Dans le Nord comme dans le Sud, le ciel de la France est régulièrement le théâtre de ce phénomène spectaculaire ces derniers mois. La multiplication de ces aurores boréales s’explique par une activité accrue du côté du Soleil.
Des arabesques rosées observées dans le ciel de Bourgogne et des Hautes-Alpes le 25 septembre dernier. Des ondulations dorées dans le nord de la France au début du mois de décembre. Puis début mars, c’est l’Alsace qui est devenue à son tour le théâtre d’un fabuleux spectacle céleste. Ces derniers mois, les aurores boréales nous ont montré qu’elles n’étaient pas seulement l’apanage des pays les plus proches des pôles ou aux latitudes les plus basses.
Et pour cause, ce phénomène lumineux atmosphérique est amené à se répéter dans l’Hexagone dans les prochains mois et il pourrait même falloir continuer à lever le nez en 2025. Alors comment expliquer la recrudescence des aurores boréales en France? Pour tenter de comprendre cette accélération, il faut avoir en tête qu’une partie de l’explication se trouve à environ 150 millions de kilomètres de la Terre.
Les aurores boréales ont en effet pour origine les vents solaires, des flux de particules composées principalements d’électrons, de protons et de noyaux d’hélium. Ces vents sont « très peu denses, de l’ordre d’une dizaines de particules par cm3, mais les particules vont très vite, à plusieurs centaines de km/s », précise à BFMTV.com Fabrice Mottez, astrophysicien à l’Observatoire de Paris-Meudon/CNRS et auteur du livre Aurores polaires: la Terre sous le vent du Soleil (Belin, 2017).
Des atomes « bousculés »
Une partie de ces particules parvient jusqu’aux alentours de la Terre avec un certain décalage, de trois jours de retard en moyenne. Et lorsqu’ils arrivent à environ 60.000 kilomètres de distance de notre planète, ils rencontrent le champ magnétique de la Terre. Fabrice Mottez emploie l’imagerie maritime pour décrire la suite des événements:
« Ce champ magnétique est comme la coque d’un bateau. Le vent s’écoule le long de cette coque qui a un trou au-dessus de chaque pôle », là où l’on observe le plus souvent des aurores boréales.
Lorsque ces particules arrivent à très grande vitesse dans la haute atmosphère, à environ 70 kilomètres d’altitude, celles-ci « ‘bousculent’ des atomes qui en réaction à cette bousculade, vont émettre de la lumière. » Cela engendre l’apparition d’aurores boréales, dont la fameuse ondulation s’explique par la force du champ magnétique terrestre.
Quant aux couleurs des aurores, elles dépendent de la composition des gaz dans l’atmosphère, résume Vincent Génot, chercheur à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP) interrogé par France 3 Occitanie. « L’oxygène produit du vert. Le rouge foncé est dû à la présence d’azote, le bleu et le mauve à l’hydrogène et hélium. »
L’apparition d’aurores boréales de plus en plus au sud de l’hémisphère Nord tient aux évolutions de l’activité du Soleil et de ses cycles magnétiques, qui atteignent leur maximum tous les 11 ans. Durant ces pics, les vents solaires deviennent des tempêtes et accroissent la puissance des aurores, qui se teintent alors davantage de rouge et s’aventurent plus près de l’Équateur.
Un pic potentiellement remarquable
Actuellement, l’activité solaire est en pleine phase de montée en puissance et elle pourrait atteindre son pic l’année prochaine, voire d’ici la fin 2024, car « la montée en puissance est plus rapide que ce qui avait était estimé auparavant », remarque Fabrice Mottez. Ce pic devrait être bien plus élevé que le plus récent, datant de 2014, et qui a été le plus faible des cent dernières années, souligne le National Geographic.
« L’activité solaire se situe actuellement à la moitié par rapport au maximum moyen alors qu’il devrait plutôt se trouver au quart ou au cinquième », précise Fabrice Mottez.
Les Français pourraient ainsi ne pas être les seuls à garder les yeux rivés sur le ciel dans les mois à venir. Fabrice Mottez « n’exclut pas » que des aurores boréales puissent être visibles chez nos voisins italiens et espagnols. Après tout, Galilée, l’un des premiers à utiliser le terme d' »aurore boréale » dans sa correspondance en 1620, a pu observer ce phénomène alors qu’il habitait à Florence.
Par le passé, les aurores boréales se sont même invitées jusque dans les régions tropicales, rappelle Fabrice Mottez: « En 1859, il y a eu un événement remarquable baptisé ‘événement de Carrington’. Deux tempêtes solaires d’une puissance jamais vue se sont produites à deux jours d’intervalle et des aurores ont pu être observées au Mexique et dans les Caraïbes. »
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