Red Hat Entreprise, CentOS, Oracle : quelle distribution Linux en entreprise ?

Dernièrement, j’ai remarqué qu’il régnait une grande confusion autour de Red Hat Enterprise Linux (RHEL) de Red Hat et des distributions qui lui sont associées, telles qu’AlmaLinux OS, Oracle Linux et Rocky Linux. En plus de ça, il existe les variantes RHEL de Red Hat comme CentOS Stream et Fedora. Laissez-moi vous aider à clarifier les choses.

RHEL, CentOS, Oracle : des cousins de code

Pour commencer, toutes ces distributions Linux sont open source. Cela signifie que n’importe qui – oui, même vous – peut prendre le code source et créer sa propre distribution basée sur RHEL. Attention, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire.

Vous ne pouvez pas simplement télécharger le code d’un dépôt Git et le compiler. Ce serait beaucoup trop facile. Depuis 2011, Red Hat a incorporé ses propres correctifs directement dans l’arborescence de son noyau. Tout le code est toujours là mais, comme on a pu le lire à l’époque : « C’est un peu comme si vous demandiez la recette familiale des cookies, et que vous obteniez de la pâte à cookies. » Cela n’a pas empêché les archéologues du code, comme Oracle par exemple, de décalquer RHEL dans son Oracle Linux depuis 2006.

Certains utilisateurs ont choisi Community Enterprise Operating system (CentOS), une distro RHEL communautaire, au lieu d’Oracle Linux. Développée par Gregory Kurtzer, cette distro a été parmi les clones de RHEL les plus réussis. En effet, CentOS s’est avérée bien plus populaire que RHEL sur des marchés aussi critiques que les serveurs web.

Red Hat, le support client

Pourquoi ? C’est simple. CentOS ne coûte pas un seul centime. Si vous utilisez RHEL à des fins commerciales, vous devez payer des frais de licence. C’est la différence la plus évidente. La différence plus subtile, et la raison pour laquelle Red Hat est devenu la première entreprise Linux à générer 1 milliard de dollars (avant qu’IBM ne l’achète pour 34 milliards de dollars) est que de nombreuses entreprises ont besoin de la prise en charge que Red Hat fournit à ses clients RHEL.

Découvrez RHEL chez RedHat

Etonnamment, RHEL ne dispose même pas de la majorité des parts de marché sur les systèmes d’exploitation RHEL. En effet, si vous avez juste besoin d’un système d’exploitation de type RHEL pour quelque chose de simple, comme des serveurs web ou bureautiques, vous pouvez facilement trouver des administrateurs système capables de faire fonctionner CentOS sans aucune aide extérieure. Résultat, de nombreux développeurs savent comment construire des logiciels au sein de la famille RHEL.

Red Hat le sait. L’entreprise a donc absorbé CentOS en 2014. CentOS a continué sur la voie de la licence libre, tandis que Red Hat espérait pouvoir persuader les utilisateurs de CentOS de devenir des clients RHEL. Mais cela n’a pas fonctionné.

CentOS Stream, l’entre-deux

A la fin de l’année 2020, Red Hat a donc modifié CentOS pour qu’il ne soit plus un clone stable de RHEL, mais une distro Linux « rolling » devenant CentOS Stream. En outre, Red Hat a annoncé la fin du support de CentOS 7 à 2024. Cette décision a été très mal accueillie par la communauté.

Une version de RHEL gratuite avec support communautaire

  • Téléchargements : 27
  • Date de sortie : 18/11/2020
  • Auteur : CentOS Projest
  • Licence : Logiciel libre
  • Catégories :
    Système d’exploitation
  • Système d’exploitation : Service en ligne Tous navigateurs Internet

Comme le souligne un utilisateur, « le cas d’utilisation de CentOS est complètement différent de celui de CentOS Stream. De très nombreuses personnes utilisent CentOS en entreprise pour la production, pas pour le développement. CentOS Stream peut convenir pour le développement/test, mais il est peu probable que les gens adoptent CentOS Stream pour la production ».

Découvrez CentOS Stream

Néanmoins, Chris Wright, le CTO de Red Hat, affirme que « CentOS Stream est suffisamment stable pour la production ». Toujours selon lui, « CentOS Stream se situe désormais entre l’innovation incarnée par Fedora et la stabilité de production de RHEL ».

J’en déduis que CentOS Stream est suffisamment stable pour les entreprises aventureuses qui privilégient les nouvelles fonctionnalités à la garantie d’une stabilité à toute épreuve. Fedora, bien sûr, reste le Linux communautaire de Red Hat pour les développeurs et les utilisateurs qui veulent être à la pointe de la famille RHEL.

AlmaLinux et Rocky Linux : pour les nostalgiques de CentOS

Quelle place cela laisse-t-il aux déçus de CentOS Stream du coup ? Pour eux, il y a deux grands choix : AlmaLinux et Rocky Linux.

Vous vous souvenez quand j’ai dit que les gens étaient contrariés par l’évolution de CentOS Stream ? Deux développeurs Linux de premier plan, Igor Seletskiy, fondateur et PDG de CloudLinux, et Gregory Kurtzer, fondateur et PDG de CentOS CIQ, ont décidé de réagir en créant de nouveaux clones de RHEL. Tous deux ont décidé que l’ancien CentOS devait renaître.

Comme l’expliquait Igor Seletskiy à l’époque, « la disparition de la version stable de CentOS a laissé un vide très important dans la communauté Linux, ce qui a incité CloudLinux à intervenir et à lancer une alternative à CentOS ». CloudLinux, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un clone commercial de RHEL, mais il est conçu spécialement pour l’hébergement web Linux. AlmaLinux est un Linux communautaire libre.

Rocky Linux est géré par la Rocky Enterprise Software Foundation (RESF). Selon Gregory Kurtzer, l’idée est que « les projets open source ne devraient pas être soumis au contrôle des entreprises ou à des logiques commerciales ». « Ce qui fait le succès d’un projet open source, ce n’est pas d’avoir un seul individu derrière – ou même d’avoir une grande entreprise derrière – ce qui fait son succès, c’est d’avoir de nombreux individus et de nombreuses entreprises qui le soutiennent et le gèrent collectivement, en fonction d’intérêts communs. Tel a été notre objectif avec Rocky Linux et le RESF depuis le premier jour. La charte et les statuts de la RESF reflètent notre intention que ni Rocky Linux ni aucun autre projet de la RESF ne soit jamais contrôlé, acheté ou orienté de quelque manière que ce soit par une seule entité ou un seul individu », précise-t-il.

Découvrez Rocky Linux

Aujourd’hui, les deux groupes proposent une prise en charge pour leurs clones de RHEL, mais vous n’avez pas besoin de payer un centime pour les utiliser de base. « Le support est l’offre la plus importante de notre gamme de produits open source. Nous pouvons proposer plusieurs modèles de support, mais celui qui est le plus apprécié est celui qui permet une prise en charge meilleure que ce qu’on trouve actuellement », fait valoir Gregory Kurtzer.

Les deux organisations s’efforcent également de faire coïncider leurs versions avec celles de Red Hat. Ainsi, Red Hat a publié RHEL 8.7 et RHEL 9.1 en novembre. AlmaLinux 8.7, AlmaLinux 9.1, Rocky Linux 8.7 et Rocky Linux 9.1 ont suivi de près.

Conclusion

Alors, quelle est la bonne solution pour vous ? Cela dépend de vos besoins.

Si vous avez besoin d’une prise en charge sérieuse, RHEL a des arguments à faire valoir. Si votre entreprise est basée sur Oracle, vous pouvez tout aussi bien utiliser Oracle Linux.

Ensuite, je déconseillerais CentOS Stream pour la production. Mais si vous avez besoin des dernières fonctionnalités de Linux et que vous disposez d’une certaine expertise, allez-y. Si vous êtes un développeur et que vous aimez vivre avec les dernières nouveautés, choisissez Fedora. Mais ne l’utilisez pas sur des serveurs de production.

Fedora est un système d’exploitation gratuit et open Source basé sur un noyau Linux. Vous pouvez l’installer sur n’importe quel PC à la place de Windows ou en dual boot pour avoir les deux systèmes.

  • Téléchargements : 28
  • Date de sortie : 15/11/2022
  • Auteur : Fedora Project
  • Licence : Logiciel libre
  • Catégories :
    Système d’exploitation
  • Système d’exploitation : Linux

Enfin, si vous et votre équipe avez fait vos dents sur l’ancien CentOS, AlmaLinux ou Rocky Linux sont d’excellents choix. Personnellement, je fais passer mes serveurs de CentOS 7 à Rocky Linux 8.7.

Source : ZDNet.com

Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.

Laisser un commentaire