Mélanie Hénique, médaillée d'argent sur 50 m papillon, le 24 juin 2022, à Budapest. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Une vague de fraîcheur. Et un bilan au-delà des espérances. Dans le bassin de la Duna Arena à Budapest, du 18 au 25 juin, l’opération reconstruction de la natation française a parfaitement débuté lors des Mondiaux, du 18 au 25 juin. Avec sept places de finalistes et huit médailles, toutes individuelles, l’équipe de France signe en Hongrie l’un des meilleurs bilans de son histoire – bien loin des deux maigres podiums (dont un en relais) à Gwangju en 2019 et Budapest en 2017.

En l’absence des Russes et de certaines têtes d’affiche – Caeleb Dressel forfait à partir de mercredi 22 juin, Ariarne Titmus, Duncan Scott ou encore Emma McKeon – les Bleus ont su répondre aux attentes pour les uns, créer la surprise pour les autres. « Au-delà des médailles, ces Mondiaux se sont très bien passés en ce qui concerne le nombre de finales et de records personnels. Nous sommes particulièrement attentifs à ce dernier point », apprécie Jacco Verhaeren, directeur des équipes de France de natation course et eau libre depuis septembre 2021.

Annoncé comme l’un des nageurs à suivre, Léon Marchand a assumé son statut en devenant double champion du monde sur 200 et 400 mètres 4 nages puis vice-champion du monde du 200 mètres papillon. Le jeune prodige (20 ans) a même été élu meilleur nageur de de la compétition par la Fédération internationale, Katie Ledecky décrochant cet honneur chez les femmes. Il y a pire compagnie pour Marchand… Satisfaction aussi pour Marie Wattel, qui, près d’une décennie après ses débuts en équipe de France, décroche enfin une première médaille mondiale individuelle, sur 100 mètres papillon. Autre pilier des Bleus, Mélanie Hénique a glané l’argent sur 50 mètres papillon, onze ans après le bronze mondial de Shanghai.

Mélanie Hénique, médaillée d'argent sur 50 m papillon, le 24 juin 2022, à Budapest. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Maxime Grousset a quant à lui prouvé que sa 4e place sur 100 mères nage libre à Tokyo ne provenait pas du hasard. Argenté sur cette épreuve et bronzé sur la distance inférieure, il a pris conscience de son niveau et noté la marge à combler pour monter sur la plus haute marche du podium. La belle surprise est venue d’Analia Pigrée. À 20 ans, la Guyanaise a crânement joué sa chance et remporté le bronze sur 50 mètres dos.

Arrivé récemment à la tête des équipes de France de natation course et eau libre, Jacco Verhaeren refuse de s’attribuer les lauriers des bonnes performances en Hongrie. Le Néerlandais salue le travail engagé depuis plusieurs années par les entraîneurs et ses prédécesseurs à la Fédération française de natation pour recréer une équipe de France compétitive.

« L’autre motif de satisfaction que je relève est le soutien que se sont portés les uns aux autres les nageurs, les coachs, tous les membres de l’équipe », souligne le directeur des Bleus. Une atmosphère positive visible dans les sourires des nageurs en interviews et sur les réseaux sociaux, loin de la mauvaise ambiance ressentie à Rio et Tokyo. 

L'équipe de France réagit à la victoire de Léon Marchand sur le 400 m 4 nages, le 18 juin 2022, à Budapest. (KEMPINAIRE STEPHANE / KMSP)

Pour recréer un collectif, le technicien a fait de la communication l’un de ses premiers chantiers. Dans un pays où la rivalité entre les clubs est culturelle, Jacco Verhaeren a pour objectif que « les entraîneurs échangent et se côtoient davantage pour apprendre les uns des autres ». Le Néerlandais souhaite également que les nageurs partagent davantage de moments ensemble.

Au programme : des réunions, des activités partagées, un stage d’entraînement de dix jours à Canet-en-Roussillon avant de prendre l’avion pour Budapest. Les deux capitaines, Mélanie Hénique et Florent Manaudou, ont également pris leur rôle à cœur pour proposer des rituels d’intégration aux nouveaux. Afin de générer toujours plus d’émulation, Jacco Verhaeren planifie déjà d’organiser de nouveaux stages d’entraînement après les championnats d’Europe de Rome en août.

Pour briller dans deux ans à Paris, les Bleus vont désormais devoir confirmer et continuer de hausser leur niveau. « C’est une bonne étape pour nous projeter vers Paris. C’est plus facile de commencer avec de bons résultats. Mais aux Mondiaux de Fukuoka (Japon), en 2023, il nous faudra être encore meilleur », insiste Jacco Verhaeren. Le chemin passera par les championnats d’Europe, à Rome, du 11 au 21 août. Une nouvelle chance pour ceux qui ont buté en séries ou demi-finales. « Certains nageurs ont manqué d’expérience. C’est différent de nager une finale aux France et des séries ou demi-finales aux Mondiaux. » Deuxième nation européenne derrière l’Italie au tableau des médailles, la France peut légitimement prétendre à truster les podiums à Rome.

Une inconnue demeure, celle des relais. Alors que la France brillait traditionnellement sur ces épreuves, elle les a presque désertées à Budapest. « Nous avons de très bons crawleurs, mais nous n’en avons pas assez pour former un relais compétitif. La natation française ne possède pas un vivier suffisant », analyse Jacco Verhaeren. Pour le technicien, le constat est clair : outre l’attention aux talents d’aujourd’hui, pour rêver d’un avenir doré, il faudra aussi générer davantage de densité dans les bassins français.

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