Elle est là cette première Marseillaise des Mondiaux de natation. Elle est pour Léon Marchand, champion du monde à 20 ans du 400 mètres 4 nages.

Le gamin à l’avenir doré est devenu un homme bien parti pour empiler les médailles. À Budapest, Léon Marchand, 20 ans, a commencé sa moisson, samedi 18 juin, en décrochant un premier titre mondial sur le 400 m 4 nages. La première médaille internationale en seniors pour le Toulousain, et peut-être pas la dernière au vu du talent du jeune homme.

Biberonné dès son plus jeune âge par les performances de ses parents dans les bassins, désormais entraîné par le mentor de Michael Phelps… Voici tout ce qu’il faut savoir sur le nouveau phénomène de la natation française.

Les Marchand, une famille de grands nageurs

Dans la famille Marchand, je demande la mère, Céline Bonnet, spécialiste du dos et multi-championne de France. Je demande aussi le père, Xavier Marchand, vice-champion du monde en 1998 sur 200 m 4 nages à Perth, en Australie. Je demande désormais le fils, Léon, grand espoir de la natation française. À seulement 20 ans, la comète Léon Marchand a déjà vécu ses premiers Jeux olympiques l’été dernier, en s’alignant sur le 200 m papillon, le 200 m 4 nages et le 400 m 4 nages.

En remportant l’or sur cette dernière distance à Budapest, samedi, lors des championnats du monde, il est devenu le deuxième médaillé français en 4 nages en grand bassin sur des Mondiaux. De quoi donner, déjà, une certaine idée de l’ampleur de la performance du jeune champion…

Un surdoué des bassins « made in Toulouse »

Léon Marchand a fait ses premières longueurs au milieu des lignes de la piscine Nakache, à Toulouse. Amené au bord des bassins par ses deux parents, il a perpétué la tradition familiale. Mais son envie de poursuivre dans cette voie a, avant tout, été son choix. « On a vite senti que Léon avait des capacités aquatiques. Mais on ne l’a pas poussé pour faire de la natation. C’est lui qui a décidé. […] Il y est venu par intermittence et sans trop forcer, car il a rapidement fait partie des meilleurs de ses catégories d’âge », reconnaissait son père Xavier Marchand, reconverti journaliste reporter d’images à France Télévisions, il y a quelques mois.

Léon Marchand a forgé sa conviction au fil du temps, avec « toujours ce côté calme et réservé mais aussi tout le temps souriant et intelligent », détaille son père. « Au début, je le faisais parce qu’il fallait faire du sport et que c’était comme ça. Mais après, j’ai vraiment commencé à aimer ça », expliquait le jeune nageur en juillet 2021 à franceinfo: sport. 

En parallèle des bassins, le garçon au physique longiligne (1m83, 75kg) a aussi trouvé le temps de poursuivre des études d’informatique à l’université Toulouse-III Paul-Sabatier, après un Bac S mention « très bien » en 2020. Un moyen de garder les pieds sur terre même s’il les a plutôt dans l’eau la plupart du temps.

Avec son entraîneur du Toulouse olympique employés club (TOEC), Nicolas Castel, sa progression est fulgurante lors des deux dernières saisons. « Les premières grosses perfs ont commencé à venir aux championnats de France en 2019. » Un premier titre national sur 200 m papillon, suivi la même année de deux médailles aux championnats d’Europe juniors et d’une autre en bronze sur la finale du 400 m 4 nages aux championnats du monde juniors, qui marque les esprits à Budapest avec un record national à la clé en 4’16″37. « Pour moi, c’est là où tout a vraiment basculé », reconnaît-il . 

Une éclosion express sur le devant de la scène

Deux ans plus tard, le 15 juin 2021, lors des championnats de France de Chartres, c’est la confirmation. Léon Marchand écrase la concurrence sur 400 m 4 nages et s’octroie le premier de ses trois billets olympiques. Il pulvérise de cinq secondes son record de France (4’09 »65) et décroche la troisième meilleure performance mondiale de l’année. « Je savais que si je voulais faire le temps de qualif, j’allais être seul, analyse-t-il. Donc je m’étais déjà préparé mentalement pour faire ma course et ne pas me calquer sur les autres. » Ce chrono lui permettait avant les Jeux olympiques de Tokyo de regarder droit dans les yeux deux références actuelles de la discipline, le Japonais Daiya Seto et l’Américain Chase Kalisz.

Depuis la fin du premier confinement, Léon Marchand travaille avec un préparateur mental spécifique. « Au début, j’avais du mal à gérer la pression, l’enjeu des compétitions et aussi les médias. C’est venu petit à petit mais là c’est beaucoup mieux qu’avant. Mon but, c’est de me détacher de cet enjeu, de cette pression, pour être à mon meilleur niveau dans l’eau. » 

Entraîné par le coach de Michael Phelps et phénomène aux Etats-Unis

Après les JO, le jeune homme a changé de vie. Léon Marchand est parti tenter l’aventure américaine pour vivre son rêve de toujours. « Mon choix de partir est très réfléchi, cela fait pas mal de temps que je voulais partir aux Etats-Unis, notamment parce que mes parents l’ont vécu. […] En fait, c’est au moment où j’ai commencé à avoir le niveau en 2019 que je me suis dit : ‘Je peux avoir une bourse à 100% et je peux partir là-bas gratuitement pour quatre ans' », confiait-il, il y a un peu moins d’un an.

Plusieurs universités américaines se sont intéressées à lui. Mais lorsque le mythique Bob Bowman – ex-entraîneur de la légende aux 23 titres olympiques Michael Phelps – s’est présenté, le choix s’est très vite fait. « J’ai reçu des messages d’entraîneurs qui me proposaient de venir. Bob Bowman m’a répondu très rapidement, il avait déjà regardé toutes mes courses. On a vite fait des visios pour qu’il me présente ses idées. Cela m’a pas mal surpris venant d’un mec comme lui. Depuis on se parle souvent par message et c’est devenu un peu comme un pote. » Direction donc l’université d’Arizona State, proche de Phoenix.

La France se découvre Léon Marchand, un nageur susceptible de dominer mondialement. Le nageur n’a que 19 ans et fait les gros titres depuis qu’il bat les records aux États-Unis. Un certain Michael Phelps le félicite même sur les réseaux sociaux.

Un double projet natation-études où le personnage de Bob Bowman joue un rôle central, en lui offrant une chance de poursuivre ses plans dans un cadre optimal et d’atteindre ses rêves à court terme. Pour ses débuts au sein de l’université américaine, le Toulousain a fait forte impression en étant élu « nageur de l’année », récompense rarement accordée à un étudiant de première année. 

Il a notamment battu le record du 200 yards 4 nages, auparavant détenu par un certain Caeleb Dressel. Le nageur de 20 ans a confirmé à San Antonio (Texas), où il a validé les minimas pour les Mondiaux de Budapest en s’offrant au passage le record de France du 200 m 4 nages.

Après son titre sur le 400 m 4 nages, il lui reste encore deux épreuves pour briller (le 200 m 4 nages et le 200 m papillon) dans le bassin de Budapest. La fusée Léon Marchand vient tout juste de décoller.

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