L’institut Ipsos a livré, en prélude à la cinquième édition du festival Médias en Seine organisé ce mardi, un sondage explorant la vision que les adolescents ou jeunes adultes – de 16 à 30 ans – nourrissent des médias. Il en ressort un tableau contrasté, entre méfiance et attente.
Il y a, comme souvent, deux manières d’aborder la chose. Soit on considère que le sondage Ipsos dépeignant le rapport des jeunes de 16 à 30 ans aux médias et au traitement de l’information dévoile un tableau particulièrement sombre fait de défiance et d’indifférence. Soit on considère que les réponses de ce panel de 1000 individus montrent un intérêt renouvelé pour l’actualité, et confirment que les jeunes maintiennent leur confiance aux médias traditionnels.
En effet, tandis que comme le note ce mardi Le Parisien – l’un des titres à l’origine du festival Médias en Seine, qui a motivé la conduite de ce sondage, avec Les Echos et franceinfo -, l’enquête indique que 25% des jeunes sollicités ne font pas confiance aux médias, on peut aussi remarquer, avec le site de franceinfo, qu’ils sont également 75% à avoir confiance dans au moins un média. Si on individualise la question, il apparaît que 73% des sondés s’en remettent sereinement aux analyses et informations distillées par des experts ou des journalistes en particulier.
La défiance semble cependant augmenter avec l’âge: elle s’établit à 32% chez les 25-30 ans, mais n’est que de 18% chez les 16-19 ans.
Les médias les « plus fiables » ne sont pas les plus consultés
Interroger la confiance des jeunes dans les médias, c’est aussi poser la question de la fiabilité accordée à ceux-ci. Et sur ce plan, les jeunes Français donnent plutôt quitus aux canaux historiques, de préférence aux nouveaux acteurs. Ainsi, 62% estiment que les « fake news » sont rares dans les médias dits traditionnels, quand ils sont 63% à les penser répandues sur internet.
Le support ou le format inspire bien entendu plus ou moins confiance. C’est la presse spécialisée qui attire le plus grand nombre de suffrages, avec une cote de 62%. Pourtant, elle est en queue de peloton quand il s’agit de demander aux jeunes quelle est la source qu’ils consultent le plus régulièrement pour s’informer (14%). En revanche, si seulement 39% des 16-30 ans donnent leur satisfecit aux chaînes d’information en continu, ils sont encore 30% à en faire leur recours principal.
De manière générale, la télévision – sous toutes ses formes, depuis les programmes à proprement dit jusqu’aux publications sur les réseaux sociaux – s’impose encore comme le média le plus suivi pour s’informer, avec un score de 50%. 24% du panel affirme se servir avant tout des journaux nationaux, 22% commencent d’abord par jeter une oreille sur l’indémodable radio.
Ces dernières décennies, l’arène de l’information a pourtant vu l’apparition de nouveaux entrants. 22% des 16-30 ans écoutent ainsi en priorité les informations d’influenceurs ou d’experts internet, et 21% plébiscitent les pureplayers (c’est-à-dire ces médias nés en ligne et s’y exprimant exclusivement). Certaines personalités liées au web se détachent toutefois: 44% des jeunes Français valorisent ainsi le travail d’Hugo Décrypte.
Un intérêt pour l’actualité réel mais à nuancer
Tous ces avis démontrent en tout cas un intérêt puissant pour l’actualité. Enfin, il faut là encore nuancer. Quand 38% du panel assure s’intéresser « beaucoup » à celle-ci, ils sont aussitôt 46% à doucher cet enthousiasme en indiquant ne s’intéresser qu' »un peu » aux événements et « selon le sujet ou le contexte ». 12% des sondés confessent ne « pas vraiment » se passionner pour l’affaire, et 4% d’entre eux le disent tout de go: ça ne les intéresse « pas du tout ». L’attrait évolue selon le quantile observé et dans un sens ascendant: 35% seulement des 16-19 ans s’intéressent « beaucoup » aux nouvelles, mais le pourcentage atteint 39% parmi les 25-30 ans.
Les plus rétifs au suivi de l’actualité ont détaillé les raisons de cette prise de distance. Outre l’hostilité de quelques-uns envers les médias, ils sont 36% à juger que la presse parle trop des trains arrivant en retard, autrement dit ils reprochent aux journalistes un traitement trop négatif du quotidien.
Plus de santé et d’économie
En-dehors de cette question de la présentation de l’information, les sondés ont listé les sujets les intéressant le plus. En tête, on trouve les sujets sociaux (cités par 32% des moins de 30 ans), et écologiques (32% également), ou encore sociétaux (31%). L’attention décroche un peu ensuite, avec les sujets sportifs choisis par seulement 26% du public, comme les sujets internationaux. 22% admettent leur goût du fait-divers et 21% promettent qu’ils privilégient les pages économie. L’amateur de politique est une espèce rare, en revanche, chez les futurs ou jeunes électeurs: la catégorie est le principal centre d’intérêt d’à peine 19% d’entre eux.
Enfin, les 16-30 ans ont dessiné les contours des médias qu’ils appellent de leurs voeux. Toujours généralistes, ils traiteraient davantage de sujets sociaux – selon le souhait de 28% des répondants – de santé – 20% – et d’économie, pour 18% du panel. Trois domaines qui renvoient l’écho des inquiétudes actuelles autour d’une époque marquée par une pandémie, les difficultés dans le monde du travail et l’inflation.
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