Laurent Blanc tout sourire avec Marouane Chamakh, lors de la remise du trophée de champion de France aux Girondins de Bordeaux, le 31 mai 2009. (SAURA PASCAL / SIPA)

A bientôt 57 ans, Laurent Blanc a décidé de replonger dans le grand bain de la Ligue 1. Six ans après son départ forcé du PSG, avec une unique expérience de 13 mois dans le championnat du Qatar, le technicien a accepté de relever le défi proposé par l’Olympique lyonnais, qui a limogé Peter Bosz dimanche 9 octobre. Des Girondins de Bordeaux à l’équipe de France, du PSG à Al-Rayyan, retour sur la carrière atypique du « Président ».

A Bordeaux, l’avènement d’un novice

Lorsqu’il est nommé entraîneur des Girondins en 2007, avec pour adjoint Jean-Louis Gasset qui l’accompagnera partout jusqu’au PSG, Laurent Blanc est vierge de toute expérience comme numéro 1. Le « Président » hérite d’un effectif solide, qu’il sublime et hisse, dès sa première saison, comme dauphin de Lyon. Fait rare pour l’époque, l’OL doit attendre la dernière journée pour officialiser son sacre en mai 2008. Blanc a beau être désigné meilleur entraîneur de Ligue 1 lors des trophées UNFP, le meilleur reste à venir.

Porté par un Yoann Gourcuff au sommet de son art et par une série finale de onze victoires d’affilée, l’entraîneur emmène un Bordeaux irrésistible sur le toit de la Ligue 1. Sa troisième saison, en 2009-10, démarre sous les meilleurs auspices. A la trêve, les Girondins foncent vers un nouveau titre et ont terrassé le Bayern et la Juventus en poules de Ligue des champions.

Seulement, la folle dynamique s’éreinte brutalement. L’aventure en C1 s’arrête, ironie du sort, contre l’OL aux portes des demies en avril 2010. La chute est surtout spectaculaire en championnat : Bordeaux termine la saison 6e, hors des places européennes. Les rumeurs incessantes autour de la nomination de Blanc à la tête des Bleus gâchent ses derniers mois en Gironde.  

Chez les Bleus, l’évidence après Knysna

Son divorce avec les Girondins n’entrave en rien sa progression fulgurante : Laurent Blanc est le successeur naturel de Raymond Domenech à la tête des Bleus. Le natif d’Alès débarque dans un contexte houleux. C’est à lui qu’incombe la tâche de relever une sélection à l’image ternie par les affaires extra-sportives du Mondial en Afrique du Sud. Le nouveau sélectionneur démarre par deux défaites contre la Norvège et la Biélorussie… avant de largement redresser le navire. Entre septembre 2010 et l’Euro 2012, les Bleus enchainent 23 matchs sans défaite, dans une période qui voit Dimitri Payet et Olivier Giroud débuter en sélection.

Le sélectionneur Laurent Blanc lors de la traditionnelle photo d'équipe avant son premier match qualificatif avec les Bleus, lors de la campagne pour l'Euro 2012, le 31 août 2010. (BORIS HORVAT / AFP)

La première compétition de « l’après-Knysna » se solde par une élimination en quarts de finale contre le futur double champion espagnol (2-0). Si les Bleus s’en sortent plutôt bien sur le pré, leur image est de nouveau écornée par un geste d’humeur adressé par Samir Nasri à un journaliste. Les plaies de l’Afrique du Sud ne sont pas – encore – refermées. Plus tôt dans son mandat, le « Président » est lui-même épinglé par Mediapart pour avoir déclaré, en privé, être favorable à l’instauration de quotas sur des critères raciaux. Il quitte les Bleus à l’issue de l’Euro, le 30 juin 2012.

Au PSG : l’apothéose pour son retour à la tête d’un club

Un an après son départ de la sélection, Laurent Blanc revient aux affaires. Un style séduisant, des trophées nationaux à la pelle… Il a rapidement imposé sa patte au Paris Saint-Germain, lors de son arrivée à l’intersaison 2013, sans pression. « Je suis arrivé à Paris plus qu’en dernière position, ce n’était pas prévu. Je me suis dit : pourquoi pas, tu n’as rien à perdre, les gens qui t’ont pris t’ont un peu pris par défaut, tu as six mois pour prouver que tu peux éventuellement faire six mois de plus », avait-il expliqué au micro de beIN Sports.

Ses statistiques sur le plan national sont parlantes. En trois saisons sur le banc du club de la capitale, le technicien a quasiment tout gagné : 3 titres de champion de France et trois Coupes de la Ligue (2014, 2015 et 2016), 2 Coupes de France (2015 et 2016), et 3 Trophées des Champions (2013, 2014 et 2015). Lors de la saison 2015-2016, le PSG réalise même le record de points sur une saison de Ligue 1 (96) pour décrocher le titre. Si tout a réussi à l’ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux à l’échelle nationale, il n’a pas réussi à propulser le PSG dans le dernier carré en Ligue des champions. Trois fois, le club s’est arrêté en quarts de finale, respectivement éliminé par Chelsea (3-1, 0-2), le FC Barcelone (1-3, 0-2) et Manchester City (2-2, 0-1). Il est limogé le 27 juin 2016.

Laurent Blanc avec le trophée de champion de France, conquis avec le PSG, le 23 mai 2015 lors de la cérémonie au Parc des Princes. (STEPHANE ALLAMAN / DPPI / AFP)

Une longue traversée du désert de six ans

Après son départ forcé du PSG, Laurent Blanc a souhaité prendre du recul et s’est éloigné des terrains. Annoncé dans de nombreux clubs (Inter Milan, AS Rome, Fiorentina, Valence, Manchester United…), le technicien français ne s’assoit plus sur un banc de touche pendant quatre ans. « J’avais des offres de beaux clubs. Mais je me suis dit que j’avais besoin de prendre du recul, de profiter de ma famille, de prendre aussi du temps pour moi. Ce sont des arguments acceptables. Mais je me demande finalement si la meilleure solution n’est pas de repartir tout de suite. J’aurais pu le faire. (…) Je pensais qu’une ou deux années de repos me redonneraient l’énergie nécessaire pour relever un gros challenge. J’ai peut-être manqué de lucidité sur ma situation à ce moment-là », déclarait-il lors d’une interview à France Football en novembre 2018.

En Ligue 1, Laurent Blanc est également annoncé à Lyon fin 2019, mais c’est finalement Rudi Garcia qui décroche le poste dans le Rhône. Il faut attendre le 19 décembre 2020 pour voir Laurent Blanc de retour sur un banc, à Al Rayyan au Qatar. Une aventure loins des lumières européennes qui s’arrête le 13 février dernier, date où il est limogé par le club qatarien, après 19 victoires en 51 matchs. 

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