Dans la culture populaire, à grand renfort d’œuvres de fictions, l’idée s’est répandue que nous n’utiliserions qu’un décile des capacités de notre cerveau. Cette idée tenace est pourtant démontable aisément.
En août 2014, un film de Luc Besson a séduit le grand public. La grosse production Lucy, diffusée dans des milliers de cinémas, a aussi entraîné avec elle un lot de fausses informations sur notre cerveau. Depuis bientôt dix ans, la croyance que nous n’utiliserions que 10% de cet organe primordial a la vie dure. Un non-sens sur le plan scientifique facilement vérifiable, comme l’explique Le Figaro.
Cette idée inscrite dans la culture populaire ne date pas du début des années 2010. L’hypothèse aurait été émise dès le XIXe siècle par William James, un psychologue travaillant à Harvard. D’autres attribuent à Albert Einstein cette idée. Or, comme le souligne une note de blog du CNRS, « il n’existe aucune trace de preuves attestant que ces deux chercheurs aient un jour formulé une telle idée ».
Sans répondre à la question de la paternité de cette théorie, il est suggéré que celle-ci ait profité de l’absence des méthodes d’imagerie modernes dont nous disposons aujourd’hui pour se diffuser.
« L’électroencéphalogramme de haute résolution (…) a permis de réfuter de manière définitive cette vieille croyance. Cette technique permet de suivre ce qui se passe dans le cerveau en temps réel, à la milliseconde près, avec une précision spatiale redoutable », explique dans le quotidien la docteure et journaliste Nathalie Szapiro-Manoukian.
Une action, plusieurs aires sollicitées
Les appareils d’imagerie dont nous disposons permettent d’observer que lire, chanter ou simplement marcher active plusieurs zones de notre cerveau simultanément, bien au-delà de « 10% » de sa capacité.
Comme le note Antoine Balzeau, le directeur de recherche au Muséum d’histoire naturelle, « une activité donnée fait fonctionner plusieurs zones du cerveau. Mais jamais toutes en même temps ». Dans certains cas bien particuliers, toutes les zones ou presque peuvent entrer en action, lors de crises d’épilepsie généralisées.
À l’inverse, certains phénomènes peuvent diminuer notre activité cérébrale, sans pour autant ramener le niveau d’utilisation à 10%. Le professeur Marc Verin, neurologue de l’université d’Orléans évoque le cas de la dépression où certaines zones responsables des émotions sont rendues « hypoactives ».
Pour s’approcher des 10%, il faut être victime d’une « lésion grave et étendue », d’un AVC ou d’un traumatisme crânien, « avec un coma profond à la clé », indique le neurologue.
Un potentiel enfoui à débloquer?
Enfin, il semblerait étrange que le cerveau, l’organe le plus gourmand en calories de l’organisme (20% du total journalier brûlé en moyenne, NDLR) ne fonctionne qu’en bas régime en permanence.
Cette théorie semble soutenue l’idée dans la culture populaire qu’il nous serait possible de débloquer une forme de potentiel enfoui, comme le présente par exemple la série Limitless.
Comme s’en amuse la chercheuse en neurosciences Kate Hoy dans un article publié dans The Conversation, les partisans de cette théorie imaginent que débloquer les 90% restants permettrait de booster sa créativité ou débloquer des pouvoirs télékinétiques.
Or, notre cerveau bénéficie déjà de son propre superpouvoir, sa plasticité lui permet « de se réorganiser en permanence, ce qui nous permet de développer de nouvelles compétences tout au long de la vie ».
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