Après avoir exploré la vision du Métavers de Méta, qui visiblement part en vrille comme GreenSI l’analysait depuis 1 an, l’actualité nous donne peut-être un nouveau terrain d’observation et de réflexion sur la transformation numérique : celui de Twitter.
Cela ne peut pas vous avoir échappé, Elon Musk est finalement devenu propriétaire de Twitter, après avoir déboursé 44 milliards (plus qu’il ne l’anticipait certainement). Il va donc falloir maintenant rentabiliser cet investissement, tout au moins faire que ses pertes servent à minima une cause portée par le milliardaire, et non juste siphonner la trésorerie de sa fortune personnelle.
Une fortune qui venait en 2022 de dépasser celle de Jeff Bezos (Amazon) et de prendre la place de N°1, et qu’il n’a certainement pas envie de perdre. Car ça son égo risquerait de ne pas aimer du tout, mais alors pas du tout !
Elon Musk est un homme pressé. En 45 ans, il a déjà fait fortune en créant Paypal qui a transformé les paiements en ligne, puis l’industrie spatiale avec SpaceX et des lanceurs réutilisables et enfin l’industrie automobile avec une Tesla électrique pouvant aller vers la conduite autonome.
Avec un tel palmarès, GreenSI se dit que ce nouveau Twitter sera certainement un terrain d’exploration intéressant à regarder car Tesla avait déjà été riche en enseignements (par exemple: Tesla, un modèle industriel et agile.)
Le premier enseignement que nous livre Twitter, en à peine une seule semaine de contrôle de la société acquise le 27 octobre, c’est qu’il faut se sortir de la tête l’ancien Twitter, connu pour son espace de liberté, et d’une certaine modération du contenu. Même si le « Twitter 2022 » n’a plus rien à voir avec l’espace de débat d’origine, que GreenSI a connu et utilisé dès 2010. Twitter a démontrée sa capacité de modération pendant la crise sanitaire, avec des liens vers des sources validées, des comptes certifiés et le bannissement d’un certain Donald Trump, après avoir franchi la ligne rouge de la désinformation. Mais les réseaux sociaux sont remis en cause mondialement.
En mettant un abonnement sur les comptes certifiés, Twitter teste une nouvelle source de revenus. Oui des annonceurs vont certainement partir, oui la fierté d’être certifié est à la portée maintenant de n’importe quelle bourse, mais d’autres annonceurs viendront et le signe bleu changera. De toutes les façons, Twitter perd déjà de l’argent (2018 et 2019 seules années positives) et son équilibre actuel n’est pas tenable. Sinon les actionnaires qui ont empoché les $44 milliards ne l’auraient pas vendu !
Donc pour GreenSI, contrairement à ce que l’on peut parfois lire, Elon Musk ne cherche pas à imprimer sa marque, mais est condamné à faire ce qu’il a toujours fait, TRANS-FORMER, changer de forme !
Et c’est vrai qu’en général, on n’aime pas le changement et ça peut être brutal.
Rappelons-nous qu’au début de Tesla, en 2012, l’industrie automobile tout entière remettait en cause la possibilité d’une voiture électrique aussi rapide qu’une essence et même le modèle électrique de masse. En 2022 la modèle S est la plus rapide (0 à 100km en 2,1s !), la modèle Y le modèle électrique le plus vendu, et le passage à l’électrique à marche forcée est inscrit dans les plans contre le réchauffement climatique, notamment de l’Europe (2035). S’il y a une chose que l’on ne peut pas reprocher à Elon Musk c’est de ne pas avoir d’impact !
Idem dans le spatial. Le débat sur le lanceur réutilisable était vu comme une perte de temps par toute l’industrie. Non seulement les derniers plans européens s’alignent maintenant sur cette vision, mais c’est le modèle le plus efficace pour lancer une constellation de petits satellites SpaceX à basse altitude. Un accès à Internet, indépendant des opérateurs, qui a été déterminant pour l’Ukraine dans les premiers mois de l’invasion russe. Rappelons que Google et Facebook avait aussi ce plan et que c’est SpaceX qui l’a réussi.
La nostalgie du tout essence et du lanceur jetable a donc été la première réaction aux plans d’Elon Musk débarquant dans une nouvelle industrie. Avec Twitter, c’est pareil. Les commentaires que l’on peut lire sur cette prise de contrôle, doivent être vus comme des pensées nostalgiques d’une époque révolue, l’ancien Twitter, qui n’existe plus, même si son interface est pour l’instant inchangée.
Alors est-ce que Elon Musk aura la capacité de faire bouger les lignes des réseaux sociaux, déjà remodelés par les messageries et les vidéos instantanées ces 5 dernières années? Le passé n’est pas une preuve de l’avenir, bien entendu.
Et puis c’est vrai que c’est une nouvelle industrie, et que cet ingénieur féru de mécanique n’y connait peut-être rien aux réseaux sociaux, mis à part d’y avoir une notoriété mondiale. D’ailleurs un autre Donald Trump, avec lui aussi beaucoup de « followers », a essayé de lancer le sien l’an dernier (Truth), mais sans succès à ce jour.
Alors quelles sont les chances de Twitter de pouvoir se maintenir dans les réseaux sociaux qui comptent ?
Mais de toutes les façons, Twitter est condamné à la transformation, et son modèle n’était pas viable économiquement.
Elon Musk a lancé une banque en ligne X.com en 1999, puis acheté en 2000 une société qui faisait des paiements en ligne, Paypal, une pure plateforme logicielle mondiale entre personnes, qui peuvent y faire des transactions. Son projet de banque est alors devenu celui que l’on connait avec PayPal, oubliant X.com. Elon Musk pivote très vite !
Le développement innovant de Paypal a ensuite séduit eBay, qui l’a racheté en 2002, alors que les ventes en lignes étaient au top des transactions entre personnes.
X.com est donc le projet originel d’Elon Musk, présenté aujourd’hui comme une « super App » qui serait construite à partir de Twitter, sans se limiter à l’échanges de messages et de publicité entre individus, mais en y intégrant des transactions entre individus (« peer to peer »). On pense bien sûr au Bitcoin, et aux cryptos, mais il faut un plan qui soit rentable rapidement.
Une « super App » ça existe aujourd’hui.
C’est le modèle chinois de WeChat, l’application de l’opérateur de télécom Tencent, qui permet de payer en magasin avec de la monnaie électronique, mais aussi sa facture d’eau, de commander un taxi ou de s’inscrire à un cours de Qi gong. Dans un contexte de reprise en main des libertés par le parti communiste chinois, on voit clairement l’intérêt d’un gouvernement, via le contrôle des opérateurs (sous licence) de pousser un tel modèle.
Cependant, aux Etats-Unis, cela reste une inconnue.
Elon Musk ne maîtrise pas les terminaux mobiles (le nombre de Tesla n’est pas non plus encore assez élevé pour ce type de réseau privé) et il sera en compétition frontale avec Apple et Google qui ont déjà un OS pour contrôler une telle intégration d’applications dans la main des internautes. Ce scénario est donc à suivre, mais pour GreenSI n’est pas encore totalement crédible, et il sera progressif.
Et puis Elon Musk pivote vite comme on l’a vu.
Ainsi, s’il est évolutif de façon itérative, la question est de savoir quel nouveau service va être ajouté au nouveau Twitter demain ?
Et avec l’impatience d’Elon Musk, c’est certainement un demain qui se compte en semaines. GreenSI fait le pari de la vidéo pour développer rapidement des revenus publicitaires, se positionner face à TikTok, leader des réseaux sociaux, car le cash reste la priorité n°1 de la valorisation de Twitter, donc de l’égo d’Elon Musk au sommet du classement de Forbes en 2022, après avoir été élu businessman de l’année par Fortune en 2013.
C’est donc dans ce contexte de réduction des coûts qu’il a licencié un peu moins de 50% de son effectif, ramené en une semaine à moins 4000 personnes (tout de même !). On peut voir partout des commentaires sur la brutalité d’une telle décision, et on retrouve là un style qui est déjà de mise chez Tesla où l’actualité récente a porté sur des plaintes de salariés recrutés puis licenciés très rapidement.
Rappelons quand même que c’est tout à fait légal aux Etats-Unis, même si cela heurte nos pratiques françaises. On ne souhaite cette expérience à personne, mais on a aussi pu constater que les messages pour dire qu’on venait de perdre son emploi après X années formidables chez Twitter, avait beaucoup de réponses de sympathie, mais aussi de proposition d’embauche !
L’informatique est un marché sous tension qui reste visiblement très dynamique, et avoir Twitter sur son CV à l’air d’être toujours recherché par le marché.
Cet épisode RH montre que les méthodes ne seront plus les mêmes dans ce nouveau Twitter. Le turnover va certainement se poursuivre, mais les embauches de talents aussi, et ces nouveaux arrivants seront alignés avec les attentes d’un milliardaire exigeant qui a fait Tesla et SpaceX et qui veut transformer Twitter.
Dans ces nouvelles méthodes, GreenSI en a trouvé une intéressante sur la vision d’Elon Musk.
Le premier jour de sa prise de poste, il a demandé à tous les développeurs d’imprimer 50 pages de code qu’ils avaient écrit au cours des 30 derniers jours, et qui allaient être audités relues par Elon Musk lui même, et une équipe d’ingénieurs de Tesla en qui il a confiance.
C’est sûr que dans un monde où les patrons viennent d’autres formations, on regarde plus les comptes, que le code, c’est pourtant un asset essentiel dans le digital.
En effet, on peut ergoter sur le climat défiance que cela instaure, mais on retrouve ici l’ingénieur qui revient aux fondamentaux : Twitter n’existe que parce qu’il y a une plateforme logicielle performante et sécurisée, 24h sur 24h.C’est ça qu’il achète, avec sa base d’utilisateurs, dont il sait qu’une partie quittera le navire.
Rappelons le contexte : l’ex-chef de la sécurité (Pieter Zatko, aussi hackeur éthique très connu) a mis en cause la sécurité de la plateforme cette année. De plus si Twitter peut accélérer un projet de « super App », il faut quand même que son code soit bien architecturé, documenté et évolutif.
Enfin il n’a pas été dit si cet examen de code avait eu ou pas une influence sur l’algorithme de sélection des personnes à conserver, mais on se doute que ça à pu influencer les choses.
Autre méthode de travail à l’opposé de l’industrie informatique : la fin du télétravail.
A l’instar de ce qui se passe chez Tesla, il va être demandé de passer 40 heures à minima, et il est souligné « à minima », par semaine sur site. Chez Tesla, où la chaîne de production ne peut pas être réalisée à distance, cette mesure avait été présentée comme une solidarité entre les équipes de production (qui ne peuvent pas télétravailler) et les équipes support (qui peuvent télétravailler). Chez Twitter cela ne peut être un argument, c’est donc le style de management attendu qui va l’imposer.
On peut faire le lien entre cette position et les études qui sortent sur la baisse de productivité long terme, même chez Microsoft et Google qui veulent faire revenir les équipes sur site, mais qui ne savent pas comment. Elon Musk va peut être influencer la position sur le télétravail dans l’industrie informatique, si d’autres le suivent.
En conclusion de ce premier tour du (nouveau) propriétaire, il est claire que le Twitter que l’on a connu est bien mort !
Nous assistons à une recombinaison de ses forces, qui porte encore son nom et le général qui livre cette bataille aime surprendre. Alors si vous voulez aller sur Mastodon (le réseau open source proche en fonctionnalités), on ne peut pas vous en empêcher, mais vous risquez quand même de rater quelque chose d’unique sur Twitter. Sans parler de l’ergonomie de Mastodon qui va tous vous perdre 😉
Heureusement, même si vous n’êtes plus sur Twitter, vous pourrez toujours lire sa transformation sur GreenSI dans un prochain billet !
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