Après un troisième quart-temps bien maîtrisé et une frayeur en dernière période, les Bleus se qualifient pour la demi-finale olympique en venant à bout de valeureux italiens (84-75). Niolas Batum, auteur d'un double-double (15 pts et 14 rebonds), et Rudy Gobert, qui a écrasé un dernier dunk spectaculaire dans les ultimes secondes, ont été les principaux artisans du succès tricolore.

Le quart de finale de l’Eurobasket entre la France et l’Italie, mercredi 14 septembre, a tout d’une surprise. D’abord parce que l’Italie affrontait en 8es de finale la Serbie, grande favorite pour le sacre, et ensuite parce que la France était à l’agonie face aux Turcs. Au fond du gouffre, ils ont trouvé la lumière. Les vice-champions olympiques s’en sont tirés, samedi contre la Turquie et demeurent sur la route du titre, leur objectif déclaré. Face aux Transalpins, il y a pourtant des raisons de se montrer prudent.

Parce que la France est loin d’être intouchable

Les Tricolores signent un Euro jusque là dans la lignée de l’ensemble de leur préparation, avec des fulgurances qui en font un prétendant légitime au titre, et des trous d’air récurrents à même de les faire dérailler. Evan Fournier et les siens ont un niveau, tant individuel que collectif, comme peu d’équipes peuvent en disposer dans cette compétition. Encore faudrait-il, enfin, gommer les mêmes scories qui auraient pu transformer ce miracle de Berlin en catastrophe.

Contre les Turcs, les Français ont perdu 21 ballons, pour autant de munitions offertes à leur adversaire. Aucune autre équipe ne laisse filer autant de possessions par match que la France (15,8 en moyenne) dans cet Euro. « C’est notre talon d’Achille depuis le début de la compétition, avertissait pourtant Vincent Collet à ses hommes avant le match, dans une vidéo de la Fédération française de basket. On ne peut pas, en arrivant dans les matches couperets, se permettre ça. Si on ne perd pas la balle, on gagne, parce qu’on peut défendre dur et qu’on marquera nos points.« 

L’avertissement est finalement sans frais. Mais il pourrait surtout être sans lendemain s’il n’est pas suivi d’une réaction. « Ça nous a mis une claque dans la gueule« , assurait Timothé Luwawu-Cabarrot après la rencontre. Aux Bleus de ne plus tomber dans ces travers, et parvenir à rester concentrés 40 minutes durant.

Parce que l’Italie est imprévisible

Il faudra aussi absolument que les Français fassent preuve d’envie et de cœur. Car en face d’eux, du cœur, des tripes ou peu importe le nom qu’on veut bien donner, l’équipe transalpine ne va pas en manquer. L’Italie a crée une énorme sensation en sortant dimanche la Serbie et sa vedette Nikola Jokic, double MVP NBA en titre. Cette victoire, les Transalpins l’ont construite tout seuls, par leur abnégation, et leur capacité à compenser un déficit de talent par des vertus collectives exceptionnelles.

Ils doivent pourtant faire sans leur leader, Danilo Gallinari, sérieusement blessé au genou en préparation. Ils ont même dû se passer de leur entraîneur, Gianmarco Pozzecco, exclu durant le troisième quart-temps contre les Serbes. Mais au lieu de sombrer, ce fait de jeu et la confiance dégagée par Pozzecco, qui a quitté le parquet en embrassant chacun de ses joueurs, ont transcendé les Italiens. « Le résultat paraît surprenant, mais l’Italie est une très bonne équipe, qui joue un basket assez unique, analysait Rudy Gobert en conférence de presse lundi. Les Italiens sont allés chercher la qualification en jouant un excellent match. Ils ont très bien défendu et des joueurs ont mis les shoots qu’il fallait. Ce n’est pas un hasard.« 

Jouer contre une équipe autant portée par ses émotions est difficile à appréhender. D’autant que l’Italie ne s’appuie pas que sur un seul homme pour briller. L’ailier Simone Fontecchio, un des joueurs les plus sous-estimés en Europe, sera le principal danger, tant par sa capacité à se créer son tir (19,2 points de moyenne sur cet Euro) qu’à déployer une défense de fer. Mais il n’est pas la seule option. La Serbie a payé pour voir, punie par le surprenant meneur Marco Spissu, auteur de 21 points à 6/9 à trois-points, 4 rebonds, 6 passes après avoir tourné à 3,8 points de moyenne en phase de groupes.

Parce que la « facilité » les a souvent plombés

Le staff de l’équipe de France n’a pas dû être mécontent de voir le favori de l’Euro, la Serbie, tomber si tôt. Car litinéraire vers la médaille d’or avait des airs de travaux herculéens : la Serbie de Jokic en quart, la Slovénie de Luka Doncic en demi-finale, puis la Grèce de Giannis Antetokounmpo – voire l’Espagne – en finale. Pourtant, l’Italie n’est pas une victime annoncée. Les deux victoires en préparation, la première étriquée (78-77 après prolongation), l’autre bien plus large (100-68), ainsi que celle au même stade, lors des derniers Jeux olympiques (84-75), n’offriront aucune garantie de succès aux Bleus mercredi.

« Quand tu bats une équipe trois fois en l’espace d’un an, plus tu avances, plus tu peux te dire, inconsciemment, que ces matches vont être les mêmes, anticipe Rudy Gobert. Alors que non. On l’a appris à nos dépens contre l’Argentine à la Coupe du monde. » Le pivot de l’équipe de France fait référence à cette victoire sur les Etats-Unis en quart de finale du Mondial 2019, avant de sombrer contre les Argentins au match suivant.

Lors de l’Euro 2003, la France avait également retrouvé l’Italie pour un match à double enjeu : la médaille de bronze et un billet pour les Jeux d’Athènes. Victorieuse des Transalpins (85-52) en phase de groupes, la troupe de Tony Parker avait été battue par cette même Italie, qui prenait sa revanche (69-67) pour ce match décisif. Pas de médaille, pas de JO pour les Bleus. 

Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.

Laisser un commentaire