Le constructeur au lion ouvre ce week-end les commandes de la version électrique de son best-seller, le 3008. Face à des concurrents de plus en plus nombreux, Peugeot veut rester la référence sur le marché du SUV familial.
Tout changer sans tout bousculer. C’est un peu le cahier des charges qui semble attaché à ce nouveau Peugeot 3008 100% électrique. Si ce nouveau modèle avait été dévoilé en septembre à l’usine Stellantis de Sochaux, les commandes de la version électrique ouvrent ce week-end.
Première version zéro émission de ce best-seller avec 1,3 million d’exemplaires vendus dans le monde dont 400.000 en France, l’e-3008 inaugure d’importantes innovations technologiques pour Stellantis: la nouvelle plateforme « STLA Medium » en version électrique, une nouvelle batterie de 98kWh qui sera proposée en 2025 avec des cellules ACC, un moteur électrique conçu en interne. Avec l’exigence de conserver le plaisir de conduite qui a fait (entre autres) le succès du précédent 3008.
Nouvelle batterie, nouvelle plateforme
« Toute la plateforme a été imaginée autour du pack batteries », nous explique Christophe Patois, chef de projet Peugeot 3008.
Jusqu’à 12 modules (les sous-ensembles qui forment la batterie) -composés de cellules BYD dans un premier temps, de cellules de l’entreprise française ACC ensuite- sont intégrés dans le fond de la plateforme, dans le plancher du véhicule. Le but: embarquer à la fois beaucoup d’énergie pour assurer une autonomie allant de 510 kilomètres (avec la batterie 73 kWh) à 700 kilomètres (batterie 98 kWh) l’an prochain, tout en garantissant un vrai confort de conduite, avec un centre de gravité bas qui favorise la tenue de route. Le confort de conduite est en effet l’un des atouts de la précédente génération de 3008.
L’autre enjeu technique sur ce nouveau 3008 a été de rendre cette plateforme parfaitement modulaire: en plus d’une motorisation hybride légère et hybride rechargeable, la version 100% électrique se décline donc en deux versions. Une avec cette « petite » batterie (73 kWh) ou une avec la grande batterie (98 kWh), deux ou quatre roues motrices, avec donc un ou deux moteurs électriques. Le chargeur et l’électronique de puissance sont aussi maison.
Quelle consommation avec un véhicule à plus de 2 tonnes?
Avec ce passage à l’électrique, la voiture s’alourdit, avec un poids à vide à 2,1 tonnes pour la première version commercialisée avec la « petite » batterie 73 kWh (contre moins de 1,6 tonne pour la version thermique hybride léger).
Mais, lors de notre premier essai sur un peu plus de 100 kilomètres, cette version électrique nous a justement fait bonne impression sur ce point… de l’embonpoint. La puissance de 210 chevaux et le couple de 345Nm paraissent bien adaptés pour faire oublier ce poids. Tout comme le réglage des suspensions, un peu fermes, mais ce qui permet d’aboutir à bon équilibre entre dynamisme et confort. Mention spéciale pour le rayon de braquage très court, ce qui permet de manœuvrer avec agilité ce SUV.
Le confort passe aussi beaucoup par l’insonorisation particulièrement travaillée sur ce modèle, un élément essentiel sur ce 3008 électrique qui poursuit la montée en gamme de Peugeot. Les bruits de roulement sont bien masqués, tout comme les bruits d’air. Un aérodynamisme bien mis en avant par les ingénieurs de la marque au lion et qui permet aussi d’annoncer un niveau de consommation assez faible pour un si gros modèle: à 14 kWh aux 100 kilomètres, voire moins selon le choix des jantes (19 pouces en finition Allure, 20 en finition GT, comme notre modèle d’essai). Nous avons ainsi obtenu un score de 17,5 kWh aux 100 kilomètres, plutôt honorable pour notre trajet qui empruntait une autoroute à 110km/h, des routes de montagne, des nationales à 80 km/h et un peu de zones urbaines.
La première plateforme made in Stellantis
Le 3008 inaugure la première plateforme née de la fusion de Fiat et PSA en Stellantis. Cette STLA Medium doit accueillir par la suite le nouveau 5008, lui aussi avec une version électrique, le nouvel Opel Grandland, la DS8 et également des modèles beaucoup plus grands pour le marché américain, détaille Les Echos.
L’enjeu de la naissance de cette plateforme conçue par les équipes de R&D en France est donc crucial, d’autant plus que cette plateforme est multi-énergies: elle permet de faire des voitures aussi bien thermiques qu’électrifiées. 2 millions de véhicules doivent à terme chaque année être bâtis sur cette plateforme.
Reste que ce grand écart entre un SUV moyen et de grands modèles américains, s’il permet des économies, entraîne un surpoids inhérent à la plateforme, donnant un véhicule naturellement lourd (près de 2,1 tonnes avec la petite batterie).
Design fastback, nouveau poste de conduite i-cockpit
L’autre enjeu sur ce modèle se trouve au niveau du design. Lorsqu’il se vend (trop) bien, les traits d’un véhicule peuvent lasser, même s’ils ont fait leur succès. Une situation qu’a pu vivre le précédent 3008, vendu tout de même en 2019 à 250.000 exemplaires sur l’année.
Peugeot a donc fait le choix de changer tout en conservant des marqueurs forts. La calandre sous les feux, le moucheté rappellent les autres modèles de la gamme actuelle. L’arrière « fastback » permet de la distinguer clairement de son prédécesseur, tout comme le choix esthétique de bas de carrosserie noir brillant sur la finition GT ou les feux arrière à petites griffes.
L’habitacle a aussi été complètement revu, avec une nouvelle version de l’i-cockpit (le poste de conduite et la planche de bord du véhicule, voir encadré ci-dessous).
Un i-cockpit nouvelle génération
Peugeot fait de nouveau évoluer son i-cockpit, le nom commercial du combiné d’écrans proposé chez Peugeot depuis la première 208 en 2012. Sur la finition haut de gamme GT, on retrouve ainsi une version panoramique avec une dalle unique incurvée avec une diagonale de 21 pouces (voir photo ci-dessous). Elle est composée de deux parties: non tactile pour la partie compteurs et tactile pour celle dédiée à l’infodivertissement.
Un écran qui semble flotter dans les airs au-dessus de la planche de bord, un effet visuel très réussi et qui permet aussi de jouer sur l’ambiance lumineuse à bord. On retrouve aussi sous les aérateurs centraux, les « i-toggles », ces touches tactiles paramétrables, permettant notamment d’accéder plus facilement à certaines fonctions importantes comme les réglages de climatisation. Heureusement, la nouvelle console centrale conserve aussi des boutons physiques à portée de main pour des fonctions essentielles comme le désembuage avant et arrière ou la désactivation de la ventilation.
Renault Scénic, Tesla Model Y
L’un des enjeux pour le 3008 électrique est aussi de se montrer compétitif côté prix, car la concurrence est fournie et que les questions de pouvoir d’achat obligent les marques à serrer les tarifs. Et donc les coûts. « Sans compter les marques chinoises qui arrivent », nous souffle un ingénieur de Peugeot. Le 3008 électrique se retrouve en effet face aux Renault Scénic, Tesla Model Y ou encore Volvo EX30.
Sous les 47.000 euros en France pour le bonus
Peugeot a donc serré les prix. En version Allure, la première finition de la gamme, le 3008 équipé de la batterie 73kWh et en 210 chevaux (la grosse batterie sera commercialisée plus tard) démarre à 44.990 euros en France (hors bonus de 4.000 euros). La version haut de gamme GT démarre elle à 46.990 euros et peut ainsi elle aussi être éligible au bonus.
Des prix 2.000 euros au-dessus du champion incontesté de la catégorie des SUV électriques, le Tesla Model Y, qui démarre actuellement à 42.990 euros (toujours hors bonus). Prochain concurrent important aussi sur le marché français: le nouveau Renault Scénic qui fait le grand bond dans l’électrique aussi, avec un prix de départ à 39.990 euros.
Cette version électrique du 3008 est aussi 6.000 euros plus cher qu’un Peugeot 3008 hybride sur l’entrée de gamme.
Dans un contexte difficile pour le véhicule électrique, reste à savoir si ce 3008 trouvera son public. Peugeot n’a en effet pas réalisé de bonnes performances commerciales en Europe l’an dernier, avec des ventes en progression de seulement 2,2% quand celles de VW ont bondi de 11,8%, celles de Skoda de 25% ou celles de Renault de 16,1% selon l’ACEA (association des constructeurs européens).
Le cabinet Inovev anticipe 165.000 ventes annuelles du nouveau 3008, toutes motorisations confondues, avec environ près de 45.000 ventes en 100% électrique.
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