Les opposants estiment que la molécule utilisée dans l’insecticide, la deltaméthrine, n’est pas assez sélective et va avoir un impact négatif sur la faune locale.
La prolifération du moustique tigre en France, une question de santé publique qui se heurte à plusieurs écueils. Mercredi matin, une opération de démoustication prévue dans les rues de Saintes, en Charente-Maritime, a été empêchée par la mobilisation d’une trentaine d’opposants écologistes qui estiment que la molécule utilisée dans les insecticides lors de ces opérations est trop dangereuse.
« Ils ont renoncé car ils ont considéré que la présence de ces citoyens, qui s’opposaient à cet épandage, était une condition non satisfaisante par rapport à la dangerosité de cette molécule. Tout ça pour tuer quelques moustiques, il faut revenir à la raison », explique à BFMTV, l’eurodéputé EELV Benoît Biteau.
Mauvais pour l’environnement, pas pour l’homme
Selon les opposants, la deltaméthrine, qui devait être utilisée sur un périmètre de 150 mètres dans ce quartier saintais jonché d’herbes hautes et de jardins abandonnés qui favorisent la prolifération du moustique, est trop toxique et pas assez sélective. En plus des moustiques, elle éliminerait également, selon eux, des abeilles et des organismes aquatiques.
« L’impact sur l’écosystème est important, ça va faire le ménage sur tout en terme d’insectes. Il n’existe pas d’insecticide sélectif qui va dire ‘je tue que les moustiques’,
c’est la seule manière qui existe », explique, sur l’antenne de BFMTV, Antoine Cohen, expert de la lutte anti-moustique pour Biogents.
En revanche, selon ce dernier, la deltaméthrine est sans risques pour l’être humain.
« C’est un produit qui peut s’avérer dangereux à grosse dose. Après si c’est une intervention comme ça, et surtout pour un cas de maladie, qu’on est à l’intérieur et qu’on ne prend pas la pulvérisation en plein visage, les risques sont minimes », assure l’expert.
L’intervention reprogrammée
La décision de cette démoustication a été prise par l’Argence Régionale de Santé du département après l’apparition d’un cas d’arbovirose (dengue, chikungunya ou Zika) dans la commune plus tôt dans la semaine. Du côté des autorités sanitaires, on déplore l’ajournement de cette intervention.
« On le fait parce que c’est la seule méthode pour réduire un risque sanitaire humain avéré. Ce sont des insecticides réglementés par l’Anses, dans des circonstances d’usage bien déterminées, de nuit, avec des périmètres de sécurité, une information à la population concernée, et avec des mesures de précaution à prendre », détaille à BFMTV Laurent Flament, directeur de l’ARS de Charente-Maritime.
La démoustication doit être reprogrammée à une date ultérieure avec un autre type d’insecticide qui, selon l’ARS, est moins controversé mais aussi moins efficace. Depuis le début de l’année, 75 opérations du même type ont été réalisées dans la zone.
Face à la prolifération sans limites du moustique tigre, de nombreuses municipalités, y compris en région parisienne, demandent à l’État d’intervenir et de procéder à un accompagnement plus efficace des communes.
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