L’entreprise d’Elon Musk a salué le lancement test de sa méga fusée Starship, malgré l’explosion du vaisseau durant la phase de redescente sur Terre.
Le troisième décollage de l’immense fusée Starship de SpaceX, destinée à des voyages vers la Lune et Mars, s’est soldé jeudi 14 mars par la perte du vaisseau au moment de son retour vers la Terre, mais l’entreprise spatiale américaine s’est félicitée d’un vol d’essai « réussi », le plus long jusqu’ici.
La plus puissante et plus grande fusée du monde (120 mètres) a accompli jeudi plusieurs « premières », a souligné l’entreprise du milliardaire Elon Musk.
Le direct vidéo de SpaceX a montré des images impressionnantes du vaisseau volant au-dessus de la Terre, puis illuminé de plasma orange alors qu’il rentrait dans l’atmosphère terrestre, sous l’effet de la chaleur provoquée par la friction.
Le décollage a eu lieu à 8h25 locales jeudi depuis la base spatiale Starbase, à Boca Chica, dans l’extrême sud du Texas.
La fusée est composée de deux étages: l’étage de propulsion Super Heavy et, au-dessus, le vaisseau Starship, qui donne par extension son nom à la fusée entière. Les deux étages se sont séparés avec succès quelques minutes après le décollage.
Explosion à 460 mètres d’altitude
Super Heavy devait ensuite retomber en douceur dans le Golfe du Mexique mais n’a pas réussi cette manœuvre jusqu’au bout et a explosé. Son vol s’est conclu à environ 460 mètres d’altitude, selon SpaceX.
Le vaisseau a lui continué sa course et largement dépassé la frontière de l’espace, atteignant plus de 200 km d’altitude.
Il devait ensuite retomber dans l’océan Indien pour clore le test (sans survivre à l’impact). Mais le vaisseau a été déclaré « perdu » alors qu’il redescendait vers la Terre, euphémisme signifiant qu’il a probablement explosé. Le dernier signal du vaisseau a été reçu 49 minutes après le décollage.
C’était la première fois que SpaceX testait, lors d’un retour de l’espace, l’efficacité du bouclier thermique de Starship, constitué de 18.000 tuiles noires en céramique. Des « données précieuses » ont ainsi été collectées, a dit l’entreprise.
Un vol salué par la Nasa
Comme lors des deux précédents tests l’année dernière, achevés dans de spectaculaires explosions, le régulateur aérien américain (FAA) a annoncé qu’il allait superviser une enquête sur les incidents survenus en vol.
SpaceX mise sur Starship pour réaliser son but de faire de l’humanité une espèce multiplanétaire, en l’installant sur Mars. Son développement est aussi très important pour la Nasa, qui compte sur ce vaisseau pour faire atterrir ses astronautes sur la Lune lors de sa mission Artémis 3, prévue en 2026. Le patron de la Nasa, Bill Nelson, a félicité jeudi SpaceX, qualifiant lui aussi le vol d’essai de « réussi ».
Durant le vol, SpaceX a par ailleurs testé l’ouverture de la trappe qui pourra servir à l’avenir à libérer dans l’espace des cargaisons, par exemple des satellites.
La société a aussi « amorcé une démonstration de transfert de carburant », dont la réussite doit encore être confirmée, selon Gwynne Shotwell. Ce transfert devait avoir lieu entre deux réservoirs à l’intérieur du vaisseau, selon la presse spécialisée.
Mettre au point cette fonction est essentiel car pour atteindre la Lune, Starship devra se ravitailler en carburant une fois dans l’espace, grâce à un vaisseau préalablement rempli par d’autres et servant de station-service spatiale.
Une fusée réutilisable
Outre sa taille démesurée, la grande innovation de cette fusée est qu’elle doit à terme être entièrement réutilisable. Pour ces tests, les prototypes utilisés ne transportent aucune cargaison. Et SpaceX en a d’ores et déjà fabriqué plusieurs exemplaires.
La méthode de développement de SpaceX est différente de celle des entreprises traditionnelles et des agences spatiales nationales. Si ces dernières fonctionnent avec l’argent du contribuable, SpaceX peut prendre davantage de risques en utilisant ses fonds propres.
L’entreprise revendique en outre une technique de développement par itération, reposant sur des tests successifs enchaînés à une cadence rapide — quitte à ce qu’ils se terminent par des explosions.
Les leçons tirées permettent alors de procéder rapidement à des modifications. « C’est toujours mieux de sacrifier du matériel que de sacrifier du temps », avait déclaré en janvier Elon Musk face à des employés.
SpaceX, dont les fusées Falcon dominent le marché des lancements américains, a déclaré jeudi vouloir « augmenter la cadence des décollages » de Starship au cours de l’année.
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