La direction de l’équipementier automobile a annoncé ce mercredi la fermeture de deux usines à Argentan (Orne) et Saint-Julien-du-Sault (Yonne).
L’équipementier automobile Marelli a annoncé la fermeture de deux usines françaises, selon les syndicats et une communication de la direction obtenue par l’AFP, menacant près de 300 emplois à Argentan (Orne) et Saint-Julien-du-Sault (Yonne). Pour la plus grande des deux, dans l’Orne, la direction a annoncé mercredi un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), qui devrait se solder par la fermeture début 2024 du site et le licenciement de ses 167 salariés, selon l’intersyndicale CGT, CFE-CGC, CFDT.
L’entreprise a aussi annoncé dans un communiqué obtenu par l’AFP la fermeture de l’usine à Saint-Julien-du-Sault (Yonne), menaçant « 125 postes ».
Marelli a expliqué que « ces deux dernières années l’usine n’a travaillé qu’à 30% de sa capacité », « fait état d’une perte d’exploitation significative de plus de 24 millions d’euros entre 2018 et 2022 » et a jugé que les « prévisions de marché sont négatives pour les années à venir ». Une grève avait ébranlé cette usine de l’Yonne en novembre 2021, les salariés craignant déjà une fermeture du site où sont fabriqués des phares arrières haut de gamme pour voiture.
Délocalisation en Slovaquie
A Argentan, l’intersyndicale a indiqué dans un communiqué: « Après plusieurs mois de mensonges et de tromperies de la part de la direction du groupe Marelli, la sentence est tombée: l’ouverture d’un PSE avec pour seule perspective, une fermeture définitive début 2024 du site historique Marelli basé à Argentan depuis 1970 ». Cette ancienne usine Solex produit des boîtiers papillons, qui alimentent en air les moteurs à essence, pour des voitures de nombreuses marques, mais aussi pour des motos BMW, par exemple.
L’annonce « n’est que la conclusion d’un processus de délocalisation décidé et engagé par le groupe depuis plusieurs mois », ont regretté la CGT, CFE-CGC et CFDT, qui y voient notamment l’influence de l’actionnaire majoritaire, le fonds américain KKR. Contactés par l’AFP, des représentants de la direction de l’usine n’ont pas réagi mercredi. Au début de l’année, les salariés avaient fait grève pendant trois semaines, après avoir découvert fin 2022 des éléments leur faisant craindre une délocalisation des activités de l’usine, notamment en Slovaquie.
Le mouvement social s’était soldé par un accord avec la direction leur garantissant un an de sursis, où trois autres pistes, dont celle d’un repreneur potentiel, étaient évoquées, a précisé à l’AFP un représentant de l’intersyndicale joint par téléphone. « Ces trois pistes sont tombées à l’eau, on a appris en juillet que le repreneur jetait l’éponge », a précisé la même source, « pour autant, on pensait être protégé jusqu’au début 2024, grâce à l’accord ».
« Incompréhension »
A la fin du PSE, qui devrait « prendre trois mois », « 167 salariés se retrouveront sans emploi, face au transfert évoqué de nos lignes de production en Slovaquie », a indiqué le représentant de l’intersyndicale. « On ne s’attendait pas à ça, les gens ont vraiment pris un coup sur la tête », a estimé cette source, même si depuis la fermeture il y a deux semaines d’une « usine soeur » en Italie, une fonderie qui livrait les pièces à Argentan pour l’assemblage, « on était très très pessimiste ».
L’annonce a créé « beaucoup d’émotion, certaines personnes pleuraient », a-t-il poursuivi, soulignant que certains « travaillaient là depuis 40 ans ». Le maire d’Argentan, Frédéric Leveillé, a apporté dans un communiqué son « soutien » aux salariés de l’usine, évoquant une « décision funeste » pour les travailleurs et le territoire.
« Cette décision est pour nous tous une incompréhension, car deux audits récents commandés (…) ont démontré la compétitivité du site », a-t-il indiqué, « Je dénonce fermement la décision du fonds de pension américano-japonais KKR, actionnaire majoritaire de Marelli, de sacrifier l’usine d’Argentan, dans l’unique objectif d’une recherche de rentabilité à court terme ». Un CSE extraordinaire aura lieu le 12 octobre.
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