L'attaquant français Just Fontaine (à gauche) évite le tacle de l'Allemand Alfred Kelbassa (à droite) lors du match pour la troisième place de la Coupe du monde, le 28 juin 1958. (DB / DPA / AFP)

Des scénarios rocambolesques, des victoires mémorables, des défaites cruelles… En quinze participations à la Coupe du monde, l’équipe de France a disputé 66 matchs. Beaucoup sont tombés dans l’oubli, d’autres ont marqué les esprits. En dehors des trois finales disputées en 1998, 2006 et 2018, les Bleus ont livré quelques performances mémorables dans l’histoire du Mondial.

France-RFA 1958

C’est un temps que les moins de soixante-dix ans ne peuvent pas connaître. Et pourtant : à la fin des années 1950, alors que le grand Stade de Reims rayonne dans l’Hexagone et sur les pelouses européennes, la génération Kopa-Fontaine réalise un Mondial plein en Suède. La France atteint pour la première fois le dernier carré de la compétition en 1958, mais tombe face au Brésil de la jeune star Pelé. Une défaite 5-2, sur laquelle on aurait pu s’attarder, envoie toutefois les Bleus en petite finale face à la RFA.

Champions du monde quatre ans plus tôt en Suisse, les Allemands de l’Ouest font figure de favoris. Ils ont été battus par la Suède en demi-finale, et sont revanchards. Mais ils ne pourront rien face à Just Fontaine, serial buteur de cette édition qui inscrit un quadruplé et porte son total à 13 buts sur une seule édition, un record toujours d’actualité. Vainqueurs 6 buts à 3, les hommes d’Albert Batteux montent sur la troisième marche de ce Mondial et placent la France sur la carte du football international.

France-RFA 1982

Après des années noires, et un rôle de figurant lors du Mondial 1978, la France est enfin de retour au premier plan du football mondial. La génération Platini brille sur les pelouses espagnoles lors de cette édition 1982, et le carré magique Platini-Giresse-Tigana-Genghini porte les Bleus jusqu’en demi-finale. La France y retrouve la RFA, au stade Sanchez-Pizjuan de Séville. 

Le gardien allemand Harald Schumacher, auteur d'un geste dangereux devant le Français Patrick Battiston en demi-finale de la Coupe du monde, le 8 juillet 1982. (HERBERT RUDEL / MAXPPP)

Plus qu’un match de football, c’est une tragédie grecque dont les Bleus sont ce soir-là les héros malheureux. La bande à Hidalgo pousse les Allemands en prolongations, et y réalise le break par Tigana et Giresse. A 22 minutes de la délivrance, le tableau d’affichage est plein d’espoir : 3-1 pour les Bleus. Mais Rummenigge puis Fischer remettent la RFA dans le coup, alors que Schumacher reste inexplicablement sur la pelouse après une sortie terrible sur Battiston. L’injustice gagne les foyers français, et s’y installe durablement à l’issue de la séance de tirs au but, qui tourne en faveur de la RFA. La si séduisante équipe de France de Platini tombe à Séville, avec des regrets immenses.

France-Brésil 1986

Quatre ans après le traumatisme sévillan, l’équipe de France est attendue au Mexique pour l’édition 1986. Et si les Bleus seront de nouveau éliminés en demi-finale par les Allemands, c’est leur quart de finale contre le Brésil qui reste dans la mémoire. Certains allant jusqu’à parler de match du siècle, dont Pelé lui-même… A l’époque, Brésiliens et Français déploient les footballs les plus chatoyants. Les Tricolores se voient même affublés du surnom flatteur de « Brésiliens de l’Europe ». 

Michel Platini lors de France-Brésil en quart de finale de la Coupe du monde, le 21 juin 1986. (STAFF / AFP)

Sur le pré, les Auriverdes dominent les débats et ouvrent vite le score par Careca (17e). Dans la chaleur de Guadalajara, les deux équipes se rendent alors coup pour coup et font parler leur vista. Au milieu de l’avalanche d’occasions, Platini égalise sur un centre de Rocheteau avant la pause (40e). La deuxième période se poursuit avec la même intensité. Joël Bats repousse même un penalty de Branco. Le suspense insoutenable s’étire en prolongation, puis aux tirs au but. Michel Platini rate le sien, mais Joël Bats repousse celui de Socrates, et voit la tentative de Julio César s’écraser sur le poteau. Le jeune Luis Fernandez s’élance pour le dernier tir au but français, et qualifie les Bleus au bout d’une après-midi de légende.

France-Italie 1998

Entre le but en or face au Paraguay en huitième, le doublé improbable de Lilian Thuram en demi-finale, ou celui de Zidane en finale, difficile de sortir un match de l’épopée tricolore de 1998. C’est vite oublié le tournant majeur qu’a symbolisé la victoire poussive en quart de finale face à l’Italie. A la fin des années 1990, le pays est le cœur du football mondial, son championnat le meilleur, et sa sélection une des plus difficiles à manier.

David Trezeguet (à gauche) et Bixente Lizarazu (à droite) serrant le gardien Fabien Barthez (au centre) après la qualification de la France en demi-finale de la Coupe du monde, le 3 juillet 1998. (PEDRO UGARTE / AFP)

Les débats sont tendus sur la pelouse, alors que les vingt-deux acteurs se connaissent particulièrement bien. Plusieurs cadres des Bleus évoluent alors dans les grands clubs transalpins, à l’image de Zidane et Deschamps (Juventus), Djorkaeff (Inter) ou Thuram (Parme). Les défenses brillent dans ce choc tactique, sous le soleil lyonnais. Portés par un grand Fabien Barthez, touché par la grâce mais aussi en réussite face à un Baggio maladroit, les Bleus filent aux tirs au but. Le même Roberto Baggio expédie sa tentative sur la barre de Barthez, et envoie ainsi les Bleus en demi-finale. La France prend alors conscience que le rêve devient possible.

France-Brésil 2006 

Après une phase de poules poussive, l’équipe de France de Raymond Domenech se fait peur face à l’Espagne en huitième de finale, avant de s’imposer en fin de rencontre grâce à Zidane et Vieira. Mais le meilleur est à venir. Le 1er juillet, les Bleus retrouvent leur vieil ennemi brésilien en quart de finale à Francfort. Le jour choisi par Zinédine Zidane pour éblouir une dernière fois la planète football, lui qui a annoncé prendre sa retraite à l’issue du Mondial. Si le Brésil aligne son équipe de galactiques avec, notamment, Ronaldo, Ronaldinho et Kaka titulaires, ce soir-là, « les Brésiliens sont en blanc » comme le constate en direct Thierry Gilardi aux commentaires de la rencontre.

Le buteur Thierry Henry et le passeur Zinédine Zidane célèbrent le but inscrit par la France face au Brésil en quart de finale de la Coupe du monde, le 1er juillet 2006. (JOHN MACDOUGALL / AFP)

Auteur d’un récital technique, et d’une passe décisive pour Thierry Henry, Zinédine Zidane livre ce soir-là son plus grand match avec le tricot frappé du coq. Zizou tente tout, et réussit tout, avec une aisance technique insolente. Les Brésiliens constatent les dégâts, impuissants. Et les Bleus envoient un message fort à la concurrence en éliminant le Brésil, favori de ce Mondial : quatre ans après le naufrage de 2002, ils sont de retour. L’épopée s’arrêtera toutefois au bout de la finale, aux tirs au but, face à l’Italie. 

France-Argentine 2018

La campagne de Russie de 2018 a été conclue en beauté par les Bleus, lors d’une finale explosive remportée 4 à 2. Mais le plus beau match de cette épopée tricolore, le point de bascule aussi, reste indéniablement le huitième de finale face à l’Argentine de Lionel Messi. Les Bleus sortent alors d’une phase de poules franchement décevante, malgré la première place décrochée. Les victoires à l’arrachée face à l’Australie (2-1), puis au Pérou (1-0), suivies d’un nul sans saveur face aux Danois (0-0), n’ont pas convaincu.

Benjamin Pavard célèbre son fameux but contre l'Argentine en huitième de finale de la Coupe du monde, le 30 juin 2018. (SAEED KHAN / AFP)

A Kazan, les Bleus savent qu’ils vont devoir hisser leur niveau face à l’Argentine. Tout commence bien pour les hommes de Deschamps, qui ouvrent le score par Griezmann, sur penalty (13e). Mais les Argentins égalisent juste avant la pause sur un bijou de Di Maria (41e), et prennent les commandes au retour des vestiaires. Le moment choisi par Benjamin Pavard pour inscrire une demi-volée restée dans les mémoires collectives, au second poteau (57e). Kylian Mbappé se révèle ensuite aux yeux du monde en inscrivant un doublé, et les Bleus renversent l’Albiceleste, malgré la réduction du score tardive de Sergio Aguëro. Score final : 4-3 pour la France, qui prend alors un élan qui la mènera jusqu’au sacre. 

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