Libre et open source express: Libre à l’école, Linux en Russie, Red Hat, Bitwarden

Dons aux associations: pensez à contribuer

«Une dépêche annuelle remarquablement nécessaire!», notais-je ici l’an dernier: pour la 11e fois, Benoît Sibaud invite sur Linuxfr à faire des dons aux associations, en cette période (fin d’année, déduction éventuelle des dons) propice, avec tous les liens qui vont bien et des explications et arguments utiles (mis à jour depuis la version 2021). Pour les suggestions d’associations à aider, l’ancien président de l’April mentionne:

«Citons par exemple quelques associations de promotion et défense du Libre, des droits dans l’espace numérique ou de la liberté d’expression, dont les dons sont déductibles en France: Amnesty France, Debian France, Framasoft, Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Libre à Toi / Radio Cause Commune, Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Open Food Facts, OpenStreetMap France, Reporters Sans Frontières (RSF), Wikimédia France, etc.

Et comme tu fais vivre les principes du Libre, que tu contribues à des projets libres et défends des idées, tu soutiens aussi des associations ne bénéficiant pas de la déductibilité des dons en France (par exemple, des associations jugées trop dérangeantes ou trop critiques par le gouvernement… ou des associations européennes ou non, voire des associations n’ayant jamais fait la démarche, comme LinuxFr). Citons par exemple AFUL, April, Debian CH (déductible en Suisse), European Digital Rights (EDRi), En Vente Libre, Exodus Privacy, FACIL, FFII, FSF (avec une longue liste de méthodes pour donner), FSF Europe (déductibilité dans plusieurs pays), Paheko (feu Garradin), GNOME et GIMP, Haiku, Internet Archive (déductible aux États‐Unis), KDE e.V (déductible en Allemagne), Léa-Linux, LILA, LQDN, Mageia, Nos Oignons, noyb, OKFN, PHP Foundation, SlackBuild.org, Tails (déductible en Allemagne), Toile Libre, Tor (déductible aux États-Unis et en Europe], Ubuntu-Fr, XSF, etc. (notez qu’elles peuvent parfois avoir la déductibilité des dons dans d’autres pays, voir la décision C-318/07 mentionnée plus bas).»

Alliance pour un outil cartographique libre: et OpenStreetMap?

La création de l’Overture Maps Foundation, une alliance manifestement anti-Google Maps, est un gros événement de ce mois de décembre. Les fondateurs de cette organisation annoncée par la fondation Linux sont Meta (Facebook et Instagram), Microsoft, TomTom, et Amazon Web Services (AWS), qui veulent rendre plus accessibles au grand public des données cartographiques pour qu’elles soient utilisables par tous, selon leur communiqué.

Cartographie et données libres… Quid alors d’OpenStreetMap (OSM? Florian Lainez, contributeur d’OSM et CEO de Jungle Bus, y consacre un intéressant article, analysant la stratégie de ses acteurs, et observant:

«L’absence dans l’alliance de la fondation OpenStreetMap — qui a été mise devant le fait accompli — acte sa relégation comme simple fournisseur d’une base de données upstream. Désormais, le monde entier utilisera en effet les données OSM mais ce sera via sa vitrine grand public, Overture, un écosystème contrôlé directement par les membres du consortium.

La communauté OpenStreetMap se retrouve de facto marginalisée, qui plus est par le biais de la fondation Linux qui a servi dans l’opération de faire-valoir auprès des libristes.

OpenStreetMap n’a pas su — ou voulu — créer les indispensables alliances dans sa récente phase d’explosion d’activité. Le projet collaboratif n’a également pas mené à bien d’indispensables réformes concernant sa gouvernance, la licence juridique de ses données ou encore l’exploitabilité effective des données.»

Florian Lainez conclut son exposé par cette mise en garde: «Pour les acteurs européens de la cartographie et du cloud qui subissent l’écrasante domination de Google, cette annonce sonne comme une nouvelle ère où l’accès aux données cartographiques brutes va enfin devenir une commodité.

Néanmoins, rester simple consommateurs d’Overture s’annonce à bien des égards comme une faute stratégique. La majorité des acteurs Européens du numérique qui a jusqu’à présent raté le train d’OpenStreetMap serait tout aussi bien inspirée de repenser sa stratégie liée aux données géographiques.

Car Overture pourrait bien agir comme un pharmakon, tout à la fois remède ou poison selon la dose ingérée. Trop déléguer la gestion de ces données pourtant vitales dans les innovations de ces prochaines années pourrait en effet aggraver la situation de dépendance de tout l’écosystème Européen auprès d’acteurs essentiellement américains.»

Manifeste pour un numérique sobre et décarboné avec le logiciel libre et open source

Le Hub Open Source du pôle Systematic (Ile-de-France) et le cluster Nouvelle-Aquitaine Open Source (Naos) «s’associent pour valoriser le logiciel libre et open source comme un levier d’impact pour un numérique plus responsable et durable». Les deux entités publient un «manifeste pour un numérique sobre et décarboné avec le logiciel libre et open source», cosigné par Philippe Montargès, président du Hub Open Source de Systematic, François Pellegrini et David Joulin, coprésidents de Naos. Ce manifeste déclare notamment:

«Le plus grand impact écologique du numérique est la fabrication des appareils (serveurs, terminaux et équipements), qui représente à elle seule près de 75 % de l’empreinte environnementale du numérique. Être responsable numériquement consiste donc en priorité à augmenter la durée de vie des matériels.

Or, trop souvent, les éditeurs de logiciels fermés imposent des mises à jour vers des versions bien plus exigeantes en ressources et en énergie de leurs logiciels, nécessitant de renouveler en masse les équipements ; Windows Vista en a été un exemple tragique pour les ordinateurs de bureau. À l’inverse, l’installation sur d’anciens matériels de systèmes d’exploitation et de logiciels open source, tout aussi techniquement efficaces et offrant des durées de support plus longues que les politiques abusives d’obsolescence à court terme imposées par les éditeurs de logiciels fermés, permet d’augmenter considérablement la durée de vie des systèmes informatiques. Notre secteur doit prendre la tête de la lutte contre l’obsolescence programmée des logiciels, principale arme marketing des industriels du logiciel et du matériel.»

«L’ouverture du code et la possibilité de l’adapter permettent au développeur et à l’utilisateur de disposer d’outils réellement adaptés à leurs besoins et d’éviter les surconsommations forfaitaires. L’open source s’inscrit ainsi tout naturellement dans une logique d’éco-conception et de consommation à l’usage qui incite à la sobriété. L’auditabilité du code permet également d’en mesurer plus aisément son empreinte carbone.

L’accessibilité et la composabilité des technologies open source réduisent les coûts d’accès à ces technologies, favorisant leur adoption par les organisations et entreprises opérant leur transition écologique. Les principes de mutualisation et de collaboration inscrits dans l’ADN des communautés open source représentent un modèle d’économie technologique circulaire s’appuyant sur le recyclage des composants logiciels et des matériels. L’existence de grandes communautés et de fondations dédiées garantit la pérennité des technologies et la poursuite dans la durée de leur développement. C’est ainsi que l’infrastructure logicielle du web, depuis son origine, repose à plus de 80% sur des systèmes open source.»

«L’optimisation de l’usage des ressources informatiques est de même un sujet critique dans le cas des infrastructures cloud. L’utilisation d’outils open source au sein de chaque couche (PaaS, IaaS, voire SaaS) permet un pilotage efficace des infrastructures, et la mutualisation du développement de ces outils est susceptible d’offrir aux clients un service de qualité au moindre coût.

Toutes ces démarches s’inscrivent dans une logique globale de « GreenOps », convergence des cultures « DevOps » (dans laquelle le développement est pensé en fonction de son exploitation) et « FinOps » (dans laquelle la consommation de l’exploitation est pilotée budgétairement). Il s’agit de prendre en compte, à tous les stades, une logique d’optimisation de l’impact écologique de ses ressources d’infrastructure.

Nous le voyons, la capacité d’innovation inhérente au modèle open source, couplée à un écosystème d’acteurs industriels très actif et de proximité, peut ainsi grandement contribuer à un numérique plus sobre.»

Lire aussi

L’Europe veut promouvoir les communs numériques – 23 juin 2022

Le Libre, catalyseur de projets responsables – 20 avril 2022

Framasoft, «Amap du numérique», a vingt ans – 8 novembre 2021

Petite levée de fonds pour grand projet: OpenStreetMap France – 26 février 2019

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