« Une première marche pour appréhender mon bateau en vue du Vendée Globe, mon objectif principal », confie Yannick Bestaven

A quelques jours du départ de la 12e édition de la Route du rhum, l’heure est aux derniers préparatifs. Sur Maître Coq V, coque noire brillante, mât écarlate, et quelques pointes de vert vif ici et là, Yannick Bestaven s’active avec ses équipes à l’arrière du bateau afin de peaufiner les derniers réglages. Si le village à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) fourmille tout autour, à l’intérieur de ce nouvel Imoca, l’atmosphère est plutôt calme et sereine. 

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Pour sa quatrième participation, le dernier vainqueur du Vendée Globe prendra le départ avec un bateau flambant neuf qu’il a co-construit. Déjà tourné vers le prochain tour du monde en solitaire, Yannick Bestaven a pour objectif premier sur cette transatlantique de prendre de l’expérience sur son bateau et « d’engranger des milles », en vue du prochain Vendée Globe, dans deux ans. Pour un doublé ? « Ça serait assez marrant », sourit le skipper, qui glisse toutefois vouloir faire « aussi bien que sur le précédent ». Tout sourire, le navigateur originaire du bassin d’Arcachon prend place dans son siège de commandement à tribord, pour répondre aux questions de franceinfo: sport. Entretien.

Franceinfo: sport : Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Yannick Bestaven : Je vais bien, je suis assez serein. On est sur des détails de préparation, et sur de la finalisation, notamment au niveau des manœuvres et du confort. On a mis à l’eau le bateau en septembre, soit un peu plus tard que ce qui était prévu. Le délai est court, et on a eu beaucoup de choses à terminer en deux mois. Mais le bateau est prêt.

En route vers Saint-Malo pour la #RDR2022
24h de mer afin de rallier la cité corsaire où Maître CoQ V arrivera demain mercredi. Il prendra part à la parade des @IMOCA à 16h00 avant d’embouquer le sas et l’écluse d’accès au bassin Duguay Trouin à 17h12.https://t.co/fyxo9dODpQ

— YANNICK BESTAVEN (@YannickBestaven) October 25, 2022

Après votre victoire sur le Vendée Globe en 2021, comment appréhendez-vous cette course ?

C’est sûr qu’après un Vendée Globe, et après avoir passé trois mois en solitaire, on ressent plus d’expérience pour naviguer ensuite sur ce type de bateau, qui peut être compliqué parfois. Ce n’est jamais anodin de faire une transatlantique en solitaire, mais quand je vois la durée prévue sur la Route du rhum par rapport au Vendée Globe, cela parait moins inquiétant (rire). 

Que retenez-vous de votre expérience sur ce Vendée Globe, en tant qu’homme et en tant que skipper ?

On apprend beaucoup de choses au niveau sportif bien sûr, mais aussi au niveau personnel, sur soi-même, quand il faut trouver des solutions pour réparer un problème sur le bateau, ou pour se remonter le moral quand ça ne va pas. On sort grandi de ce genre d’aventures.

Vous allez prendre le départ de cette course avec un bateau flambant neuf, « Maître Coq V »…

J’ai peu navigué sur ce bateau en raison du petit retard de mise à l’eau. Fin septembre, j’ai réalisé la course qualificative pour la Route du rhum et les sensations étaient plutôt bonnes. Je ne peux pas trop me prononcer pour l’instant car je n’ai pas assez de navigation, mais ce bateau correspond à nos attentes. On va apprendre son fonctionnement petit à petit et s’adapter.

Quelles nouveautés ont été apportées à « Maître Coq V » par rapport à votre précédent bateau ?

Déjà, le cockpit est un peu plus protégé. Le skipper y est donc mieux abrité, ce qui lui permet de manœuvrer et de faire ses réglages le plus souvent sans se fatiguer, et sans avoir froid. En plus de la protection, ce cockpit a un gros avantage en aérodynamisme et en termes hydrodynamique. Avec ce bateau on va aller à des vitesses supérieures à 30 nœuds, donc l’aérodynamisme, la pénétration dans l’air, est importante, tout comme l’hydrodynamique, pour ne pas se retrouver avec des paquets d’eau dans le cockpit qui alourdissent le bateau. 

Ensuite, le foil est un peu plus grand. Il s’agit du même type de bateau, mais qui va mieux voler et qui devrait atteindre des vitesses moyennes et de pointes plus importantes. Les chocs et les arrêts seront donc plus violents. 

Quel est votre objectif sur cette transatlantique ? Visez-vous un podium ?

Même si réaliser un résultat fait envie bien sûr, je n’y vais pas dans l’objectif de faire un résultat coûte que coûte. C‘est déjà assez exceptionnel d’être au départ avec ce bateau neuf. 

« L’idée est vraiment d’engranger de l’expérience sur cette course et apprendre à me servir du bateau. »

Yannick Bestaven, skipper, vainqueur du Vendée Globe 2020-2021

à franceinfo: sport

Cette course est la première marche pour apprendre à se servir du bateau en vue du prochain Vendée Globe, qui est mon objectif principal. Je ne voudrais pas me mettre dans le rouge, forcer sur le bateau, le casser pour une place ou un podium. 

Allez-vous emporter quelques loisirs, comme des livres, pour vous accompagner lors de cette course ?

Je vais en apporter un au cas où, mais je ne suis pas certain d’avoir le temps de lire. Pour le Vendée Globe, j’en avais emmené six avec moi et je n’ai lu que le premier chapitre du premier en 80 jours. En revanche, la musique m’accompagne, même en réglant le bateau.

Le trajet retour du bateau vous permettra aussi de récolter des informations pour appréhender le bateau…

Oui, je vais ramener le bateau en convoyage, avec trois autres membres de l’équipe, afin de récupérer le plus de données et d’enregistrements possibles, pour la préparation au Vendée Globe encore une fois. C’est vraiment important de faire le plus de milles possibles afin de connaître le mieux le bateau, ses réglages, et ses subtilités.

Le bateau est aussi équipé de capteurs qui vont permettre d’enregistrer de la data en termes d’efforts dans les foils, le gréement [tout le matériel servant à la manœuvre des voiles], au niveau de la performance, de la vitesse du bateau en fonction du vent etc. On va rentrer sur un rythme élevé, à fond, pour continuer à faire de bons enregistrements pour la suite. Il faut rentrer vite car il y a le père Noël et je ne voudrais pas le rater (rire).