En une petite heure, vingt-cinq noms annoncés sur le plateau de TF1 et quelques réponses données aux journalistes dans l’auditorium de la première chaîne, Didier Deschamps a tout changé. En dévoilant, mercredi 9 novembre, sa liste de joueurs retenus pour la Coupe du monde au Qatar (20 novembre-18 décembre), le sélectionneur a rebattu les cartes d’une équipe de France qui a tout vécu depuis un an et demi.
De l’échec à l’Euro 2021 aux nombreuses blessures qui ont contraint Deschamps à faire des choix forts, en passant par le succès à la Ligue des nations, le sélectionneur a posé les jalons d’une équipe qui sera, le 22 novembre prochain lors du match contre l’Australie, bien différente de ce que l’on a pris l’habitude de voir.
Le système à trois défenseurs, c’est terminé
Un seul être vous manque, et tout est bouleversé. Lorsque les noms des joueurs convoqués sont apparus, l’absence de celui de Jonathan Clauss a immédiatement signé l’arrêt de mort du système à trois défenseurs. Et s’il y avait un doute, Didier Deschamps s’est chargé en conférence de presse d’expliquer que l’absence du latéral droit de l’Olympique de Marseille, et la structure de la liste, annonçaient un changement : « Il n’y a aucun doute. Nous partirons avec une défense à quatre. En ce qui concerne Clauss, le système est la principale raison.«
Introduit sur la durée à partir du « final four » de la Ligue des nations, remportée par la France en octobre 2021, ce système à trois défenseurs devait être celui utilisé par les Bleus au Qatar. « C’est une longue réflexion, après l’analyse de ce qu’on a fait avec ce système. J’ai aussi considéré le ressenti de certains joueurs. On a fait de très bonnes choses dans ce système. Mais on a aussi été en difficulté. On a été très souvent en déséquilibre, même si on a renversé des situations. Dans une grande compétition, ça ne peut pas nous faire gagner« , a expliqué le sélectionneur.
Lors du rassemblement de juin, le système à quatre avait fait un retour ponctuel, sur demande de joueurs éreintés par une longue saison, qui voyaient le système à trois comme trop énergivore. En septembre, la charnière à trois défenseurs avait encore été trop fébrile. Deschamps a donc fait le choix de la délaisser, alors qu’il a annoncé qu’il pourra compter sur Presnel Kimpembe et Raphaël Varane pour le premier match. Sur les côtés, Deschamps a fait dans la sécurité.
Des latéraux polyvalents, un milieu inexpérimenté
La question est revenue plus d’une fois aux oreilles de Didier Deschamps : pourquoi n’avoir convoqué qu’un seul latéral de métier, à savoir Théo Hernandez, et huit défenseurs qui évoluent régulièrement dans l’axe en club ? Dans les faits, le sélectionneur a expliqué qu’ils seront quatre à pouvoir évoluer sur les côtés défensifs : Benjamin Pavard et Jules Koundé à droite, Lucas Hernandez et son frère Théo à gauche.
« Concernant Jules et Benjamin, j’ai eu de longues discussions avec eux et ils savent ce que j’attends d’eux« , a expliqué Deschamps, alors que les deux n’ont jamais caché leur préférence à jouer dans l’axe de la défense. En faisant le choix de ne pas retenir Jonathan Clauss, Ferland Mendy ou encore Lucas Digne, Deschamps revient à du classique. À une base défensive plus solide, moins portée vers l’avant. Notamment si Lucas Hernandez débute en tant que latéral gauche, comme en 2018, à la place de Théo, bien plus offensif.
« Ce sont des profils différents, a précisé Deschamps à propos des deux frères Hernandez. Si je fais ce choix-là, c’est que je considère qu’ils apportent plus de garanties dans une concurrence par rapport à Ferland Mendy et Lucas Digne. » Cette recherche d’équilibre met fin temporairement au Deschamps qui s’était manifesté depuis plus d’un an par des expérimentations tactiques et des surprises dans le choix des joueurs.
Elle pourrait également rebattre les cartes au milieu de terrain. En convoquant six joueurs dans ce secteur, le sélectionneur a peut-être choisi de repasser à trois milieux au début de la compétition. Mais à eux six, Adrien Rabiot, Mattéo Guendouzi, Youssouf Fofana, Aurélien Tchouaméni, Jordan Veretout et Eduardo Camavinga ne comptent que 60 sélections en cumulé.
Une inexpérience qui pourrait pénaliser les Bleus, qui avaient remporté le titre de champion du monde en 2018 en partie grâce au duo N’Golo Kanté-Paul Pogba, forfaits pour ce Mondial. « J’ai confiance dans mes six milieux, ils ont ce qu’il faut« , a assuré le sélectionneur. Pour savoir comment ils évolueront, il faut finalement se pencher sur l’animation offensive. Deschamps pourrait être amené à refaire du Deschamps, en convoquant la recette magique de 2018.
Le retour du 4-2-3-1, Rabiot nouveau Matuidi ?
Depuis plus d’un an, Deschamps explique que l’adoption du système à trois doit permettre de rapprocher sur le terrain le trio offensif Antoine Griezmann-Karim Benzema-Kylian Mbappé. Mercredi, le sélectionneur n’a pas trop souhaité rentrer dans les détails de la nouvelle animation offensive : « Qu’un des trois aille sur un côté, c’est une option. Il y en a d’autres. » C’est à l’écouter quelques minutes plus tard que le 4-2-3-1 de 2018 a semblé refaire surface.
« L’équilibre est plus aléatoire avec quatre joueurs offensifs sur 90 minutes. Ça peut être une option mais on n’aura pas des plots en face. (…) Ce n’est pas parce que tu vas mettre plus d’attaquants que tu vas marquer plus de buts« , a expliqué Deschamps, comme pour évacuer la possibilité de titulariser d’entrée un Kingsley Coman ou un Ousmane Dembélé. Alors, passage en 4-3-3, ou en 4-2-3-1 ?
Adrien Rabiot, qui possède « une palette plus large grâce à son épanouissement« , pourrait récupérer le rôle de Blaise Matuidi, milieu gauche dans le 4-2-3-1 de 2018. Le milieu de la Juventus a déjà évolué à ce poste avec les Bleus à plusieurs reprises, notamment en juin dernier contre la Croatie. Resterait à organiser le trio Griezmann-Benzema-Mbappé, alors que le dernier, qui évoluerait à droite comme en 2018, n’a plus joué à ce poste depuis un certain temps.
Le sélectionneur, qui pourrait aussi opter pour un milieu en losange, l’a assuré : « Je sais aujourd’hui comment on débutera contre l’Australie, à condition qu’il ne se passe rien de négatif. » Il reste en effet un week-end de compétition, avant le rassemblement de lundi prochain à Clairefontaine. Une blessure d’un des 25 convoqués serait évidemment une mauvaise nouvelle. Elle pourrait, encore, rebattre les cartes à dix jours du début du Mondial.
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