les footballeurs français qui s'exportent, une tendance devenue la norme

Aurélien Tchouaméni, Wesley Fofana, Jules Koundé… Cet été encore, les joueurs français ont animé le marché des transferts, confirmant ainsi la tendance des clubs étrangers à miser d’abord sur eux ces dernières années. A tel point que la France pourrait devenir le principal exportateur de footballeurs, devant le Brésil – leader historique -, dans un avenir proche.

D’après les chiffres de l’Observatoire du football CIES, qui compile des statistiques sur l’origine des joueurs expatriés, l’écart entre le nombre de Brésiliens et de Français présents à l’étranger se réduit chaque saison. Cette différence a presque diminué de moitié : en 2017, le Brésil a expatrié 1 211 footballeurs, contre 770 pour la France, alors qu’en 2022, 1 219 Brésiliens sont partis à l’étranger contre 978 Tricolores. Ces cinq dernières années, c’est d’ailleurs la France qui a enregistré la plus forte hausse (27 %) dans le monde pour le nombre de joueurs expatriés. 

Historiquement un ton en dessous des quatre autres dans la hiérarchie des cinq grands championnats européens, la Ligue 1 a dû trouver d’autres moyens pour exister. La solution ? Ses centres de formation. Une identité dont la Ligue de football professionnel (LFP) joue d’ailleurs pour attirer des spectateurs, en promouvant la Ligue 1 comme « La Ligue des talents« .

« Les recruteurs étrangers sont unanimes : le jeune joueur français apporte des garanties grâce à sa formation, juge Éric Roy, ancien joueur et ex-directeur sportif du club anglais de Watford. On sait que pour s’imposer en Ligue 1, il faut qu’il fasse preuve de compétences tactiques, de technique pour jouer dans des petits espaces et de bonnes qualités physiques ». Les Français sont donc généralement armés pour s’imposer dans tous les championnats étrangers, ce qui n’est pas forcément le cas des Espagnols ou des Néerlandais, moins à l’aise sur le plan physique.

« Dès l’arrêt Bosman de 1995, qui avait permis aux joueurs de s’exporter, les pays étrangers s’étaient rendus compte que les Français bénéficiaient d’une formation de qualité« , rappelle Loïc Ravenel, membre du Centre international d’étude du sport (CIES).

Au fil des saisons, la France s’est spécialisée dans un modèle de recrutement, le trading, comme à Lille et Monaco, qui est reconnu à l’échelle internationale.

Loïc Ravenel, chercheur au CIES

à franceinfo: sport

Le principe : recruter de manière précoce et faire arriver ses jeunes joueurs à maturité pour les revendre à l’étranger après une ou deux saisons. C’est le schéma suivi par le club de la Principauté avec Aurélien Tchouaméni, acheté cet été par le Real Madrid deux ans après son arrivée de Bordeaux.

« Comme les clubs français sont vus comme une sorte de pouponnière avec des joueurs à valoriser, ils sont de plus en plus souvent rachetés par des investisseurs étrangers à la tête de conglomérats », souligne le chercheur. A l’image de Troyes qui a rejoint le City Football Group en 2020, devenant ainsi un club satellite de Manchester City. Le président du Clermont Foot, Ahmet Schaefer, détient également un club autrichien, et affiche clairement cette philosophie : « Au niveau des investissements, cela sera toujours plus intéressant d’avoir un jeune joueur issu de son centre de formation plutôt que d’aller à l’étranger chercher et de payer une indemnité de transfert », confiait-il en août 2021 au PointL’AC Milan a d’ailleurs été racheté mercredi par le fonds américain Redbird qui détient le Toulouse FC. « Avec un club tricolore dans leur groupe, ils peuvent ainsi profiter de ces réseaux et échanger les joueurs entre clubs partenaires« , souligne Loïc Ravenel. 

En outre, les Français bénéficient d’une confiance toute particulière hors de l’Hexagone grâce à la réussite de leurs aînés. « Pour les clubs acheteurs, avoir eu une expérience positive avec un joueur français peut inciter à en prendre de nouveaux », estime Loïc Ravanel. 

Lorsque Ousmane Dembélé, formé à Rennes, confirme son potentiel en Allemagne du côté de Dortmund, il ouvre la voie à d’autres Français en Bundesliga. Le Bayern Munich, qui possède pas moins de quatre internationaux français dans son effectif (Kingsley Coman, Benjamin Pavard, Lucas Hernandez et Dayot Upamecano), a ainsi recruté fin juillet l’ailier du Stade rennais Mathys Tel, âgé de seulement 17 ans et dix petits matchs joués avec les professionnels. De la même manière, Séville enchaîne les défenseurs tricolores prometteurs depuis la réussite Clément Lenglet en 2017-2018. Le jeune Tanguy Kouassi y a d’ailleurs remplacé Jules Koundé, parti à Barcelone cet été.

En plus des agents plus ou moins introduits dans certains clubs, qui peuvent donc faciliter les transferts de joueurs issus d’un même environnement, les recruteurs font tout particulièrement attention à l’importance du vivier que représente le bassin parisien.

« L’Ile-de-France, c’est le deuxième réservoir de joueurs professionnels dans le monde après la région de São Paulo au Brésil. »

Éric Roy, ancien joueur et ex-directeur sportif de Watford

à franceinfo: sport

« Depuis quinze ans, les clubs ont concentré leurs efforts sur cette région de plus de 10 millions d’habitants. De nombreux clubs anglais, allemands, espagnols et italiens ont des recruteurs en Île-de-France ». Le tropisme français n’est donc pas prêt de tomber à sec.

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