Les équipes de soigneurs notent une hypothermie et une forte maigreur chez les oiseaux récupérés sur les plages. La raison de ces échouages est pour l’heure à déterminer.
Sept petits oiseaux marins noir et blanc, dressés sur leurs deux pattes, marchent prudemment sur le sable, avant de se jeter à l’eau. Dans cette vidéo publiée par l’association de défense des océans Sea Sheperd, des guillemots de Troïl regagnent l’océan après avoir été rescapés et soignés dans un centre.
Ils font partie des centaines d’individus échoués sur le littoral Atlantique ces dernières semaines, particulièrement en Vendée, mais également sur les côtes de la Bretagne et de la Manche.
« Les données collectées depuis le début de l’année grâce à nos bénévoles indiquent clairement une forte mortalité, avec près de 250 guillemots échoués, dont 172 depuis le début de février », écrivait ce vendredi la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).
Échouage massif
« Depuis cinq semaines, nos équipes patrouillent sur les plages de Vendée et nous avons comptabilisé plus de 130 cadavres de guillemots sur une seule portion de plages de 120km », abonde dans le même sens Sea Sheperd.
Et les spécialistes soulignent qu’il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg, la majorité de ces guillemots de Troïl étant probablement morts en mer, sans s’échouer ensuite sur nos plages.
Comme le rappelle la LPO, en fin d’année dernière, de nombreux oiseaux marins avaient déjà été retrouvés en masse sur la façade ouest du pays, à l’instar des fous de Bassan ou des mouettes de Sabine. Aujourd’hui, ce sont les guillemots de Troïl qui sont concernés.
Hypothermie et malnutrition
Comment expliquer cette hécatombe? Les équipes de soigneurs notent une hypothermie et une forte maigreur chez les oiseaux échoués. « Leur poids moyen se situait à 590 grammes et pouvait descendre jusqu’à 430 grammes. Bien en-deçà des 900 grammes classiques pour les guillemots », précise la LPO.
« Sur la trentaine de guillemots réceptionnés au sein du centre breton Sea Shepherd Rescue, tous avaient perdu plus de 25% de leur poids et leur température corporelle était 3°C inférieure à la normale », détaille également Sea Sheperd.
Selon les premières observations, la grippe aviaire ne semble pas impliquée. Selon Sea Sheperd, « l’hypothèse la plus plausible à l’heure actuelle pour expliquer cette hécatombe en cours est la raréfaction de la nourriture ».
Un hiver marqué par les tempêtes
Auprès de Ouest-France, Vincent Pipaud, président de la LPO Vendée, explique que les guillemots « viennent sur terre pour se reproduire et sont en mer le reste du temps pour pêcher et se reposer ».
« Ils sont résistants mais sensibles aux tempêtes, on peut imaginer que le cumul d’épisodes tempétueux commence à les fatiguer », indique-t-il.
Les intempéries accentuent les difficultés pour trouver de la nourriture, pour être bien nourris et pour maintenir leur température corporelle.
Manque de nourriture
De son côté, Sea Sheperd pointe aussi la surpêche, le changement climatique « ou la conjonction des deux ». Notant que « seules des autopsies pratiquées en grand nombre permettraient d’affiner les réponses », l’association « n’écarte pas complètement l’hypothèse de captures » des bateaux de pêche.
Auprès du Parisien, la LPO rappelle qu’en 2014, hiver marqué par des dépressions et des tempêtes, d’importants échouages avaient également été recensés. « La principale cause de mortalité suspectée est le manque de nourriture qui a conduit à l’amaigrissement et l’épuisement des individus », indiquaient les spécialistes à l’époque.
Cette année-là, en raison des intempéries, « les pêcheurs français se sont peu aventurés en mer pour aller pêcher ». En revanche, les guillemots de Troïl se nourrissent parfois des « rejets de pêche ».
Actuellement, en plus des mauvaises conditions météorologiques, dans le golfe de Gascone, plusieurs centaines de bateaux sont rester à quai en raison d’un arrêté pour préserver les dauphins des captures accidentelles.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.