’hypothalamus stimule l’hypophyse qui secrète de la TSH pour réveiller la thyroïde. Quant ce taux s’élève, la TSH diminue, voire s’annule. Une hyperthyroïdie se détecte donc en mesurant le taux sanguin de TSH.
Certains nodules de la thyroïde peuvent être toxiques en échappant à la régulation de la TSH et en secrétant sans retenue la T3 et la T4 même quand la TSH est basse : goitre multinodulaire toxique, adénome toxique, cancer.
Le plus souvent, la stimulation est d’origine immune, par des anticorps, lors d’une maladie auto-immune : maladie de Basedow, maladie de Hashimoto à son début, thyroïdite de de Quervain, ou bien thyroïdite du post-portum (après l’accouchement).
De façon non négligeable, il s’agit de la prise excessive d’hormone thyroïdienne, soit pour maigrir artificiellement, soit par excès d’un traitement de substitution après une chirurgie de la glande. Ces interventions sont assez fréquentes, car il est parfaitement possible de bien vivre sans thyroïde avec un traitement substitutif.
La surcharge en iode peut provoquer une poussée d’hyperthyroïdie. Elle est le plus souvent la conséquence de médicaments ou d’examens connus pour apporter de l’iode. Rarement il s’agit d’un accident nucléaire exigeant la prise massive d’iode dans les heures de la dispersion atmosphérique d’iode radioactif.
Il existe aussi des hyperthyroïdies de stress, transitoires, qu’il faut contrôler de crainte qu’elles ne persistent de manière autonome.
Symptômes et signes de l’hyperthyroïdie
Outre les signes cardiaques toujours perceptibles (tachycardie, troubles du rythme) et l’agitation psychique avec insomnie, l’augmentation du métabolisme énergétique provoque un amaigrissement, une fonte musculaire, ainsi qu’une fragilisation osseuse. Les graisses brûlent, et le sucre sanguin s’élève. La fatigue est générale et le corps tremble. Il peut y avoir une fièvre permanente, des sueurs profuses. L’accélération du transit digestif provoque de la diarrhée.
Ces signes ne sont pas forcément présents tous en même temps et parfois il n’y a aucun symptôme manifeste.
Dans la maladie de Basedow, un goitre (augmentation du volume de la glande thyroïde) peut apparaître ainsi qu’une exophtalmie (yeux exorbités). Ces signes sont très caractéristiques, même s’il existe des goitres dits « euthyroïdiens », sans hyperthyroïdie.
Hyperthyroïdie – Prévention
Avec quoi ne faut-il pas le confondre ?
L’hyperthyroïdie présente des symptômes proches de la phase maniaque des troubles bipolaires, où l’on retrouve l’excitation, la perte de poids, les troubles du sommeil. Mais le contexte psychique est ici différent et le bilan biologique montre un taux anormal d’hormones thyroïdiennes et de TSH.
Les autres erreurs diagnostiques sont plus rares, car l’ensemble des signes généraux d’hyperthyroïdie est très évocateur.
Y a-t-il une prévention possible ?
Il n’existe pas de réelle prévention de l’hyperthyroïdie mais on peut veiller à ne pas surconsommer d’iode (eau, aliments et sel de table). La surcharge en iode est habituellement d’origine médicamenteuse, comme les personnes prenant de la Cordarone® prescrite aux cardiaques.
Les situations de stress émotionnel favorisant la stimulation de l’hypothalamus et les réactions auto-immunes, il est conseillé d’avoir une hygiène bien contrôlée et une vie aussi agréable que possible, particulièrement lors d’antécédents familiaux thyroïdiens.
Hyperthyroïdie – Préparer sa consultation
A quel moment consulter ?
Il faut consulter rapidement quand un ou plusieurs symptômes se manifestent, en raison de la mauvaise tolérance et des risques d’une thyrotoxicose.
Certaines hyperthyroïdies témoignent d’un cancer de la glande qu’il faut traiter au plus vite.
Comment préparer la consultation avec le médecin ?
Il faut décrire le plus précisément possible les symptômes ressentis, leur date d’apparition et surtout les antécédents familiaux et personnels de maladie thyroïdienne. La liste des médicaments pris et des examens faits (avec produit de contraste iodé) est indispensable.
Que fait le médecin ?
Après examen complet avec électrocardiogramme, il propose un bilan biologique pour préciser le diagnostic.
Il s’agit des dosages hormonaux (T4 libre, TSH, éventuellement thyroglobuline), une échographie thyroïdienne (par un professionnel entraîné). Une mesure de l’iode dans les urines (iodurie) dépiste une surcharge en iode.
La scintigraphie de la glande est au mieux décidée par un spécialiste, auquel le généraliste adresse le patient pour bilan approfondi.
Selon l’origine de l’hyperthyroïdie on recourt à des médicaments (maladie auto-immune) ou à la chirurgie (nodules, thyrotoxicose). Dans ce dernier cas, il faut corriger le manque d’hormones par un traitement d’hormones substitutives à vie.
Chez les personnes déjà sous traitement substitutif thyroïdien et manifestant un dérèglement de la prescription, la correction doit être rapide pour limiter l’épuisement cellulaire. La suppression de toute automédication dissimulée pour maigrir est aussi indispensable, elle réclame la parfaite collaboration du patient.
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à retenir
Information sur l’hyperthyroïdie
L’hyperthyroïdie correspondant un excès sanguin d’hormones thyroïdiennes. Les causes principales sont une maladie auto-immune (maladie de Basedow), les nodules thyroïdiens et l’inflammation de la thyroïde (thyroïdite). Le plus souvent, une fois la cause identifiée, des traitements efficaces sont possibles mais ils sont parfois à prendre à vie. La cure chirurgicale radicale impose aussi un traitement substitutif à vie.