Après sa finale à Wimbledon, Ons Jabeur est rentrée chez elle en Tunisie, le 13 juillet. Finaliste du dernier Grand Chelem, vainqueure de trois titres sur le circuit WTA, dont le dernier Masters 1000 de Madrid, l’actuelle numéro 5 mondiale est montée en puissance depuis deux ans. Au point d’atteindre la deuxième place du classement mondial en juin dernier.
De retour à Tunis, la joueuse, déjà une star dans son pays, a été célébrée par des centaines de Tunisiens. L’engouement populaire, sa saison et ses prochains objectifs, Ons Jabeur s’est confiée à franceinfo: sport.
Franceinfo: sport : Cela fait du bien d’être rentrée à la maison ?
Ons Jabeur : Oui beaucoup de bien. Je ne suis pas rentrée depuis mars. Cela m’a beaucoup manqué. Je suis très heureuse d’être là, surtout avec l’accueil exceptionnel que j’ai reçu à l’aéroport.
Que représente cet engouement de la part des Tunisiens pour vous ?
La reconnaissance des Tunisiens me rend tellement heureuse. Ils m’encouragent pour que j’ai de bons résultats, pour que je gagne un Grand Chelem, et que je sois numéro 1 mondiale. Je me rends compte que je suis en train d’inspirer tout un peuple, un peuple qui n’a jamais trop regardé le tennis. Mais aujourd’hui, ils le regardent dans tous les cafés. Il est presque devenu le sport national en Tunisie et cela me fait tellement plaisir.
« Je suis tellement fière d’être Tunisienne, et surtout de représenter le monde arabe et l’Afrique. Cela m’encourage vraiment à être encore plus puissante sur le circuit. »
Ons Jabeur, joueuse de tennisà franceinfo: sport
Vous avez un surnom en Tunisie. On vous appelle la ministre du bonheur.
[Sourire]. Ils ont commencé à m’appeler comme ça il y a deux ans, c’était une belle surprise. Et là, ça devient de plus en plus populaire. Pendant les matchs, certains crient aussi ce surnom avant mon service par exemple.
Beaucoup d’enfants tunisiens commencent le tennis en prenant exemple sur vous. Qu’est-ce que cela représente pour vous d’inspirer cette jeune génération ?
C’est énorme. Je sais que les jeunes me regardent beaucoup, alors je fais attention à ce que je fais sur et en dehors du terrain. Ça me fait vraiment plaisir d’inspirer les jeunes. Ils sont l’avenir du tennis tunisien. J’essaie d’envoyer le message qu’il faut vraiment y croire. Plus jeune, j’étais comme eux. Je voulais tellement y arriver et réaliser mes rêves.
Et vous, quelles ont été vos inspirations ? Comment la petite fille du Tennis Club de Sousse [Nord-est du pays] a eu envie de faire du tennis ?
Ma mère adore le tennis, et elle adorait m’emmener avec elle dans son club. Elle jouait avec ses amies. J’y ai découvert la raquette et la balle jaune. Je suis tombée amoureuse des tournois, des challenges. Je suis quelqu’un qui adore la compétition. Et puis, je regardais les sœurs Williams, Kim Clijsters, et Andy Roddick. Ça m’inspirait.
J’avais le rêve de devenir numéro 1 mondiale. Et comme j’étais trop agitée, je mettais toute mon énergie dans le tennis. Ma mère est mon héroïne. Elle m’a beaucoup aidée à être là où j’en suis aujourd’hui. C’était sa passion, et c’est devenu la mienne.
Vous avez choisi d’avoir une équipe 100 % tunisienne à vos côtés, et vous vous entraînez là-bas aussi beaucoup. Pourquoi ce choix ? Pourquoi avez-vous besoin de rester proche de votre pays ?
Je suis très attachée à la Tunisie. J’y ai grandi. Toute ma vie est là-bas donc j’avais besoin d’un staff qui me comprenne vraiment, qui comprenne la culture tunisienne, et qui comprenne les challenges d’une joueuse tunisienne.
Mais le staff est composé à 90 % de Tunisiens car ma préparatrice mentale est française, même si elle est devenue tunisienne maintenant [rire]. Même quand elle m’encourage, elle essaie de me parler en arabe. Ca me fait plaisir d’avoir une équipe qui croit en moi et qui me pousse. Et partager cela avec des Tunisiens, cela me touche encore plus.
En septembre prochain, un nouveau tournoi WTA va voir le jour, à Monastir, en Tunisie. Avez-vous participé au projet ?
Oui, j’ai un peu poussé pour avoir les autorisations pour organiser ce tournoi. Je sais que j’ai un grand fan club en Tunisie, qui attend que je joue à domicile, et que des gens ne peuvent pas vraiment voyager pour venir me voir. Et puis, c’est l’occasion de donner une belle image de la Tunisie, de montrer aux jeunes à quoi ressemble un tournoi professionnel.
Votre saison est incroyable. Vous avez remporté le Masters 1000 à Madrid, le titre sur gazon à Berlin et vous avez atteint la finale de Wimbledon. Comment avez-vous vécu ces derniers mois ?
Avec beaucoup d’émotions. J’adore le gazon, donc j’ai fait une très bonne préparation en gagnant à Berlin. En arrivant à Wimbledon, j’ai ressenti l’accueil des Anglais, c’était énorme. Je me suis dit, on va jouer match par match, et on va voir ce qu’il va se passer. J’avais ce rêve de gagner ce Grand Chelem. Ce n’est pas arrivé aujourd’hui mais j’espère que ça arrivera un jour.
Quel est votre prochain objectif ?
J’ai envie de gagner un Grand Chelem, de gagner plus de titres et d’être numéro 1 mondiale. Ce sont toujours les mêmes rêves. Je suis très contente de mon niveau, parce que je sens que je progresse beaucoup. Et je sens que je méritais la place de numéro 2 mondiale [actuellement 5e au classement WTA]. Le plus important pour moi est que j’ai le niveau, que je sois présente dans le top 5, et que je sois une joueuse difficile à battre pour mes adversaires.
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