absence de points, retour de la reine Serena, interrogations autour de Nadal... Ce qu'il faut savoir du Grand Chelem londonien

Ce n’est pas meurtre dans un jardin anglais mais presque. En décidant d’exclure les joueurs et joueuses russes ou biélorusses du tableau, les organisateurs de Wimbledon ont déclenché une tempête au sein du conservateur All England Club. Car cette mesure d’exclusion s’accompagnera d’une non attribution de points pour tous les participants, décidée par les circuits masculin et féminin.

Si de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer un intérêt sportif dénaturé, d’autres légendes comme Serena Williams ou Rafael Nadal ont d’autres ambitions que leur classement WTA ou ATP. Voici ce qu’il faut savoir sur cette édition très particulière. 

Pas de Russes, pas de point

Enoncée ainsi, l’affirmation peut surprendre. En excluant les joueurs et joueuses russes ou biélorusses du tournoi en réponse à l’attaque contre l’Ukraine, Wimbledon ne s’attendait pas à ce que la WTA et l’ATP réduisent à néant le nombre de points attribués pour le tournoi. En cela, le Grand Chelem anglais se trouve en contradiction avec son prédécesseur dans le calendrier, Roland-Garros, qui avait autorisé les Russes et Biélorusses à participer sous pavillon neutre, ce qui lui avait permis de conserver la dotation habituelle des points aux participants.

« C’est non seulement mauvais pour les Russes, mais aussi pour les autres joueurs et joueuses », déplorait Matteo Berrettini en conférence de presse à Stuttgart. Le cas de l’Italien illustre parfaitement le problème : finaliste l’an passé, il ne pourra pas défendre ses points et risque de chuter au classement. 

Si la majorité du circuit semble se rallier à l’opinion de Berrettini, d’autres, comme Novak Djokovic, tentent d’oublier leur comptabilité personnelle : « Wimbledon a toujours été un rêve pour moi quand j’étais enfant. Je ne le vois pas au travers du prisme des points ou du prize money », avance le Serbe. Il est rejoint par la Polonaise Iga Swiatek qui affirme : « La Pologne soutient l’Ukraine, nous sommes deux nations proches. Il y a bien plus de choses importantes que des points »

Un tableau sans ses deux premiers cadres

C’est un fait unique : pour la première fois depuis l’introduction du classement ATP, Wimbledon va s’ouvrir sans les numéros 1 et 2 au classement ATP. Pour Daniil Medvedev, il s’agit simplement du corollaire à la décision d’exclure les Russes du tournoi. Le Moscovite, qui reste sur deux défaites en finale sur gazon à ‘s-Hertogenboch et Halle et une sortie en quarts à Majorque, devra donc faire contre mauvaise fortune bon coeur. Tout comme son suivant au classement, Alexander Zverev, mais pour des raisons beaucoup moins géo-politiques : l’Allemand, blessé à la cheville lors de sa demi-finale homérique contre Nadal à Paris, est forfait. 

Serena, un an après

Avant sa reprise à Eastbourne où elle a remporté deux matchs de double associée à la Tunisienne Ons Jabeur avant que cette dernière ne se blesse, l’Américaine n’avait plus foulé un court de tennis en compétition officielle depuis son abandon déchirant face à Aliaksandra Sasnovich, au premier tour de l’édition 2021. Désormais âgée de 40 ans, la septuple vainqueur de l’épreuve tente un come-back avec, dans le viseur, ce 24e titre du Grand Chelem qui la fuit depuis 2017 et qui en ferait l’égale de Margaret Court. Mais, privée de compétition et de repères, Serena, qui affrontera la Française Harmony Tan pour son entrée en lice, peut-elle encore reprendre le cours de sa légende ? 

Djokovic et Berrettini favoris chez les hommes, Nadal en pointillé

À circonstances exceptionnelles, pronostics exceptionnels. Au pays des bookmakers, Wimbledon 2022 s’annonce particulièrement indécis dans le tableau masculin. Tenant du titre, Novak Djokovic fait logiquement figure de candidat numéro 1 à sa succession mais le Serbe n’est pas aussi impérial qu’il y a un an à la même époque. Privé d’Open d’Australie en raison de l’absence de vaccination contre le Covid-19, battu par Rafael Nadal à Roland-Garros, le désormais numéro 3 mondial n’a remporté qu’un seul tournoi (le Masters 1000 de Rome) cette saison mais a bénéficié d’un tirage au sort assez favorable.

Bien loin de ses canons récents, Djokovic a de plus vu son rival espagnol s’envoler dans la course aux titres du Grand Chelem (22 contre 20) et la pression est désormais sur ses épaules. Rafael Nadal, justement, débarque à Londres dans le flou. S’il a annoncé que ses douleurs au pied, celles-là mêmes qui l’avaient obligé à jouer sous infiltrations à Paris, avaient momentanément disparu, rien ne dit que l’exigence et la spécificité du jeu sur herbe ne les réveilleront pas. Son entraîneur y croit pourtant fermement, puisque Carlos Moya a confié, la semaine passée à Eurosport, que son protégé pouvait lorgner un Grand Chelem (victoire dans les quatre tournois majeurs), ce que personne n’a fait dans l’ère Open : « C’est un objectif réaliste.« 

En cas de déconvenue de l’hydre du circuit mondial, une troisième tête pourrait pousser. Celle de Matteo Berrettini par exemple. L’Italien est sur un nuage depuis son retour à la compétition après son opération de la main droite. Faire l’impasse sur Roland-Garros pour mieux se concentrer sur Wimbledon s’est révélé un choix plus que payant : le Romain vient de remporter coup sur coup Stuttgart et le Queen’s. 

Swiatek intouchable ?

Stop ou encore pour Iga Swiatek ? La Polonaise reste sur 35 victoires de rang et six tournois gagnés. Sa marge sur la concurrence semble énorme mais, à Wimbledon, la numéro 1 mondiale s’avance sur un terrain glissant. Le gazon est sans doute la surface qu’elle maîtrise le moins et son meilleur résultat demeure un huitième de finale l’an passé.

De plus, Swiatek ne débarquera pas à Londres avec beaucoup de repères, une épaule douloureuse l’ayant contrainte à renoncer à disputer le tournoi de Berlin. Pendant ce temps, Ons Jabeur, nouvelle numéro 3 mondiale, a cultivé sa confiance sur l’herbe en s’imposant en Allemagne. Sauf qu’elle s’est blessé au genou en glissant lors de son double avec Serena Williams… Si elle est remise, la Tunisienne pourrait bien être la première à déraciner Swiatek.

Gazon pelé pour les Français ?

Le clan français arrive sur la pointe des picots à Wimbledon. Rarement il n’aura été aussi faiblement représenté dans les deux top 50 puisque seule Alizé Cornet (44e) y figure encore depuis le forfait de Gaël Monfils (23e). Chez les hommes, une telle gabegie ne s’était pas produite depuis 17 ans. Dernier rescapé à la base, « La Monf » s’est beaucoup entraîné pour s’aligner à Londres mais le temps a joué contre lui et il a dû déclarer forfaitBlessé au pied et opéré, le Parisien avait déjà dû faire l’impasse sur Roland-Garros.

Wimbledon sera-t-il donc synonyme de Waterloo pour les Français ? Les espoirs d’une repousse subite du tennis tricolore sont minces : Alizé Cornet semble s’être remise d’une déchirure aux adducteurs qui l’a poussée à l’abandon à Paris. Elle a atteint les quarts de finale à Bad Homburg. De son côté, Richard Gasquet, double demi-finaliste à Wimbledon en 2007 et 2015, possède le jeu pour reverdir mais a-t-il encore les jambes ? Surtout, le vétéran biterrois pourrait croiser la route de Marin Cilic… dès le deuxième tour !

Quelques menus espoirs néanmoins. D’un côté, Caroline Garcia, désormais 75e mondiale, a clairement repris confiance en remportant son premier tournoi depuis trois ans, à Bad Homburg. Idem pour Benjamin Bonzi, demi-finaliste à Majorque. Cette performance lui permettra d’intégrer pour la première fois le Top 50. Et Adrian Mannarino a, pour sa part, joué un quart (perdu contre Daniil Medvedev) à s’-Hertogenbosch après avoir dominé De Minaur (24e mondial). Mais cela serait quand même une sacrée surprise si le tennis français parvenait à renverser la table à l’heure du thé.

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