Le Centre de recherches sur l’hétéro-épitaxie et ses applications accueille depuis novembre 100 mg d’échantillon collecté par la Nasa sur l’astéroïde Bennu. Les recherches menées sur ces fragments doivent permettre d’en savoir plus sur les origines du système solaire.
Un bout d’astéroïde à Valbonne, dans les Alpes-Maritimes. Le Centre de recherches sur l’hétéro-épitaxie et ses applications (CHREA), un laboratoire sous la tutelle du CNRS et de l’Université Côte d’Azur, a accueilli le 9 novembre 2023 un échantillon de 100 mg collecté sur l’astéroïde Bennu. Celui-ci est vieux de 4,5 milliards d’années et situé à une distance orbitale du soleil de 168 millions de kilomètres, selon la Nasa.
L’agence spatiale américaine a collecté cette matière lors de sa mission Osiris-Rex qui a permis de ramener l’échantillon fin septembre. La Nasa en a distribué des fractions à plusieurs laboratoires à travers le monde, dont le CHREA.
Une « chance »
Il s’agit d’un événement important à plusieurs titres. D’abord, la quantité rapportée en fait « le plus grand échantillon d’astéroïde riche en carbone jamais livré sur Terre », a affirmé en octobre l’administrateur de la Nasa Bill Nelson.
Ensuite, selon Patrick Michel, astrophysicien et directeur de recherches au CNRS, « c’est assez extraordinaire, parce que c’est déjà très rare qu’on puisse aller chercher, sur place, des échantillons d’un astéroïde ». « En général, on analyse les météorites, qui sont des fragments d’astéroïdes une fois arrivés sur terre », poursuit le scientifique de l’Observatoire de la Côte d’Azur.
« Cette fois-ci, on va les chercher » et « on a la chance d’avoir accès une centaine de milligrammes de ces échantillons », s’enthousiasme-t-il sur BFMTV.
Des recherches sur les origines de la Terre
Les recherches menées sur ces fragments doivent permettre d’observer une « capsule temporelle qui nous offre un aperçu approfondi des origines de notre système solaire », a expliqué en octobre Dante Lauretta, chercheur principal d’Osiris-Rex. Elles pourraient ainsi aider à comprendre si les astéroïdes ont amené la vie sur Terre, selon Patrick Michel.
« Les premières analyses montrent qu’on a du carbone, de la matière organique et cette eau que l’on recherche, parce (…) qu’à la fin de la formation de la Terre, les scénarios nous disent qu’il y a eu beaucoup d’impacts et ces impacts ont pu apporter l’eau qui fait nos océans et la matière organique qui a permis à la vie d’émerger », a-t-il développé sur BFMTV.
Comment dévier les astéroïdes
Ces échantillons doivent aussi permettre de « savoir comment sont constitués les astéroïdes », a souligné mercredi 27 décembre sur BFMTV Michel Tognini, astronaute français de l’Agence spatiale européenne (ESA). En octobre, la Nasa a dévoilé que ses premières analyses montraient « des preuves d’une teneur élevée en carbone et en eau ».
Ces connaissances sont importantes car « un jour, nous aurons peut-être l’obligation et le devoir d’aller intercepter un astéroïde pour le dévier de la trajectoire de la Terre puisqu’on a été très souvent impactés par des astéroïdes », explique Michel Tognini. « Et donc ces impacts vont continuer dans le futur », note l’astronaute.
« Notre devoir à nous, Terriens, c’est de tout faire pour qu’on puisse se protéger de ces impacts qui peuvent être mortels et extrêmement néfastes pour notre écologie », ajoute-t-il.
De quoi percevoir en quoi l’arrivée de ce petit échantillon représente un événement important pour les chercheurs de Nice. « Le livreur ne comprenait pas bien pourquoi on le filmait quand il est arrivé, il n’avait aucune idée de ce qu’il transportait », a rapporté au Figaro Vincent Guigoz, chercheur post doctorant qui travaille sur le projet.
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