L’avocat à l’origine d’une action collective pour défendre les consommateurs dans l’affaire des airbags défaillants est revenu sur BFM Business sur les faits reprochés à Stellantis, avec une facture estimée à « plusieurs milliards d’euros ».
C’est un rappel hors normes qui a été lancé par Citroën il y a près de trois mois. Des milliers de propriétaires de Citroën C3 et DS3 ont en effet appris qu’ils ne pouvaient plus conduire leur véhicule avant de remplacer l’airbag potentiellement dangereux installé lors de la production entre 2009 et 2019, il y a plus de 10 ans donc pour certains.
Une réaction trop tardive de Stellantis
Un collectif de consommateurs vient de porter plainte contre X dans cette affaire des airbags défaillants pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « pratiques commerciales douteuses ». Une action menée par la plateforme MyLeo et notamment par Christophe Lèguevaques, un des avocats chargés de l’affaire.
« Mes clients reprochent principalement à Stellantis d’avoir eu connaissance depuis 2014 de la dangerosité de ces airbags et de n’avoir pas fait grand-chose sinon rien pour les prévenir et pour les protéger », explique cet avocat, invité de Good Evening Business ce mardi 30 juillet.
« On reproche au groupe Stellantis d’avoir privilégié la rentabilité à la sécurité des consommateurs », tranche-t-il.
Début de l’enquête
Six plaignants se sont pour le moment manifestés sur cette action collective, ce qui peut sembler peu face à l’ampleur de ce rappel:
« Il y a déjà 1.350 inscrits à l’action collective, mais pour des raisons de facilité de l’enquête, nous avons préféré partir avec six personnes. Pour les autres, cela viendra le moment venu. Pour nous ce qui était important, c’était que l’enquête commence le plus vite possible pour aller chercher des éléments de preuve au plus haut niveau de Stellantis. »
Des remplacements d’airbags qui trainent en longueur
Pour Maître Christophe Lèguevaques, Stellantis a mis trop de temps à réagir, depuis 2014, mais aussi lorsque ce rappel massif a été lancé cette année:
« Quand ils ont décidé en février 2024 de lancer ce rappel ‘Stop Drive’, ils n’ont même pas pensé à commander les airbags qui étaient nécessaires pour ce remplacement, ce qui explique qu’il y a aujourd’hui un embouteillage chez les garagistes, qui n’ont pas les pièces nécessaires. »
Pour lui, cela explique le retard pris dans ce rappel, prévu pour s’étaler jusqu’en juillet à bien plus tard dans l’année, et peut-être en 2025:
« C’est insupportable pour les consommateurs, surtout qu’on leur dit de ne pas conduire le véhicule, car il est dangereux, voire mortel. »
Mais comment expliquer ce manque d’anticipation d’un groupe comme Stellantis?
Pour l’avocat, « Stellantis a voulu mettre la poussière sous le tapis, en pensant qu’ils ne seraient pas rattrapés par ce scandale qui avait touché les autres groupes industriels dans le monde ».
Indemniser « tous les préjudices »
Un « mauvais calcul, à court terme, qui pourrait peser sur la valorisation boursière de l’entreprise » et lui coûter « plusieurs milliards d’euros ». Pour le moment, 250.000 modèles ont été rappelés dans le sud de la France, mais l’opération devrait bientôt être étendu au reste du pays.
L’action collective demande « l’indemnisation de tous les préjudices », rappelle Christophe Lèguevaques:
« Le préjudice de jouissance, on leur interdit d’utiliser leur véhicule (…), le préjudice moral, pendant des années, ils ont conduit un véhicule dangereux et c’est insupportable, et enfin une perte financière », avec une perte de valeur sur le marché de l’occasion.
Ce lundi, Stellantis avait rappelé continuer ses efforts pour mener à bien ce rappel, avec l’enjeu de fournir des véhicules de remplacement aux nombreux clients concernés. Côté Citroën, on espère toujours boucler cette campagne avant la fin de l’année.
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